Répression et violences policières : etat d’urgence, répression anti syndicale, violences policières pour casser le mouvement social et punir les opposants à l’euro austérité, le gouvernement Hollande PS MEDEF UE démasque sa nature fascisante. Un mouvement de fascisation contre lequel les militants tirent la sonnette d’alarme depuis des années en alertant sur l’ensemble de ses forces, du PS au FN en passant par l’Union Européenne, qui ensemble et à mesure que la crise systémique du capitalisme durcissent et accélèrent cette tragique dynamique, en l’absence de front unis antifasciste sur des bases offensives et solides.
Le nombre de citoyens tués par des policiers a plus que doublé depuis l’arrivée de Hollande
L’ACAT (Action des Chrétiens pour l’Abolition de la Torture) rompt le silence qui entoure les violences policières en France.Son dernier rapport (sorti avant les récentes manifestations contre la loi travail) montre une nette progression du nombre de tués par les forces de l’ordre à partir de 2012.
D’environ 8 décès annuels en 2004-2011, on passe brutalement à 19 en 2012, 10 en 2013 et 14 en 2014. La gauche, toujours prompte à dénoncer les violences policières quand elle est dans l’opposition, n’a aucun scrupule pour en faire usage quand elle gouverne.
Si l’alternance n’a en rien fait diminuer le niveau des violences policières, bien au contraire, elle en a fait changer le contexte. Souvent commises dans le cadre de gardes à vue il y a une dizaine d’années, elles s’exercent aujourd’hui majoritairement lors d’opérations de contrôle de l’espace public, comme les manifestations, les opérations de sécurité dans des quartiers jugés sensibles ou dans les Zones à Défendre (Notre-Dame-des-Landes ou Sivens). La répression policière qui a touché les récentes manifestations contre la loi travail, inédite par sa brutalité, en est un parfait exemple.
Les violences policières en France sont à la fois ignorées (il n’existe aucune statistique officielle des personnes blessées ou tuées lors d’opérations de police ou de gendarmerie) et impunies (celles-ci ne font quasiment jamais l’objet de sanctions). Le rapport de l’ACAT sort ainsi à point nommé à l’heure où de nombreux manifestants tombent sous les coups des forces de l’ordre.
Selon le rapport, la victime-type des violences policières et jeune (les trois-quarts ont moins de 35 ans et 1 sur 6 est mineur), masculin et issu de l’immigration (notamment dans le cadre d’interpellations lors des contrôles d’identité). Démonstration parfaite avec la répression impitoyable qui s’est abattue sur les manifestants contre la loi travail notamment le 17 mars à Tolbiac ou les CRS sont allés tabasser les manifestants jusque dans les amphithéâtres. Le lieu était, il est vrai, éminemment symbolique – Valls y a scellé son destin d’apparatchik socialiste.
Violence inédite selon des témoins et un journaliste de Libération qui relate des scènes de carnage : « il y avait des visages en sang, des gens traînés par terre, lors des charges policières contre les étudiants. Les gens qui voulaient sortir du site devaient le faire à visage découvert et étaient filmés par la police. » Au Lycée Bergson, la police s’est acharnée sur un étudiant noir, au total mépris de la campagne lancée par le PS « tous unis contre la haine. » Pour la FCPE, ces violences policières injustifiées rapportées par les médias ne sont pas des cas isolés.
Pourquoi cette montée de la violence policière lors des manifestations ? En cause, selon l’ACAT, un récent changement de doctrine de maintien de l’ordre. On est passé en quelques années d’une gestion de mise à distance des manifestants (éviter de tuer et le plus possible de blesser) à une politique d’affrontement direct : là où les forces de l’ordre tentaient de repousser les manifestants, elles visent et attaquent désormais la foule avec des armes à « létalité réduite » comme le flashball. Il s’agit désormais de traiter les manifestants comme des ennemis de l’intérieur et de leur appliquer les méthodes de répression contre-insurectionnelle utilisée à l’origine contre la résistance algérienne.
On peut s’attendre à une augmentation des violences policières au cours des prochaines années, à l’heure où le gouvernement socialiste s’apprête à armer plus lourdement les forces de l’ordre suite aux attentats de Paris : outre des fusils d’assaut réservés aux agents de la BAC, des armes intermédiaires comme le Taser ou le flashball dont la dangerosité avérée a pourtant fait l’objet d’un récent rapport. Supposées non-létales, elles occasionnent en réalité de nombreux décès ou infirmités et ça ne devrait sans doute pas s’arranger avec la nouvelle réglementation française qui étend les zones corporelles et n’impose plus de distance minimale de tir, à rebours des recommandations formulées par le Défenseur des Droits. L’assouplissement des conditions dans lesquelles les policiers pourront faire usage de leur arme à feu (limité pour l’heure au cas de légitime défense) prévu par l’article 20 du projet de loi sur la réforme de la procédure pénale, devrait aussi entraîner une hausse des bavures.
C’est dans ces moments de crise sociale où sa légitimité est mise à mal que le Parti Socialiste montre sa vraie nature aux antipodes des engagements de campagne du candidat Hollande : une force politique totalement acquise aux intérêts de l’oligarchie qui n’hésite pas à faire usage de la répression la plus brutale contre tous ceux qui tentent de résister aux diktats des puissances financières.
Sécurité : un témoin évoque des « consignes » de ne pas secourir les manifestants en détresse
Un manifestant contre la loi El Khomri affirme avoir entendu un pompier de Paris dire que ceux-ci ont comme consigne de ne pas porter assistance aux manifestants blessés. Volonté au sommet de « punir » les opposants à la loi, ou malentendu ? La préfecture garde le silence.
Les sapeurs-pompiers parisiens auraient-ils des critères d’intervention autres que médicaux ? C’est la question que se pose Josué, l’un des participants à la manifestation parisienne contre la loi El Khomri de jeudi. Ce jour-là, le jeune informaticien et syndiqué CGT et ses amis arrivent en retard place d’Italie pour manifester leur rejet de la réforme du Code du travail. Ils souhaitent rejoindre le cortège, mais au bout de quelques minutes, l’une des collègues de Josué trébuche sur un pavé et se tord la cheville. « Comme il pleuvait et qu’on voulait la faire asseoir à l’abri, nous sommes entrés dans une pharmacie. De là, la pharmacienne a appelé les secours », relate Josué. S’ensuivent des questions d’ordre médical classiques, puis « la pharmacienne, semblant retranscrire les questions des secours, demande si nous étions dans la manifestation », souligne l’informaticien. « Je me suis étonné de la question, et j’ai demandé à la pharmacienne quel rapport cela avait avec la blessure de ma collègue et si notre réponse conditionnerait l’intervention des secours », se souvient Josué. « À ce moment-là, la pharmacienne a coupé le micro (du téléphone) et nous a conseillé de dire que nous ne faisions pas partie des manifestants car les pompiers avaient reçu des consignes pour ne pas intervenir dans la manifestation », poursuit le syndiqué CGT.
Afin de mettre toutes les chances de leur côté, les protestataires expliquent qu’ils étaient techniquement sur le trottoir au moment des faits et qu’on pouvait considérer qu’ils n’étaient pas à proprement parler en train de manifester. « Ce que nous a dit la pharmacienne m’a choqué, mais je me suis dit que ce n’était que son avis personnel », affirme Josué. Les sapeurs-pompiers sont intervenus dans la pharmacie pour porter assistance à la collègue de Josué, mais alors que l’un d’entre eux « remplissait des papiers en parlant à la pharmacienne », l’informaticien aurait entendu le pompier dire : « Ils ont de la chance qu’on soit intervenu, parce que nous avons des consignes nous interdisant d’intervenir au bénéfice des manifestants. Mais éthiquement, a poursuivi le pompier, je ne pouvais pas respecter cette consigne, ce n’est pas possible. »
Depuis jeudi, Josué est toujours aussi révolté. « L’État de droit, censé nous protéger, tente de réprimer la contestation par la force, chargeant sa police de provoquer et de maltraiter les manifestants, et intimerait en plus maintenant aux services médicaux et d’urgences de ne pas porter assistance aux manifestants. Sommes-nous toujours dans un État de droit ? » s’interroge-t-il.
Face à ce témoignage, difficile d’obtenir des informations officielles ou officieuses, les sapeurs-pompiers parisiens disposant d’un statut militaire et étant tenus à un devoir de réserve très contraignant. La préfecture de Paris, qui a autorité sur la brigade des sapeurs-pompiers, n’a pas souhaité réagir à ce témoignage, tandis qu’un porte-parole des pompiers parisiens affirme n’avoir « pas connaissance » de telles directives et évoque, passablement agacé, des « rumeurs ». L’un des pharmaciens présents jeudi lors de l’intervention des pompiers dit, quant à lui, ne pas être au courant de consignes qui ordonneraient aux militaires d’opérer une distinction entre manifestants et non-manifestants.
Illustration : Jean-claude moschetti/Réa