Le monde des télévisions nationales s’effondre. Grâce au câble, des plates-formes proposent une offre de films sans limite. Netflix, Amazon prime Disney plus, Apple TV etc… Un contenu globalement sans changement avec hégémonie hollywoodienne garantie. Mais des différences au niveau de la production: monopole américain sur les feuilletons, films produits et diffusés sans obligation de sortie en salle et du point de vue de l’emballage : pas d’émission nationale avant et après diffusion. Un monde, un peuple, un divertissement ! En globish, évidemment.
Face à une telle menace, il fallait faire quelque chose… ou faire semblant. Mais dans l’univers maastrichtien du paysage audiovisuel semi privé et entièrement fliqué, les obstacles sont apparus nombreux.
Public-privé, le projet avait tout pour plaire. TF1, M6 et France Télévisions ont créé Salto. En promettant le « meilleur de la création française » une fois décliné le code de l’abonnement. Mais bon, l’autorité de la concurrence voyait l’abus de position dominante se pointer. Myopie ou complicité avec les GAFA ? En tout cas, elle a fait obstacle à nombre de projets.
Ensuite, quand on diffuse par le câble, il faut passer par des opérateurs de télécom privés. Seul Bouygues (propriétaire de TF1) a donné son accord, SFR et Orange ont opposé un refus. Concurrence oblige ! Et peut-être quelques grains de sable glissés dans la machine par quelques « Young leaders » bien intentionnés.
Avec 800.000 abonnés fin 2022, Salto a donc commencé lentement. Un déficit annuel de 80 millions d’euros environ en a résulté. Rien d’abyssal au regard du public potentiel. Mais, soumis à la loi du profit, TF1 et M6 refusent de continuer. Salto disparaîtra donc fin mars.
Une cinquantaine de salariés sont sur le carreau. On peut considérer l’audiovisuel hexagonal comme trop enclin à imiter le grand frère d’outre-atlantique. Il est toutefois inadmissible qu’il renonce à se positionner sur le créneau des technologies d’aujourd’hui.
Certains naïfs croient encore à une « Europe de la Culture ». En tout cas, face au monopole nord-américain sur le cerveau disponible, Bruxelles s’abstient de toute réaction ! Concurrence libre et non faussée ou authenticité. Il faut choisir !