Par Georges Gastaud, résistant social, politique et… linguistique!
Si prompte à condamner « en comparution immédiate » les Gilets jaunes et les syndicalistes de classe, la « justice » vient encore d’étaler sa partialité de classe. Elle a débouté l’AFRAV, une association de défense de la langue française, qui demandait que l’Etat français fût condamné pour avoir mis en place une nouvelle carte d’identité conforme aux exigences de la despotique UE et qui, par la bande, institue l’anglais comme langue officielle bis de la France. L’Académie française avait également protesté à cet effet sans même recevoir une réponse de Lord Macron.
Au mépris de la Constitution, dont l’article II-a dispose que « la langue de la République est le français », et de la loi Toubon qui stipule que lorsqu’il existe une nécessité absolue de traduire une inscription officielle en d’autres langues que le français, il faut au moins utiliser une autre langue que l’anglais (allemand, italien, espagnol, néerlandais…) de manière à ne pas lui conférer en douce le statut de langue officielle auxiliaire (un statut qui, en peu de temps, a conduit à liquider le gaélique en Irlande).
Tout cela s’inscrit dans le processus complètement verrouillé, soustrait au débat et subrepticement totalitaire qui, sous l’égide de l’UE (qui veut faire de l’anglais sa seule langue officielle « de travail »), et en plein Brexit, tend à SUBSTITUER l’anglais aux autres langues nationales d’Europe. Le but étant d’installer l’Etat fédéral européen en marche (en clair, un nouvel Empire!), et avec lui un Grand Marché Transatlantique de la force de travail qui serait une catastrophe sociale, économique et culturelle pour des millions de travailleurs.
OR, force est de constater que, en dehors du PRCF, et aussi, soyons justes, du PARDEM et du MS 21, aucune organisation de gauche, aucun grand syndicat confédéral ou de branche, y compris dans le secteur de l’Education, ne bouge un doigt contre cette énorme expropriation linguistique du et des peuple(s) (qui vise aussi l’allemand en Allemagne et en Autriche, l’italien en Italie, etc.).
Pire, « PCF is back! » était le slogan d’ouverture de campagne de Roussel, et Mélenchon, qui pourfendait naguère l’anglais en le traitant, outrancièrement du reste, de « langue de l’occupant », juge désormais que la prolifération maligne des enseignes en anglais dans Paris est un signe heureux de la « créolisation » (il confond avec la… colonisation étatsunienne!) de notre pays. Car la créolisation, ça n’a jamais été qu’une seule langue dévore toutes les autres au profit d’une logique et d’une idéologie néolibérale d’empire !
Bref, il faut davantage bouger sur cette question linguistique qui n’est en rien un « à-côté » du combat social. Ceux qui en doutent encore devraient d’urgence relire Gramsci ou Aragon sur ces questions.
COMMUNIQUE DE L’A.FR.AV : Préoccupant et scandaleux : Le bilinguisme français-anglais de la nouvelle carte nationale d’identité des Français a été validé par le Conseil d’État !
Le 22 juillet dernier, le Conseil d’État a validé la nouvelle carte nationale d’identité sous-titrée en anglais. Ce jugement est décevant et inquiétant, car il montre que les juges ne jugent plus selon l’esprit de la loi, mais selon l’air du temps, qui, comme l’on sait, est favorable à l’anglicisation-américanisation de notre société.
L’esprit de la loi Toubon est de soutenir la langue française, et non de la contourner par un raisonnement pro-anglais, pour permettre, entre autres choses, l’installation du bilinguisme français-anglais partout dans le pays.
Pour attaquer le bilinguisme de la nouvelle carte nationale d’identité, nous nous sommes appuyés sur l’article 4 de la loi Toubon : « Lorsque des inscriptions (…), apposées (sur la voie publique) (…) par des personnes morales de droit public ou des personnes privées exerçant une mission de service public font l’objet de traductions, celles-ci sont au moins au nombre de deux. […]
Soit, il n’est question dans cet article de loi que d’inscriptions faites sur la voie publique et non écrites dans un document administratif comme c’est le cas pour la nouvelle carte nationale d’identité, mais il n’est pas marqué non plus que les écrits faits dans un document administratif sont exonérés de respecter l’obligation de traduire le français en au moins deux langues étrangères s’il y a recours à la traduction.