La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950 est un de ces livres d’histoire qui fera date. Évidemment, il a été censuré par la grande presse – et ce bien que l’ouvrage ait été nominé pour le prix Renaudot dans la catégorie essai – car cette censure a frappé la quasi totalité des travaux d’Annie Lacroix-Riz. Il est vrai que les recherches de l’historienne – spécialiste de l’entre-deux guerres et de la collaboration – ont le tort non seulement d’établir factuellement les responsabilités de la classe capitaliste mais également de le prouver sur la base documentée et implacable des archives. Malgré cette censure, son « Le choix de la défaite » s’est imposé comme un succès d’édition et ses conférences sont visionnées par des centaines de milliers de personnes sur les réseaux sociaux.
On aurait pu penser qu’une brèche dans le blocus médiatique aurait pu s’ouvrir au regard de la durée du « débat » historiographique et politique sur les tenants et aboutissants de la réunion de Caluire, sur ce sujet régulièrement traité de la trahison de Jean Moulin. Cela n’a pas été le cas. illustration de la censure implacable. Mais sur certaines radios associatives, ici, Radio Béton (ou, Canal Concorde, récemment), il a cependant été permis de dire un mot de ce qui a constitué une ligne de fracture décisive, de classe, de la Résistance, laquelle mérite définition claire.
On retrouvera cette session radio en cliquant ici : https://polemixetlavoixoff.com/serie-congres-de-tours-episode-10-avec-lhistorienne-annie-lacroix-riz-1943-jean-moulin-trahi-par-un-resistant/, classée par Jean-Baptiste Diaz, l’animateur de Radio Béton, dans la « Série Congrès de Tours – Épisode 10 – Avec l’historienne Annie Lacroix-Riz – 1943 – Jean Moulin … Trahi par un “résistant” »,
Une émission à écouter et réécouter et à faire circuler largement car elle contribue à faire le point (plus long, et archives précisées à l’appui de La Non-épuration en France de 1943 aux années 1950, p. 432-462).
Jean Moulin paie de sa vie son œuvre d’unification de la Résistance au profit de De Gaulle. Certains ne pardonnent pas à Moulin d’avoir reconnu les communistes qui de 41 à 43 sont quasiment les seuls résistants actifs. Sans eux, De Gaulle n’est rien. Et chez les FTP communistes : de très nombreux étrangers, notamment des anciens des Brigades Internationales …
L’essentiel de la résistance française active est communiste : FTP : Francs Tireurs Partisans qui comptent de très nombreux étrangers dans leurs rangs. Jean Moulin – l’émissaire de De Gaulle – sait que sans les rouges, le Général ne pèse rien face aux alliés. Moulin convainc les communistes de se joindre à De Gaulle. En contrepartie, les communistes, majoritaires, dictent le Programme du CNR – Conseil National de la Résistance. CNR auquel se joignent aussi de très tardifs « résistants », voire d’anciens vichystes et collabos qui veulent se blanchir pour la Libération.
Mais Moulin paye de sa vie l’unification de la Résistance. Car certains « résistants » de fraîche date sont viscéralement anticommunistes. Jean Moulin est trahi et balancé aux nazis par René Hardy, membre de Combat, tardif mouvement de « résistance » anti-rouge et anti-gaulliste, financé par les USA.
Car partout en haut lieu, on comprend dès l’été 1941 que l’Allemagne va perdre la guerre et que le monde d’après sera sous domination étasunienne. Mais avant leur défaite, les nazis veulent assassiner un tas de gens, dont les communistes. En 1943, des tractations s’engagent alors entre nazis et Américains …
Trahi par un « résistant », l’admirable Jean Moulin sera accompagné au Panthéon par … Mitterrand, ex-vichyste décoré par Pétain.
Avec l’historienne Annie Lacroix-Riz, Professeur émérite à l’Université Paris VII.
Qui fait notamment la lumière sur l’affaire Moulin dans son ouvrage La non-épuration en France.