On connait tous la fameuse phrase de Lénine : « sans théorie révolutionnaire, pas de mouvement révolutionnaire ». Cette maxime ne signifie nullement de rester dans la théorie, mais bel et bien d’avoir aussi une praxis permettant de changer le monde.
Cela pose toutefois la question de la formation politique des militants marxistes-léninistes.
Pourquoi et quelle formation politique pour les travailleurs?
Tout d’abord, qu’est-ce qu’un communiste ? C’est quelqu’un qui cherche à réaliser un monde véritablement humain, une gestion démocratique de la société par tous, qui sait argumenter dans un débat et participe à la destruction de la division du travail manuel et intellectuel. Le marxisme-léninisme c’est plus précisément le courant issue de l’alliance de la pensée marxiste et de la pratique (et les aspects théorique) du léninisme, se fondant sur la nécessité d’un parti d’avant-garde pour guider les masses, fondé sur le centralisme démocratique et prenant appui sur « le mouvement réel qui abolit l’existant ». Il n’y a pas qu’un aspect au marxisme-léninisme, car l’avant-garde guide moins les masses qu’elle ne leur permet de s’orienter à partir de la démocratie populaire de masse : le Parti et les soviets. Sans le premier, le mouvement de masse s’enlise ou dévie, mais inversement, sans la capacité de s’enraciner dans la démocratie prolétarienne de masses, le parti-guide peut à tout moment se détacher du peuple.
Pourquoi la formation est-elle nécessaire ?
Les partis bourgeois n’ont pas besoin de formation, sinon une formation à la manipulation et à la « com » détachée de la perspective stratégique, car ils acceptent le monde tel qu’il est, pas besoin d’en changer, à la limite seulement dans le détail. Toute personne qui n’irait pas dans leur sens sera traité d’idéologue, parce que pour ces bourgeois pleins de leur certitude, l’idéologie déconnectée de la réalité c’est toujours la pensée de l’autre. Pour répondre à la question, le simple mouvement spontané des masses ne permet pas à ceux-ci d’arriver à une conscience supérieure à la simple pensée petite-bourgeoise (à base de démocratisme), ou à aller au-delà des simples revendications de nature économique. En conclusion, sans parti conscient faisant office d’intellectuel collectif, pas de vraie révolution. C’est le sens de la phrase de Lénine.
Prenons l’exemple des gilets jaunes. Ils se disent apolitiques mais sur un sujet particulièrement politique : bien plus que les taxes, la misère en France créée par les diverses mesures des 30 dernières années. Ils veulent la démission de Macron ? Nous aussi, mais ils ne savent par quoi le remplacer. Et d’autant plus qu’ils ne ciblent pas tous le grand capital, mais plutôt « l’État », « les taxes », « les immigrés », « les fonctionnaires » et d’autres ; parlant aussi très peu des guerres impérialistes que la France mène. Cela peut amener à avoir, comme en Islande et au Burkina Faso, un changement de tête pour une même politique qui continue. C’est en cela qu’un parti d’avant-garde est nécessaire pour changer la société et faire aboutir les revendications, voire les amener vers quelque chose de concret, car les plus grandes avancées revendicatives, 1936, 1945, 1968, ont eu lieu quand une masse de prolétaires orientés par le PCF d’alors, visait consciemment au socialisme : « les réformes sont la retombée des luttes révolutionnaires », disait Lénine, et « on ne peut avancer d’un pas tant que l’on craint de marcher au socialisme ». Cependant, la nécessité d’une avant-garde ne signifie nullement mépris envers le peuple, soi-disant inculte, comme certains faux communistes se plaisent à le montrer.
La formation politique des marxistes-léninistes passe aussi par la lutte syndicale et politique – c’est d’ailleurs pour cela que nous appelons toujours nos jeunes camarades à se syndiquer-, lutte dans laquelle on apprend concrètement avec le peuple, du peuple, de la façon dont il vit, dont il ressent les choses et des choses qu’il ne peut plus accepter. C’est dans la pratique que se fait l’éducation communiste. Pour paraphraser Lénine, nous devenons communistes en sachant par notre travail obtenir des résultats pratiques (1). Ce n’est pas autre chose que disait le Che (2). Il est donc totalement inepte de suivre certains marxistes de chaire qui glosent sur le marxisme, mais sans avoir aucune pratique ni contact auprès des masses (3). La théorie, nous devons la tirer des luttes vivantes dont il faut généraliser les apports. Par exemple, les Gilets jaunes ont refusé d’obtempérer aux sommations du pouvoir et de la fausse gauche politico-syndicale les appelant à déléguer leurs revendications aux leaders désignés… par les médias, à obéir aux chefs syndicaux faillis qui manifestent toujours sur les boulevards au lieu d’exiger les Champs-Élysées.
Enfin, être communiste nécessite d’être un minimum autodidacte dans ses lectures (ce n’est pas autre chose que disaient Fidel Castro et Lénine). C’est quelque chose de bien plus rigoureux et pénible que le simple visionnage de vidéos sur Youtube, même si cela peut être aussi un très bon instrument de diffusion. Lénine et les bolcheviques n’avaient pas fait autrement en leur temps.
Les outils de formation politique
D’ores et déjà le PRCF a tenté d’œuvrer à la formation de ses militants et cela par plusieurs outils.
La revue Étincelles qui fait un énorme travail en matière théorique pour le PRCF, avec la collaboration plus ou moins régulière d’auteurs comme Georges Gastaud, Gilda Landini, Annie Lacroix-Riz, Guillaume Suing et bien d’autres. Pour tous ceux qui seraient intéressés à découvrir la revue, elle coûte 6,50 euros le numéro (4,50 pour les étudiants et les chômeurs). Vous pouvez dès maintenant envoyer un chèque au nom du PRCF au 10 rue Victor Grignard à Lens (nom Annie Crovisier), en précisant bien sûr le numéro que vous souhaitez recevoir. Les numéros parus et leur sommaire sont trouvable sur le site Initiative communiste.
Ensuite, il y a le stage national organisé par le PRCF en mars 2018. Un précédent stage avait déjà eu lieu quelques années auparavant, mais sans être filmé. Les interventions excellentes de nos camarades Georges Gastaud (sur le matérialisme dialectique), Benoît Foucambert (sur le mode de production capitaliste), Gilliatt de Staërck (sur la jeunesse communiste) ou notre camarade Léon Landini sont désormais en vidéo (juste en-dessous). À l’avenir, fort de ce succès et des débats particulièrement intéressants lors de ce stage, nous en réaliserons d’autres.
Enfin, les Cafés marxistes parisiens, qui sont de plus en plus connus et appréciés, ne sont pas à mettre de côté en termes de formation. Les conférences font à chaque fois l’objet d’un travail de fond et acharné de la part des intervenants. Voici quelques conférences pour vous le démontrer.
Bien sûr, n’oublions pas le travail des rédacteurs d’Initiative communiste et du blog JRCF dans cette lutte pour la formation politique. Nous souhaitons tous l’hégémonie culturelle des révolutionnaires et nous nous appliquons à cela.
Par les JRCF : http://jrcf.over-blog.org/2018/12/sur-la-formation-politique.html
- « Les taches des Fédérations de jeunesse », discours de Lénine prononcé le 2 octobre 1920.
- « Qu’est-ce qu’un jeune communiste ? »
- Bien sûr, la tache pratique des jeunes communistes change en fonction de critères telle la prise effective ou non du pouvoir. Cette situation était celle où Lénine et le Che se prononçaient.