On a tendance à l’occulter, masquée par la propagande permanente visant à faire croire que le système capitaliste serait démocratique, la répression policière est une constante de l’ordre capitaliste. Régulièrement, la répression politique capitaliste tue. Souvenons-nous d’Édouard Mazé, ouvrier du bâtiment, militant CGT tué le 17 avril 1950, tué d’une balle en plein front par les policiers lors d’une manifestation « pour la paix, le pain et la liberté ».
Souvenons-nous de Pierre Maitre, Jean-Pierre Bernard, Fanny Dewerpe, Daniel Féry, Anne-Claude Godeau, Hippolyte Pina, Édouard Lemarchand, Suzanne Martorell, Raymond Wintgens, Maurice Pochard. Souvenons nous de Anthonin Barbier, de Max Chaptal de mineur Marcel Goïo. Souvenons- nous d’Henri Barbusse… Souvenons nous.
Le film
Samedi 18 avril, Tebéo diffuse, adaptée en fiction d’animation, la bande dessinée de Kris et Étienne Davodeau, Un homme est mort, réalisée par Olivier Cossu.
Un film qui revient pour le 70e anniversaire de la morte d’Édouard Mazé, ouvrier du bâtiment et militant CGT tué par la police lors de la répression d’une manifestation. La fiction raconte le combat des ouvriers brestois lors des grèves de 1950 et l’arrivée de René Vautier, un cinéaste engagé qui vient filmer les événements.
La fiction d’animation est librement adaptée de l’oeuvre de Kris et Étienne Davodeau. Voici le résumé de l’éditeur, Futuropolis :
Brest, 1950. La guerre est finie depuis cinq ans. De la ville, il ne subsiste plus rien. Des bombardements massifs et des combats acharnés de presque un mois ont anéanti la ville, son port, son arsenal. Brest est un désert. Des milliers d’ouvriers vont s’atteler à la reconstruire, pierre à pierre. Mais face aux mauvaises conditions de travail, la contestation gronde, et la grève éclate bientôt. De violents affrontements surviennent lors des manifestations. Jusqu’à ce qu’un homme tombe.
Le film d’animation, qui a obtenu le Prix du public au Festival international du cinéma d’animation de Meknès 2018, se concentrera sur l’histoire d’amitié, mais aussi d’amour entre P’tit Zef, un ouvrier, et Paulette, une fille de commerçant qui prend part à la lutte syndicale. Il opérera également une reconstitution de Brest en 3D, au rythme de la musique de Yan Volsy et Pablo Pico.
On y verra des événements réels comme la mort d’Édouard Mazé et le film de René Vautier rythmé par le poème de Paul Eluard, Gabriel Péri. Grâce à un cinéma ambulant, Vautier a parcouru la Bretagne pour montrer ce témoignage du combat et de la solidarité des ouvriers. La seule pellicule de ce film a malencontreusement été détruite. Les mots du poète, « Un homme est mort qui n’avait pour défense que ses bras ouverts à la vie », prennent dans ce contexte une dimension bouleversante.
« Je trouvais qu’il y avait quelque chose de judicieux dans le fait de ramener cette histoire vers une forme animée. Kris, qui a initié le projet de la bande dessinée et l’a écrite avec moi, partageait cette idée. Après avoir remis à la lumière le film de René Vautier en bande dessinée, l’idée de le voir revenir à l’écran qui est son support originel, par le dessin, c’est magnifique, comme une évidence qui assume et valide les formes successives de ce récit » explique Étienne Davodeau qui a réalisé l’univers graphique du film tandis que Kris participait au scénario et à l’adaptation.
« Gabriel Péri, le poème de Paul Eluard, lu et réinterprété par René Vautier lors des projections de son film sur ces événements de 1950, nous permet de ne jamais oublier le combat de ces hommes luttant contre l’injustice, parfois au péril de leur vie. On aime les villes qui n’ont pas à dire qui elles sont ni d’où elles viennent. Brest n’a pas ce luxe mais a su se relever alors qu’elle avait été mise plus bas que terre, tout comme ses habitants et ses travailleurs » complète Olivier Cossu.
Le film est coproduit par Arte, Les Amateurs et Vivement Lundi. Merci à Tébéo pour cette initiative.
par le PRCF 29 à lire sur son site internet l’Hermine rouge