Pour lancer sa campagne électorale, et à la suite de son entente aux élections régionales avec les pontes de la droite extrême de PACA ( Muselier, Estrosi, Falco…) Macron vient se faire mousser à Marseille pour faire des annonces tapageuses. Observons qu’au terme de son quinquennat, son bilan dans la région c’est des fermetures d’usines, c’est les coups portés à la centrale de Gardanne. C’est l’impunité pour les spéculateurs et marchands de sommeil, même après le drame de la rue d’Aubagne. Avec une entente parfaite avec le clan Gaudin et désormais avec Payan (sans oublier l’intégration directe de nombre de Guérinistes à la macronie), c’est à dire deux figures symptomatiques du parti maastrichien unique. Illustrant la parfaite continuité de la classe capitaliste et de ses serviteurs.
Dans ce contexte comment s’étonner que Valls, l’un des bruyants supporters de Macron, tienne pour soutenir le débarquement de Macron à Marseille des propos violents et scandaleux qui font écho aux pires heures de l’histoire? C’est pourquoi le PRCF marseillais co signe cette mise au point de notre camarade l’historienne Annie Lacroix-Riz.
« Manuel Valls entame son nouveau job de chroniqueur en parlant de Marseille sur RMC : “Il faut tout raser, il faut tout reconstruire, il faut repeupler différemment ces quartiers” », c’est-à-dire chasser les pauvres pour les remplacer par des riches.
M. Valls veut nous rappeler le bon temps de l’évacuation franco-allemande du Vieux-Port de janvier 1943, prétendument organisée contre les « terroristes » ou Résistance judéo-bolchevique, mais en réalité strictement conforme au plan de l’architecte Eugène Beaudouin concocté dès 1939 au service des intérêts de la grande banque (dont Paribas, qui portait déjà ce surnom), évacuation mise en œuvre par les chefs de la police française et allemande Bousquet et Oberg, présents sur les lieux pendant trois jours. La destruction-reconstruction commença sur les talons du tandem alors inséparable.
L’évolution financière de René Bousquet, après-guerre (directeur de la Banque d’Indochine), classé « résistant » en 1949, fut évidemment liée à son extrême sensibilité aux intérêts bancaires (de « la synarchie-qui-n’existe-pas »), très nette depuis l’entre-deux-guerres.
Notons aussi qu’Oberg avait le 13 janvier 1943, au siège marseillais de l’état-major des SS, salué « [l]es massacres » (selon sa formule du 8 février 1946 devant un juge français, alors qu’il parlait d’ordinaire d’évacuation) auxquels la destruction du Vieux-Port avait donné lieu, comme « une opération de salubrité d’intérêt européen » [1].
Au mot près, le « raser » de 2021 reproduit strictement l’« évacuer » de 1943. Quand je dis qu’on a intérêt à faire de l’histoire, sans jamais oublier l’économie, en l’occurrence le capitalisme. Aucun des ouvrages sur l’événement de janvier 1943 popularisés par les médias ne traite de cet aspect décisif de la question. On se demande bien pourquoi…
Annie Lacroix-Riz – historienne
[1] Voir Industriels et banquiers français sous l’Occupation, Paris, Armand Colin, 2013, p. 213-216, avec toutes les références archivistiques.