initiative-communiste.fr publie une déclaration que le Parti communiste de Turquie (TKP) a publié, traduite ci-dessous, sur la crise monétaire actuelle en Turquie, indiquant que la Turquie « est devenue le terrain de jeu des monopoles internationaux, des entreprises et des banques » et que la crise est « le résultat des politiques économiques libérales poursuivies depuis des années » par le gouvernement AKP. Cette analyse n’a évidemment pas été relayée dans les « Grands Médias »
Que doit faire notre peuple face à la dépréciation de notre monnaie ?
NE PLUS SE LAISSER DUPER.
Notre pays est devenu le terrain de jeu des monopoles internationaux, des entreprises et des banques, dont nous ne pouvons même pas prononcer correctement les noms.
C’est le résultat des politiques économiques libérales menées depuis des années.
Ils ont fait de notre sang, de notre sueur et de nos larmes un cadeau pour les capitalistes étrangers qu’ils ont invités dans le pays en disant que ’nous avons une main-d’œuvre bon marché’.
Ils ont pillé les ressources naturelles en disant que ’nous brûlons les forêts, empoisonnons les rivières et que personne n’osera même nous demander des comptes ’.
En pillant les ressources naturelles et sociales sans retenue, ils ont établi une économie de prêts qui leur rapporte des profits exceptionnels et dont ils sont fiers de la croissance.
Dès le premier jour, il était évident qu’ils se heurteraient à un mur de briques à la suite de ce développement pourri. L’économie turque sombrerait dans une crise, y compris si les États-Unis ne s’en étaient pas mêlés.
Les communistes soulignent la fragilité de l’économie turque depuis des années. Mais qu’est-ce que la fragilité ? La fragilité, c’est la vulnérabilité, c’est être impuissant à résister aux développements négatifs.
Ce système d’exploitation, qui n’a pas d’avenir, qui a été soutenu en épuisant toutes les ressources et en rendant l’économie chaque jour plus dépendante, est fragile.
Ce système d’exploitation a rendu la Turquie sans défense.
RECONNAÎTRE L’AUTEUR DU CRIME
Ils désignent l’administration américaine comme l’agent responsable de la dépréciation de la livre turque. C’est vrai. Outre les guerres d’agression, les coups d’État et les invasions, les États-Unis recourent également à des sanctions économiques, voire à des sabotages, pour maintenir leur position dominante dans le système impérialiste.
Cependant, les États-Unis ne sont pas les seuls responsables de la crise actuelle.
Il est vrai que le gouvernement AKP a également une responsabilité dans la crise actuelle. Les politiques économiques adoptées par l’AKP, au pouvoir depuis 16 ans, ont renforcé l’exploitation, le pillage et les injustices. De plus, ces politiques ont plongé le pays dans une crise profonde. Pourtant, il n’est pas vrai de dire que toute la faute revient à l’AKP concernant la crise actuelle.
L’auteur réel n’est personne d’autre que la classe capitaliste qui ne se soucie que de ses profits ; ainsi que cet ordre social qui est basé sur l’exploitation. Il s’agit du résultat naturel du fait que notre économie repose sur l’enrichissement d’une petite minorité plutôt que sur la poursuite d’intérêts sociaux et nationaux, cela ne peut que nous mener à glisser vers des crises successives.
S’OPPOSER À L’IMPÉRIALISME
La Turquie est membre de l’OTAN. Les États-Unis ont des bases militaires et des troupes en Turquie. La Turquie a participé à des opérations militaires dans divers pays, surtout en Syrie, aux côtés des États-Unis et d’autres pays impérialistes. Jusqu’à hier, le parti au pouvoir en Turquie se vantait de son partenariat stratégique avec les États-Unis. À nouveau, c’est l’AKP qui était d’humeur festive lorsque des progrès ont été réalisés dans le processus d’adhésion à l’Union européenne. Hier comme aujourd’hui, les communistes ont toujours été debout et ont lutté contre l’OTAN, contre l’Union européenne, et contre les bases militaires étrangères dans notre pays.
Vous ne pouvez pas lutter contre l’impérialisme en négociant avec lui. On ne peut pas être ’indépendant’ en déclarant certains pays comme amis un jour et comme ennemis l’autre jour. Le gouvernement de l’AKP a fait de la Turquie un pays clé dans la lutte au sein du système impérialiste, ce qui a rendu le pays sujet à toutes sortes d’opérations militaires, économiques et politiques. Un pays qui bénit les soi-disant ’marchés libres’, qui est membre de l’OTAN et candidat membre de l’Union européenne, est sans défense contre de telles opérations. Notre peuple doit se dresser contre l’impérialisme et montrer aux patrons qui craignent les ’relations tendues avec les États-Unis’ que c’est à lui que le pays appartient vraiment.
FAIRE LA SOURDE OREILLE À CEUX QUI NOUS DEMANDENT DE FAIRE DES SACRIFICES.
Ceux qui n’ont rien d’autre que leur travail à vendre pour gagner leur vie, les salariés, sont pauvres ; chaque jour ils sont exposés à la menace d’être licenciés. Maintenant, ils demandent à notre peuple de faire des sacrifices en prétendant que ’nous sommes tous dans le même bateau’.
Dans les jours à venir, ils vont commencer à décréter des ’programmes de stabilisation’ les uns après les autres. Les monopoles internationaux et les gros bonnets vont se mettre à pleurnicher ensemble et vont nous demander de faire des sacrifices, tout en continuant de gérer leurs affaires avec plaisir comme à leur habitude ! Ceux qui ont mis la Turquie dans une telle situation, ceux qui accumulent d’énormes richesses, ont déjà commencé à ’transformer la crise en opportunité’. Nous ne les laisserons pas enlever le pain de nos bouches et aggraver nos conditions de travail.
Aujourd’hui, les travailleurs, les prolétaires, sont les plus vulnérables et forment la partie la plus désorganisée de la société. Les patrons et leur gouvernement feront tout ce qui est à leur disposition pour faire peser le fardeau de la crise sur les employés. Nous devons nous organiser contre cela.
Le dicton ’un peuple uni ne sera jamais vaincu’ doit être pris au sérieux. Et nous devrions savoir que les personnes désorganisées sont vouées à s’appauvrir.
FAVORISER LA CULTURE DE LA SOLIDARITÉ
Nous devons lutter contre la pauvreté et le chômage en nous organisant partout. Nous devons nous organiser contre les réductions salariales, contre l’allongement du temps de travail, contre les licenciements.
La pauvreté, le fait de n’avoir rien d’autre à vendre que sa propre force de travail, le fait de gagner sa vie honnêtement ne sont pas des choses dont il faut avoir honte. Ce qui est honteux et constitue un crime, c’est de s’enrichir en exploitant les autres et en pillant les richesses sociales et naturelles. Nous devons faire revivre la ’culture de la solidarité’, l’une des valeurs les plus chères à notre peuple qui a été étouffée, forcée à l’oubli, par le règne de l’argent.
Nous ne devons pas rester sourds à la pauvreté de notre voisin, au licenciement de notre collègue.
Les capitalistes se regroupent et détiennent également le pouvoir politique ; notre seule assurance, c’est notre association, notre solidarité.
LE CHANGEMENT DE L’ORDRE SOCIAL EST UN DROIT INCONTESTABLE
Avant les élections du 24 juin, le Parti communiste de Turquie avait déclaré qu’il se profilait ’une grande crise à l’horizon’ et que ’nous devons nous tenir prêts’.
Nous devons nous organiser, nous battre contre les injustices, contre les efforts menés pour faire porter le fardeau de la crise sur les épaules des travailleurs et des exploités.
Plus important encore, nous devons nous opposer à cet ordre social qui nous condamne aux opérations impérialistes, à un appauvrissement de près de 20% en une seule journée, au chômage et à la famine. Nous n’aurons pas de paix dans ce système d’exploitation. Le confort, la paix, la prospérité, l’abondance n’est rien d’autre que de la pure fantaisie dans ce système. Le système d’exploitation ne répond qu’au plaisir d’une petite minorité.
Cet ordre social doit être renversé sans tarder. Le règne des capitalistes doit prendre fin.
PARTI COMMUNISTE DE TURQUIE
13/08/2018