Une proposition de loi veut créer un diplôme d’enseignement de la danse « hip-hop ». En effet, si l’enseignement de la musique est libre, celui de la danse est réglementé. Il y va de la sécurité physique des jeunes apprenants.
Il n’en faut pas plus pour déclencher des protestations : une vidéo sur le site Blast, une pétition sur Mediapart et même une question écrite de Ian Brossat, le toutou d’Hidalgo récemment passé bouffon au Luxembourg.
Quelle est l’argumentation commune à tous ces gens ? L’oralité serait consubstantielle à ce mode d’expression et l’institutionnalisation représenterait un risque pour la création. Ces prises de position s’accommodent parfaitement d’un angle mort quant à la marchandisation bien réelle dans ce secteur.
Pour notre part, l’institutionnalisation est plutôt une bonne chose. Elle contient un élément de reconnaissance. Ce n’est pas du mépris.
Évidemment, ceci n’implique nullement d’applaudir béatement à une proposition commune de députées LR et macronistes. Tout d’abord, être pour l’institutionnalisation n’implique pas de cautionner l’institution telle qu’elle est. On laisse place au privé lucratif. La précarité est massive dans le public. Les qualifications ne sont pas reconnues. Cerise sur le gâteau, on introduit… l’apprentissage !!! Le projet prévoit une répression pénale renforcée. Dans l’état actuel de nos juridictions, c’est la garantie de poursuites à géométrie variable, voire d’arbitraire. Quant aux obligations de déclaration en préfecture des établissements, le grotesque le dispute au bureaucratique. Enfin, le « contrôle d’honorabilité » des enseignants risque de déraper en « Berufsverbot » (interdiction d’exercer sa profession) à la française.
Les promesses de prise en compte de la « manifestation collective de volonté des artistes qui font vivre ces expressions artistiques », risquent fort de rester cantonnées dans le rapport de la commission.
Pour toutes ces raisons, les députés PCF et LFI ont eu raison de voter contre le texte, adopté début mars à l’Assemblée. Il serait néanmoins contraire à l’esprit communiste de laisser se développer des enseignements sans contrôle public. Refuser le diplôme d’État au motif que « nos communautés ont développé leurs propres fonctionnement » c’est prôner la loi de la jungle et faire fi de la santé des jeunes élèves !