
Bruit de guerre ou pas guerre les affaires continuent, ainsi le démantèlement du service public médical se poursuit : le CHU de Lille ne pratiquera plus de coloscopies préventives, au motif que le service hospitalier doit se concentrer sur les pathologies.
Pour la prévention il faut désormais se tourner vers les établissements privés qui adresseront un compte rendu au CHU pour les personnes déjà suivies. Or toutes ces cliniques pratiquent des dépassements d’honoraires, jusque 100 euros par coloscopie, supplément que toutes les mutuelles ou assurances complémentaires privées ne prennent pas en charge. Nouvelle inégalité donc, les personnes qui depuis des années sont suivies ne pourront toutes pas continuer cet acte régulier de prévention. De fait, le coût va freiner le nombre de nouveaux bénéficiaires. Avec comme terrible conséquence moins de suivi préventif, et comme résultats plus d’hospitalisation lourde. Profit financier pour le privé, inégalité de prévention et de traitement pour les patients.
Quelles sont les cliniques privées qui parlent encore de patientèle et non de clientèle ? Pour les capitalistes, l’homme, malade ou en bonne santé, n’est qu’un moyen de production et une source de profit.
Rappelons que ce n’est pas parce que la France n’a pas les moyens et la richesses suffisantes que de telles décisions sont prises. La preuve, Emmanuel Macron vient de décider de dépenser d’un seul coup 2 milliards d’euros supplémentaires pour intensifier et escalader la guerre en Ukraine faite par l’UE et l’OTAN contre la Russie. Ce budget de 2 milliards d’euros permettrait à lui seul de combler le grand retard de la France en équipement d’imagerie médicale tels que les IRM, indispensables aux traitements modernes et à la prévention.
L’argent pour l’hôpital, pas pour le capital, ni pour la guerre mondiale !
Pierre, inspecteur de la sécurité sociale retraité, pour la Commission Santé
Coloscopie : dépistage insuffisant, délais d’attente trop longs
La France réalise environ 1,5 million de coloscopies par an (dépistage, diagnostic, suivi). Cependant, le taux de dépistage du cancer colorectal reste insuffisant (moins de 35 % de la population cible), en partie à cause des délais d’attente. Le Plan cancer 2021-2030 a déclaré un objectif d’amélioration du dépistage du cancer colorectal pour arriver à un taux de 65 % de participation). Les défauts du dépistage résultent principalement d’un défaut d’accès de la population aux examens, certaines zones (rurales, départements sous-équipés) manquant de gastro-entérologues et de salles disponibles, et de délais d’attente trops longs : Ils peuvent dépasser 2 à 6 mois pour une coloscopie non urgente (notamment dans le cadre du dépistage organisé).
La coloscopie est réalisée à l’aide d’un endoscope (coloscope) couplé à une console vidéo-endoscopique.
On estime qu’il y a environ 3 000 à 4 000 coloscopes en activité en France (incluant les hôpitaux publics, cliniques privées et centres spécialisés). Le nombre de salles équipées pour la coloscopie est d’environ 2 000 à 2 500 (certaines salles partagent des appareils). Les experts estiment qu’il faudrait augmenter de 10 à 20 % le parc (soit 300 à 500 coloscopes supplémentaires) pour réduire les délais, mais également former et recruter d’avantage de soignants au sein des hôpitaux publics. Il manque en-effet des professionnels formés (gastro-entérologues, infirmiers d’endoscopie) encore plus que du matériel.

Le prix des équipements d’examen et d’imagerie pour la coloscopie peut être estimé à environ 150 000 € par plateau technique.
- Plateau technique complet (coloscope + console + matériel de désinfection) : 100 000 à 200 000 €.
- Console vidéo-endoscopique (nécessaire pour l’affichage) : 30 000 à 100 000 €.
- Coloscope standard (fibre optique) : 10 000 à 20 000 € (moins courant aujourd’hui).
- Coloscope numérique (HD/4K) : 20 000 à 40 000 € (standard actuel).
- Coûts annexes :
- Maintenance annuelle : 5 000 à 15 000 €/an.
- Désinfection (automate de lavage) : 50 000 à 100 000 €.
Pour complétement équiper la France, on peut donc estimer le budget nécessaire en investissement à 60 millions d’euros. Pour comparaison la France a livré pour escalader la guerre en Ukraine en 2023 cent missiles antiaériens Aster 30 de batterie SAMP/T d’un cout unitaire de 2 millions d’€uros soit un budget de 200 000 millions d’euros. Le choix de la paix aurait permis de protéger la France des travailleurs contre le cancer.