Une grande partie de la jeunesse se méfie de la politique et de son monde. Dans un premier cas, une partie de la jeunesse, essentiellement populaire, s’abstient politiquement et en général de toute action « citoyenne », tellement leur condition devient précaire. Face à eux, une seconde couche de la jeunesse, en général plus aisée, préfère le combat associatif (associations de quartier, culturel, en aide aux plus démunis, etc…). Cet engagement va de pair avec un dégoût de la politique et des politiciens. Ce dégoût va jusqu’au mépris des organisations syndicales et de tous les partis politiques.
Le problème c’est que l’engagement associatif, quand il s’intéresse à des buts humanitaires ou pouvant servir la cité, détourne les militants des causes vers leur conséquence. A titre d’exemple, on organisera un événement, au hasard un sapin solidaire, pour récolter des cadeaux pour les distribuer aux enfants les plus défavorisés. Action fort louable et sympathique. Mais qu’est-ce qu’il se passe après ? On donne leurs cadeaux aux bambins et puis on se désintéresse de leur sort. On est fort de sa bonne conscience c’est tout… Les raisons pour lesquels ces enfants sont pauvres ne nous intéressent pas… Au pire on dira que c’est parce qu’ils n’ont pas eu de chance ou qu’ils n’ont pas assez travaillé à l’école.
Ici l’on nie complètement la politique car on nie que les hommes font leur propre histoire au profit d’un accompagnement d’un phénomène quasi-naturel (la pauvreté dans notre exemple, mais cela peut s’appliquer à d’autres sujets) contre lequel on ne saurait lutter. Ce n’est pas un hasard si le modèle idéal du militant macronien est l’engagé associatif, car il n’est en fait que son reflet : là où le technocratique Macron se refuse d’être partisan et se targue d’être pragmatique, ses militants doivent être au-dessus des clivages politiques et ne pas agir de manière partisane, c’est-à-dire accompagner la seule politique réaliste possible pour la France…
L’associatif relève d’une forme d’abandon par rapport à la vie de la cité. Il favorise la charité plutôt que l’action, l’assistance publique des riches envers les pauvres plutôt que la lutte émancipatrice, bien trop violente et partisane à leur goût.
Révélons aussi une autre hypocrisie. Selon une étude de 2015 de l’INJEP, un nombre croissant de jeunes entre aussi dans le milieu associatif car ils savent que les compétences qu’ils peuvent acquérir sont valorisables par la suite sur un CV. Comme quoi tout se monnaye !
Enfin, on pourrait rappeler que l’utilité de l’engagement associatif pour le capital (en particulier son versant humanitaire) n’est pas forcément récompensée, car les bourgeois restent quoi qu’il arrive des rapaces, peu susceptible de partager, et préféreront laisser se vider économiquement des associations « gentillettes » comme les Restos du cœur, même si cette dernière pouvait prémunir contre le retour de la revendication sociale derrière ses contours caritatifs et ses chanteurs milliardaires.
Nous proposons à tous ceux engagé actuellement dans ce genres d’actions, non pas d’abandonner tout cela, mais d’arrêter de l’opposer à la politique, car cela ne fait que desservir ceux qu’ils entendent aider et au contraire faire perdurer le pouvoir de ceux qui sont les responsables de la situation. Il faut qu’ils décident de s’engager pleinement dans le combat politique. Parce que le combat politique c’est décider de participer à l’histoire des hommes, de transformer le monde, de devenir acteur plutôt que spectateur.
http://jrcf.over-blog.org/2018/01/etre-engage-associatif-ou-militant-politique-par-quentin.html