20 février 2022- 16h – Par Georges Gastaud, philosophe, auteur du Nouveau défi léniniste (Delga 2017)
Annoncé depuis des mois par Biden, par l’UE-OTAN et par le chef d’état-major des armées française récemment promu par Macron, un « conflit de haute intensité » d’envergure potentiellement européenne et transcontinentale a d’ores et déjà commencé aux limites, non pas de la « Russie envahissant l’Ukraine », mais du Donbass ouvrier et russophone menacé et bombardé par l’Armée de Kiev, cette dernière étant largement composée ou renforcée par des miliciens cachant peu leur nostalgie de Bandera et des collabos ukrainiens de l’invasion nazie.
LA GUERRE N’EST PAS UNE COUR DE RÉCRÉ
Comme toujours, la propagande de guerre occidentale présente ses cibles désignées comme l’ « agresseur » en essayant de prouver que, en l’occurrence, ce sont les Républiques dites « autoproclamées » de Donetzk et de Lugansk qui « ont commencé » les hostilités en attaquant l’armée de Kiev. La simple logique montre que, si c’était vrai, ce serait de leur part une absurdité militaire car en l’état, elles ne peuvent aligner que 30 000 combattants, alors que l’armée de Kiev compte 150 000 hommes croulant sous les armes fournies par l’Ouest. Mais quand bien même le premier coup de fusil serait parti de Donetsk, cela changerait-il la définition de l’agresseur ?
Nullement. On n’est pas en effet dans une cour de récréation où l’agresseur est « celui qui a commencé » en donnant la première gifle. Et même dans une cour de récréation, le marmot qui donne – en apparence ! – la première gifle, a peut-être durant des mois subi silencieusement des humiliations et une torture mentale, ce qu’on appelle le harcèlement scolaire, si bien que, en l’absence de vigilance et d’arbitrage salutaire émanant des enseignants concernés, le jeune gifleur en apparence « agressif » était lui-même en état de légitime défense.
QUELQUES EXEMPLES HISTORIQUES
Lénine s’est longuement exprimé sur ce sujet à propos de la guerre de 14-18. La question de savoir qui était alors l’agresseur et qui menait alors une « guerre défensive » et de légitime défense ne revient nullement, expliquait-il, à celle de savoir qui a tiré le premier. Pour nous marxistes, et plus largement, pour tout scientifique sérieux étudiant une guerre, il faut en revenir à l’axiome du fondateur de la polémologie moderne, l’officier prussien (nullement communiste, qu’on se rassure: un parfait contre-révolutionnaire!) Carl von Clausewitz dans son monumental traité « De la guerre ». « La guerre, expliquait Clausewitz, est la continuation de la politique par les moyens de la violence armée ». Quand on veut savoir la signification politique d’une guerre, il faut déterminer quelles étaient les relations politiques, les rapports de forces, les visées impériales ou défensives, ou les menées impérialistes des deux côtés, qui ont précédé la guerre et qui l’ont annoncée et préparée durant des mois, voire durant des années: car les guerres modernes ne sont pas des embrasements subits surgis de nulle part, par ex. de la « méchanceté humaine », ou de la « nature insatiable de l’homme » et tout observateur un peu sérieux sait les voir venir de loin. Par ex. la bataille de Sadowa, qui vit la Prusse au XIXéme siècle, écraser l’armée autrichienne, n’était nullement un « coup de tonnerre dans un ciel serein », mais le résultat de deux ambitions antagoniques croisées, celles des dynasties prussienne (les Hohenzollern) et autrichienne (les Habsburg) également désireuses de diriger l’unification bourgeoise-féodale de l’Allemagne pour fonder à leur profit le Second Reich allemand en marche. Dans ces conditions, peu importait que MM. les Junkers prussiens ou MM. les « Impériaux » autrichiens, eussent « tiré les premiers », comme le firent les Anglais à Fontenoy à l’invite d’un maréchal français trop chevaleresque. De par ses racines de caste et de classe, de par ses visées impérialistes de domination, les deux camps de Sadowa pouvaient être rejetés dos à dos comme également agressifs et impérialistes. Et c’est ce qui s’est passé aussi lors de la première guerre mondiale où les deux Alliances impérialistes, l’Entente franco-anglaise alliée à la Russie tsariste d’un côté, l’alliance germano-autrichienne des « Empires centraux » de l’autre, elle-même allié à la Turquie ottomane, avaient également l’une et l’autre des visées impériales sur le partage de l’Afrique, du Proche-Orient et de l’Europe de l’Est, les causes justes en elles-mêmes des patriotes serbes ou des Alsaciens rattachés de force à l’Allemagne en 1871 ne servant en la matière que de prétextes à l’ouverture d’hostilités d’envergure planétaire visant au repartage impérialiste du monde.
ANALYSER POLITIQUEMENT LES CAUSES DE LA GUERRE
C’est pourquoi les marxistes, Engels d’abord, que ses compétences militaires faisaient surnommer « Général » par Marx, puis Lénine, reprirent à leur compte les principes clausewitziens de l’analyse des guerres en précisant de manière matérialiste le mot « politique » et en écrivant: « la guerre est la continuation de la politique, c’est-à-dire principalement à notre époque, des luttes de classes, par le moyen de la violence armée », soit entre États, soit à l’intérieur d’un État donné lorsqu’adviennent des crises révolutionnaires… ou contre-révolutionnaires. Comme l’avait déjà signalé Voltaire (plus sagace sur le plan théorique que franc du collier dans ses comportements personnels en matière de colonisation…), la seule guerre authentiquement juste jusqu’au bout, est celle de Spartacus se dressant le glaive à la main contre la « république » patricienne de Rome, c’est-à-dire la guerre insurrectionnelle des esclaves se révoltant contre l’esclavage. Et c’est plus vrai encore des prolétaires modernes qui ne peuvent émanciper leur classe sans fonder une société sans classes permettant l’égal épanouissement de tous.
GUERRE JUSTE et GUERRE DE RAPINE
Plus globalement, mène une guerre juste tout peuple ou toute classe qui, étant dominé et opprimé, engage la lutte pour sa libération par tous moyens réellement utiles à cette fin, c’est-à-dire permettant l’union des opprimés et l’isolement/défaite des oppresseurs. Ainsi était juste la guerre des patriotes irlandais, avec fort engagement ouvrier et socialiste (apport de James Connolly) pour s’émanciper de la dictature de la Couronne britannique, et peu importe que, en apparence, ce soit ou non un Irlandais républicain ou un « unionniste » britannique qui ait tiré le premier coup de feu. Bref, c’est son contenu de classe, anticapitaliste ou anti-impérialiste selon les cas, qui définit la « justesse » de la guerre menée, et cela d’autant plus que, si l’on réfléchit bien, la violence de l’opprimé – à condition bien entendu de n’être pas gratuite et non proportionnée à ses fins – vise en dernière analyse à libérer à la fois l’opprimé et l’oppresseur en les rendant tous deux à la seule qualité qui compte vraiment, leur humanité commune. Engels disait déjà ainsi qu’ « un peuple qui en opprime un autre ne saurait être libre », et il en va de même, c’est évident, d’une classe qui en exploite d’autres ou d’un sexe qui rabaisse et humilie l’autre sexe. Dans le cas de la lutte de l’oppresseur contre l’opprimé, ou de l’oppresseur contre un autre oppresseur, l’entreprise belliqueuse est foncièrement injuste car elle ne sert qu’une fin particulière, égoïste, et n’est au fond, comme disait Lénine, qu’une « guerre de rapine pour le partage du butin ». À l’inverse, la guerre révolutionnaire engagée par les opprimés, pourvu qu’elle ne déborde pas ses finalités de classe et qu’elle ne tourne pas en massacre gratuit des ennemis désarmés (lesquels, conformément aux lois de la guerre, cessent d’être des ennemis et rentrent dans les droits de l’humanité commune quand ils ont définitivement désarmé: le marxisme n’a par ex. aucune sympathie pour le massacre gratuit des intellectuels cambodgiens perpétré par les prétendus « Khmers rouges »), est juste parce qu’elle vise l’intérêt supérieur commun de l’humanité et qu’elle tend au final à libérer de l’oppression l’oppresseur lui-même, qui perd sa dignité quand il opprime autrui (tant pis pour eux, évidemment, si des oppresseurs se révèlent incapables de distinguer leur humanité propre de leur statut d’oppresseurs: et tels sont les fascistes en tant qu’ils se sont fanatiquement identifiés au système oppressif).
AUX RACINES CONTRE-RÉVOLUTIONNAIRES DU CONFLIT ACTUEL
Dès lors, si l’on regarde l’actuel conflit en Ukraine, que constate-t-on? Certes, la Russie postsoviétique de Poutine est un État capitaliste, contre-révolutionnaire et bourgeois, voire par certains côtés oligarchique, qui opprime, notamment, les communistes russes (lesquels ne commettent pas pour autant la faute grossière de soutenir les Etats-Unis et l’OTAN). Dans ces conditions, aucune raison d’idéaliser Poutine ou de confondre l’actuelle Russie, dont les chefs sont tous compromis dans la destruction antidémocratique de l’URSS (en 1990, 76% des Soviétiques avaient voté par référendum pour le maintien de la Fédération soviétique et que leur volonté a été violée par les Eltsine, Kravtchouk et autres traîtres à leur serment communiste de servir l’URSS jusqu’à la mort). Nous ne garantissons donc nullement que l’État bourgeois russe, s’il en avait les moyens, ne mènerait pas une politique impérialiste qu’il faudrait alors condamner sans souci du fait que cet État règne sur la majorité du territoire de l’ex-URSS. Mais cela ne signifie aucunement qu’il faille considérer la Russie comme l’État agresseur de l’Ukraine, ni qu’il faille renvoyer dos à dos la Russie et le bloc hégémonique-impérialiste formé par l’Axe Washington-Berlin avec l’appui russophobe hystérique du bloc anglo-saxon (USA, Grande-Bretagne, Australie, Nouvelle-Zélande…). En effet, dans cette affaire précise, ce sont bien les troupes de l’OTAN qui enserrent la Russie des pays baltes à la Mer Noire et qui essaient d’annexer l’Ukraine, et s’ils le peuvent ultérieurement, la Biélorussie, l’Azerbaïdjan et la Géorgie, comme ils ont précédemment annexé l’ensemble de l’ex-Europe de l’est (Bulgarie, Roumanie, Hongrie, Pologne, Tchécoslovaquie, ex-Yougoslavie) et une partie de l’ex-URSS (les anciennes républiques soviétiques de Lettonie, Lituanie et Estonie). Tout cela, rappelons-le, en violation flagrante des promesses faits par Washington et Berlin, avec la garantie de Paris, lorsqu’a été décidée la « réunification allemande » et que les Occidentaux avaient juré à Gorbatchev, dont la sottise politique et la veulerie personnelle l’ont alors disputé à la félonie, de ne pas s’étendre à l’Est. On est donc ici,
a) dans la poursuite d’une démarche ouvertement contre-révolutionnaire qui s’est traduite par l’implosion ANTIdémocratique de l’URSS, par le démantèlement non moins antidémocratique de l’ex-Traité de Varsovie (puisque l’OTAN, soi-disant constitué pour combattre ledit traité ne s’est pas dissoute, mais au contraire ÉLARGIE, après la chute du primo-socialisme européen), cette contre-révolution à l’Est devant être clairement mise en relation(2) avec l’énorme pression militaire que Reagan, suivi par Thatcher, Kohl et… Mitterrand, avait fait peser sur l’URSS lors de la terrible et très sous-estimée « crise des euromissiles » de 1984.
b) certes, comme tout État capitaliste doté d’une certaine puissance, la Russie actuelle voudrait devenir à son tour un État impérialiste de premier plan, conquérir des colonies ici et là (y compris sans doute sur le dos de l’impérialisme français en pleine décadence en Afrique!); mais voilà: les élites russes contre-révolutionnaires et anticommunistes ont largement raté leur coup et ne pouvaient d’ailleurs pas le réussir en 1989/91. Pour elles, le renversement du socialisme et l’éclatement de l’URSS étaient le prix à payer pour accéder au « paradis » capitaliste et pour devenir des partenaires de plein droit du G 20, de l’OTAN, voire de l’UE en gestation. Bref, pour entrer dans le premier cercle de la puissance. Seulement voilà, le capitalisme-impérialisme ne sera jamais un club de partageux, les bandits qui contrôlent les trafics capitalistes mondiaux ne partageront jamais de plein gré avec les seconds couteaux et même les Russes de la nouvelle bourgeoisie ont vu, à l’exception de quelques oligarques suprêmement maffieux, que Poutine a mis au pas par la suite, que la « novaïa Rassiya » de l’ivrogne corrompu Eltsine n’était plus qu’une néo-colonie américaine vouée à la désindustrialisation, au pillage de sa science de pointe et de ses ressources. Et pire que tout, à un nouveau partage territorial soutenu en sous-main par les Américains : celui de la Fédération russe qui eût suivi impitoyablement la dislocation sous influence de l’URSS: voir la manière dont, sitôt tombée l’URSS, les impérialistes occidentaux ont travaillé à encercler la nouvelle Russie, censément leur alliée dans la croisade mondiale pour la mise à mort du communisme et des régimes anti-impérialistes du tiers-monde, et à la faire exploser en soutenant les séparatistes islamistes en Tchétchénie. Bref, la bourgeoisie russe, qui venait de causer le malheur de son peuple en détruisant l’URSS et les structures socialistes, n’a pas voulu ni pu se résoudre au rôle de sous-bourgeoisie de troisième zone à laquelle Washington et Berlin entendaient désormais la confiner en attendant de se partager cet immense territoire eurasiatique regorgeant de richesses minières (3)… et d’empêcher du même coup un retour de flamme révolutionnaire au pays d’Octobre et de Stalingrad.
CAPITALISME, IMPÉRIALISME, HÉGÉMONISME
De ce fait, est apparue comme on pouvait s’y attendre, une scission au sein de l’impérialisme dominant entre le bloc impérialiste HÉGÉMONIQUE, centré sur la double polarité Washington-Berlin (flanqué de Bruxelles et Paris) et Washington-Londres-Canberra. Un impérialisme hégémonique très largement en crise interne – il existe même des dangers de nouvelle guerre de Sécession entre le camp de Joe Biden et celui de Trump, qui représentent des secteurs différents et non moins bellicistes l’un que l’autre de l’oligarchie – , et d’autre part la Russie, qui n’est à l’heure actuelle qu’un capitalisme dominé, largement assiégé sur toutes ses frontières, accablé de « sanctions » occidentale, violemment harcelé par les cléricaux ultraréactionnaires de Pologne, menacé également de se faire expulser manu militari de son « étranger proche » puisque les Occidentaux recourent systématiquement aux « révolutions de couleur », c’est-à-dire à des putsches pseudo-démocratiques n’hésitant même pas à prendre appui sur les NAZIS locaux (c’est le cas dans l’Ukraine actuelle où le PC est interdit tandis que l’ultradroite du « Secteur droit » assassine les syndicalistes et préside à ciel ouvert le « parlement » croupion de Kiev!), et ceci de Tbilissi à Minsk en passant par Kiev.
LA GUERRE POUR UN NOUVEAU PARTAGE DE LA CHINE A COMMENCÉ
c) un autre enjeu énorme de la guerre DEJA COMMENCEE en Ukraine à l’instigation de l’OTAN, c’est de régler son compte à la Chine populaire, de la vaincre, d’y renverser le PCC et de la partager (Tibet, Xinkiang, Macao, Hong Kong, Formose, les « pointillés » de la partition sont déjà dessinés) avant qu’elle n’ait confirmé durablement son statut émergent de première puissance économique de la planète et qu’elle n’ait mis en place les bases d’un co-développement multilatéral et alternatif à travers les « nouvelles routes de la soie ». Et cette guerre à la Chine, déjà engagée ouvertement sous Trump, est d’autant plus urgente aux yeux des dirigeants du bloc hégémonique euro-atlantico-saxon, que, après avoir un temps intégré en position dominée et sur des bases « pragmatiques », voire antisoviétiques la mondialisation capitaliste (Chou Enlaï, puis Deng se rapprochant des USA contre l’URSS… avant que Deng ne prenne conscience, durant les évènements de Tienanmen, en 1989, des coups de Jarnac qui attendaient le PC Chinois dans le cadre de cette mondialisation d’essence CONTRE-révolutionnaire…), la Chine populaire de Xi semble déterminée à mettre à nouveau « la barre à gauche » en développant le marché intérieur chinois, en forgeant sur cette base une alliance patriotique de la classe ouvrière et de la bourgeoisie nationale, en remettant en place les acquis socialistes abandonnés (retraites à 60 et 55 ans, sécurité sociale…), en augmentant sensiblement les salaires et en rendant au PCC, y compris dans les entreprises, un rôle économique prédominant.
Un signal hégémonico-impérialiste envoyé aux « BRICS » par Washington
À travers la Chine, c’est l’ensemble des « BRICS » (Brésil, Russie, Inde, Chine, Afrique du Sud) que l’axe euro-atlantique veut mettre au pas, non seulement parce que ces puissances émergentes pourraient menacer l’hégémonie mondiale imméritée du dollar (cette monnaie faible ne tient que par la force des armées US), entraîner derrière eux l’Afrique (éventuellement tentée par un panafricanisme socialiste) ou le monde arabe, que Khadafi aurait voulu doter d’une monnaie panafricaine, voire panarabe, alternative au dollar: une erreur suicidaire pour l’ex-n°1 libyen! N’oublions pas du reste un trait géopolitique de classe jamais signalé des BRICS: tous disposent d’importants partis communistes, le parti russe, première force alternative à Poutine, le parti chinois, où la messe n’est pas dite entre les éléments favorables au tout-marché et les communistes fidèles à 1949, l’Afrique du Sud, qui n’aurait pas vaincu l’apartheid sans l’aide militaire de Cuba et, indirectement, de l’URSS (qui armait l’armée cubaine), le Brésil, où le peuple n’a pas oublié l’héroïque Carlos Prestes, et l’Inde, où les deux partis communistes ont joué récemment un rôle central dans les grandes grèves ouvrières et paysannes qui ont bloqué Dehli et contraint l’ultraréactionnaire et pro-occidental Narendra Modi à ajourner ses contre-réformes agraires…
FRAPPER SUR LA RUSSIE POUR DOMINER L’EUROPE… ET EFFACER DÉFINITIVEMENT LA FRANCE
d) un sous-enjeu géopolitique est également, en faisant monter la tension à l’Est contre la Russie, de contraindre l’Europe, et spécialement l’Allemagne et l’impérialisme français à la ramasse, d’accepter durablement l’hégémonie américaine déclinante en empêchant toute velléité (non pas progressiste mais AUTREMENT réactionnaire) de créer une Europe puissance disposant d’une armée autonome. On est rassuré: Macron a la sottise de promettre à demi que la force de frappe française, créée par De Gaulle pour défendre la France seule et pour se dégager de l’emprise étatsunienne, pourrait être désormais utilisée pour « protéger l’Europe » (Mourir pour les nazis de Kiev et de « Pravy Sektor »?) et que les Verts allemands sont plus bellicistes que tout le monde en Ukraine, où l’impérialisme allemand majoritairement rallié à Biden, poussent l’OTAN au choc avec la Russie sans se douter, consciemment du moins, que c’est là offrir à l’impérialisme une revanche posthume aussi odieuse qu’ignoble sur Stalingrad et la défaite de Hitler. Quant aux stratèges boutefeux de Washington, la peur de déclencher une troisième guerre mondiale potentiellement exterminatrice de toute l’humanité les effraie moins que l’idée qu’une telle guerre ravagerait de nouveau… l’Europe et que, dans l’immédiat, en privant l’Allemagne de gaz russe, elle plongerait le continent dans une terrible crise économique. Au profit de qui, si ce n’est des concurrents d’outre-Atlantique? N’oublions pas que le capitalisme-impérialisme est depuis longtemps devenu exterministe et que son souci de se survivre à court terme, tout en maintenant la ruineuse course au profit maximal (seule capable de compenser la tendance historique du système à la baisse tendancielle du taux de profit moyen prédite par Marx), l’emporte de loin sur le souci de survie à long terme de l’humanité (après moi le déluge!); sans parler de ce que deviendraient l’environnement et le climat terrestres à l’issue d’un « hiver nucléaire » déclenché par un échange un peu nourri de tirs nucléaires… Bienfait collatéral de ce monopoly militaro-capitaliste mondial, une telle guerre signerait de toutes les manières possibles, y compris si pour finir une guerre majeure ne démarre pas CETTE FOIS-CI, la fin totale de l’indépendance militaire et diplomatique de ce qui fut le pays du Général de Gaulle expulsant de France les troupes américaines et proclamant depuis Phnom Penh, en pleine guerre du Viêtnam, le droit de tous les peuples à disposer d’eux-mêmes…
L’ENNEMI PRINCIPAL DE LA PAIX EST À WASHINGTON
Bref, que ce soit sous l’angle de l’anticapitalisme, de l’anti-impérialisme, de l’anti-hégémonisme, on voit bien, à l’encontre de la fausse gauche, notamment de ces VERTS à la Jadot, et autres « SOCIALISTES » à la Hidalgo, Glucksmann, Faure, qui poussent frénétiquement à la « ligne dure » de l’OTAN (qui plus est pour des raisons « morales »: mais qu’y a-t-il donc de « moral » à jouer les boutefeux et à risquer la survie de toute l’humanité? Et qu’y a-t-il de progressiste à se retrouver dans le même camp que les ultraconservateurs russophobes de Varsovie ou que les néonazis du bataillon ukrainien « Azov »???), que c’est bien le camp euro-atlantique qui est l’agresseur dans la guerre qui vient. Par conséquent, quoi qu’il en coûte aux défenseurs de la paix qui doivent avoir devant les yeux les exemples de Jaurès et Lénine, de Luxemburg et Liebknecht, il faut donc dénoncer l’énorme crime qui se prépare. Nul besoin pour cela de jouer au mauvais jeu des « ni-ni » opportunistes consistant à renvoyer la Russie et le bloc euro-atlantique dos à dos, et nul besoin pour refuser ce jeu de cesser si peu que ce soit de soutenir les communistes russes face à leur jupitérien persécuteur. Il suffit de comprendre que l’attaque en cours de Kiev contre Donetsk et Lugansk peut ouvrir la voie, à l’initiative du bloc euro-atlantique sur le recul historique, à une troisième guerre mondiale signant la fin d’une planète habitable.
L’UNION EUROPÉENNE, CE N’EST PAS LA PAIX EN EUROPE, C’EST LA RUÉE VERS L’EST DERRIÈRE L’OTAN !
Bref, la fin de l’URSS n’a rien changé au fait que l’impérialisme atlantique n’a, lui, pas plus que l’impérialisme allemand et que le zigzagant impérialisme français ennemi de son propre peuple « changé de nature ». Et il suffit de voir à l’œil nu que l’UE, qui a déjà joué un rôle majeur dans le dépeçage violent de la Fédération socialiste yougoslave, n’est nullement l’Europe de la paix que les enseignants sont censés vendre aux élèves. Oui, l’UE indissociablement couplée à l’OTAN (tout État désireux de s’affilier à l’UE doit d’abord s’affilier à l’OTAN), c’est la guerre sur notre continent!
J’AIME LA PAIX, JE VEUX UNE FRANCE INDÉPENDANTE, JE COMBATS LA RUÉE VERS L’EST DE L’U.E./O.T.A.N.!
Plus que jamais donc, qui veut la paix et l’indépendance des peuples, à commencer par celle du peuple français, doit combattre l’UE, l’OTAN, l’ « armée européenne » insérée ou pas dans l’OTAN. Plus globalement, les amis de la paix doivent combattre le capitalisme de plus en plus fascisant et l’impérialisme de plus en plus exterministe pour que renaisse en Europe le temps, non plus des guerres et des contre-révolutions, mais de l’internationalisme véritable: non pas celui, oligarchique et guerrier de l’Europe atlantique dominée par Washington et Berlin, mais l’internationalisme populaire porteur de paix des peuples et de révolutions socialistes.