La dégénérescence idéologique de la social-démocratie étant depuis longtemps irrémédiable en Allemagne comme partout, on n’est pas surpris d’apprendre que la masse des militants du SPD (parti social-démocrate d’Allemagne, originellement marxiste) a accepté par votation interne d’appuyer le futur gouvernement CDU/SPD à direction conservatrice.
Pourtant, ce genre de politique a déjà conduit à diviser par deux les voix social-dém’ en RFA… avant tout au profit de l’extrême-droite AfD. Mais le service du capital et de la collaboration de classes éhontée du SPD avec les Konzern vaut tous les sacrifices. Il fut un temps où la réaction allemande s’exclamait, face à l’URSS : « lieber tot, als rot », plutôt morts que rouges. Plutôt morts que roses, semblent dire aujourd’hui majoritairement les militants sociaux-démocrates français, allemands et même grecs : M. Tsipras n’en est-il pas à interdire de fait la grève en Grèce sur sommation de l’UE ? Quant au Parti de la Gauche Européenne, co-présidé par Gysi (chef de file de « Die Linke ») et par Pierre Laurent, chef de file du PCF, il a refusé la demande (avancée par le Parti de gauche français) d’exclure du PGE Syriza, ce parti devenu proprement social-fascisant et collabo en diable de l’UE (que ceux qui sont prêts à nous expliquer qu’un gouvernement et des députés qui interdisent la grève sur sommation d’un cartel financier international n’est pas fascisant osent lever le doigt !).
Le plus grave dans la mise en place du nouveau gouvernement Merkel/SPD est que les partisans les plus fanatiques de l’Europe fédérale sont aux manettes à Berlin. Cela va aider Macron, non pas à « mieux dialoguer avec Berlin » (dont l’industrie pèse autant à elle seule que celle de tout le reste de l’Europe, notamment de ce nain industriel que devient la France de Maastricht), mais à faire avancer la « gouvernance de la zone euro », la « défense européenne » intégrée à l’OTAN et la « souveraineté européenne ».
L’Europe supranationale est décidément un drôle de jeu qui se joue à 27, et à la fin, c’est… (devinez vous-même !). Et pas n’importe quelle Allemagne : une « République de Berlin » où désormais, 90 néonazis de l’AFD siègent au Bundestag (une journaliste de France-Inter a laissé échapper ce matin ce lapsus qui dit tout : au lieu de « Bundestag », elle a dit « Reichstag » !). Dans l’Autriche voisine (pays natif de qui, déjà ?) les néonazis ont obtenu au gouvernement les principaux postes régaliens tandis qu’en Hongrie, un gouvernement ouvertement nostalgique du régent Horthy est adoubé sans état d’âme par l’UE.
Tout cela n’empêche pas la gauche alter-européiste de nous expliquer qu’on peut réorienter cette UE brunissante vers la paix, le progrès social et le socialisme. Camarades qui continuez de militer dans des partis « alter-européistes » affiliés au PGE, nous vous appelons fraternellement à crier de toutes vos forces contre ce PGE, qui n’a pas un mot pour défendre les communistes interdits à l’Est, mais qui protège en son sein un mouvement en pleine évolution social-fascisante.
Emigrés de Coblence combattant la Révolution française dans les rangs autrichiens, Versaillais de Thiers suppliant Bismarck de les aider à étriper les Communards, Munichois et Collabos courtisant Hitler et pourchassant les communistes français, vous avez aujourd’hui un digne successeur à l’Elysée.
Quant à nous, militants franchement communistes, patriotes français ET internationalistes communistes, nous n’en soutenons que plus l’autre Allemagne, l’Allemagne rouge et démocratique qui combat l’UE et qui est notre premier rempart contre la résurgence d’un impérialisme revanchard dangereux pour tous les peuples d’Europe.
Georges Gastaud, fils de Résistant, secrétaire national du PRCF