Vraiment, ils ont bonne mine les courtisans de l’Oncle Sam, de l’OTAN et du « monde libre » assimilé à l’ordre euro-atlantique, ceux-là même qui nous expliquaient hier soir que les cosaques allaient déferler sur Brest et que les cerfs-volants chinois s’apprêtaient à bombarder Bruxelles. En effet, l’encre des onctueux messages de félicitations occidentales adressés à Trump par Macron, Ursula VDL, Meloni, Scholz et Cie n’était pas encore sèche que, coup sur coup, Trump annonçait sa volonté de faire main basse sur le canal de Panama, d’annexer le Canada et… d' »acheter » le Groenland, excusez du peu…
Non seulement il s’agit dans les trois cas d’une manifestation caractérisée d’impérialisme, non seulement Trump s’assoit triplement sur le droit international et sur le respect dû à des pays souverains, mais ce violent personnage – que quelques naïfs ont pu prendre chez nous pour un pacificateur (!!!) – menace désormais, non seulement ces parias de l’ordre euro-atlantique que sont d’ordinaire la Russie, la Chine, Cuba, le Venezuela, l’Iran, la Corée populaire, sans parler du peuple palestinien martyr ou de la Syrie en voie de dépeçage turco-israélien, mais « Mister MAGA » (« Make American Great Again » = « rendez sa grandeur à l’Amérique »!) claironne ainsi à la face de ses « alliés » euro-atlantiques qu’ils sont des paillassons sur lesquels ils s’essuiera les pieds autant qu’il lui plaira: en particulier, Européens en général et Danois en particulier, tout ce qui est aux USA leur appartient, mais sachez que dorénavant, tout ce qui est à vous sera en discussion (du moins, dans un premier temps) !
Ajoutons que, en agissant ainsi, Trump n’a pas l’excuse d’un Poutine désireux de ne pas laisser l’Ukraine antirusse et pro-OTAN installer directement des armes nucléaires occidentales à sa frontière sud, et que, contrairement à Xi Jinping, il ne cherche pas à se protéger d’un État lointain et surpuissant qui voudrait, pour commencer, lui arracher Taiwan, en attendant de s’approprier le Tibet, Hongkong ou le pays ouïghour. Non, Trump veut juste, et il le déclare sans plus argumenter, faire main basse sur le canal de Panama, sur les ressources du Groenland (et il le dit!), voire annexer le Canada comme les USA ont hier acheté (à vil prix) la Louisiane française à Bonaparte ou l’Alaska russe au tsar. Bref, le slogan « MAGA » doit s’entendre au sens littéral du mot, le sens TERRITORIAL, avec à la clé un fort parfum de » PAR ICI LE POGNON », la seule réponse autorisée étant « YES, PADRINO! ».
Tout cela est inquiétant, mais il y a au moins un côté plaisant (on se console comme on peut…) dans les déclarations du super-Picsou prédateur qui va bientôt occuper le « bureau ovale »: c’est que ses vassaux de l’OTAN sont totalement pris à contrepied par lui. Ils annonçaient que l’ennemi de l’Europe allait surgir de l’Est, que l’UE arrimée aux USA attendait les Russkofs de pied ferme pour défendre la « souveraineté de l’Europe », et voilà que la cavalerie yankee, précédée d’un gros Rintintin à queue jaune, s’apprête à déferler du côté du couchant !
Aussitôt, Macron a « dignement » réagi en parlant d' »impérialisme ». Nous aimerions applaudir à ce sursaut d’apparence souverainiste, mais il faut lire toute la déclaration du Quai d’Orsay: il s’agit surtout pour le liquidateur de l’héritage gaullien qui siège provisoirement à l’Élysée, de saisir l’occasion pour plaider en faveur de la « défense européenne » dans laquelle la France est en passe de dissoudre ce qui restait de sa défense ex-nationale. Ce qui signifie, en réalité, sacrifier la souveraineté militaire et diplomatique française à l’UE-OTAN tout en feignant de « résister » aux USA.
Le commentaire le plus servile est cependant venu du Danemark dont on aurait pu penser qu’il allait s’indigner, au minimum, comme Justin Trudeau (lequel doit, il est vrai, ménager l’indépendantisme québécois et, plus généralement, le sentiment national canadien). Il n’en a rien été et la Première ministre danoise a seulement appelé Trump, s’il vous plait, please my Lord, à respecter un peu les formes avec Copenhague : c’est là typiquement ce que le grand Emmanuel Kant appelait une « révolte à genoux »… Mais le maître américain, qui possède déjà une énorme base militaire au Groenland et qui a déjà mis la main sur les principales richesses de ce territoire grand comme la moitié de l’UE qu’est le Groenland, n’est certainement pas prêt à dialoguer 107 ans avec un petit pays qu’il ne sait sans doute même pas situer sur la carte… Par ici le Groenland, et… au suivant !
Au fait, comment dit-on « Lebensraum » en américain?
La plus discrète de tous aura été Ursula von der Leyen, cette dame si altière quand il s’agit de défendre contre l’Ours russe le régime pronazi de Kiev, qui ne fait pourtant partie ni de l’OTAN ni de l’UE, mais qui reste muette quand il s’agit de défendre contre l’Aigle yankee un pays souverain à la fois membre de l’UE et de l’OTAN. Selon que vous serez yankee ou viking, les jugements d’Ursule vous rendront blancs ou noirs…
Bref, tous ces mauvais pitres de l’ordre euro-atlantiques sont « cocus la nuit de noces » et leur désarroi idéologique fait peine (?) à voir. Et il montre du même coup deux choses,1) que le bloc euro-atlantiste est au bout de son latin et que c’est le moment, pour les amis de la paix, d’arracher complètement son voile de mensonges guerrier déjà largement en lambeaux; et 2) que les forces de paix ne doivent plus se leurrer sur le super-impérialiste Trump qui, décidément, ne vaut pas plus cher que Blinken, Netanyahou, Harris et Cie. Plus que jamais, comptons sur nos propres forces et souvenons-nous de la devise de Marx: « L’émancipation des travailleurs (et, ajoutons ceci: la défense de la paix mondiale!) ne seront l’œuvre que des travailleurs eux-mêmes. »