3 juin 2019, par Georges Gastaud, porte parole du PRCF
Sitôt passées les européennes et leur résultat fort inquiétant, les manœuvres ont repris à gauche à l’initiative de Clémentine Autain, que Raquel Garrido elle-même, sa camarade en insoumission, a sur le champ qualifiée (interview à « Regards ») de relais « déloyal » des « bobos parisiens ». Ignorant le score faiblard de Manon Aubry et la déconfiture de Ian Brossat (PCF-PGE), C. Autain appelle en réalité à une énième resucée de la gauche plurielle qui n’a pas la moindre chance d’intéresser les travailleurs en lutte sur les ronds-points, dans les entreprises ou dans les services publics. Et si au lieu de rêver d’associer les « gauches » euro-constructives, du fédéraliste néolibéral Jadot au NPA en passant par les directions largement discréditées des confédérations euro-formatées, on partait plutôt des exigences populaires telles qu’elles émergent des luttes sociales et des besoins de la population ?
Que veulent notamment les Gilets jaunes ? C’est clair : la justice fiscale, la relance du progrès social, la reconstruction des services publics, la souveraineté populaire assortie de démocratie directe et, de plus en plus le Frexit – qui ne peut de fait être que progressiste. Et quels symboles auront-ils fédéré lesdits GJ durant tout le mouvement ? La réponse ne fait pas de doute : ce sont drapeau tricolore et la Marseillaise rendus à leur signification insurrectionnelle initiale ; sans oublier la référence, certes insuffisante par elle-même, mais politiquement très significative, au « référendum d’initiative populaire ».
A quoi par ailleurs les travailleurs du privé (Alsthom) ou du public se heurtent-ils objectivement, si ce n’est, respectivement, aux fusions capitalistes continentales (Siemens/Alstom, STX/Fincantieri…) ou transcontinentales (Renault/FIAT/Chrysler) et à la privatisation générale du secteur public (EDF, SNCF, Aéroports, voire, par la bande, Education nationale…) où la loi Dussopt organise la suppression des statuts de la fonction publique et la précarisation générale, telles que les impulsent Macron, Le Maire, Blanquer et Cie exécutant les feuilles de routes convergentes du MEDEF et de l’UE.
Peut-on par ailleurs ignorer que l’écrasante majorité des électeurs ouvriers et jeunes a boycotté les européennes et que déjà, ce sont ces deux forces qui avaient assuré la victoire du Non à la constitution supranationale (29 mai 2005) ? C’est ce bloc populaire qu’il faut d’abord organiser si l’on veut construire un rassemblement populaire majoritaire susceptible de virer Macron, de barrer la route de la victoire à Le Pen et d’offrir enfin une alternative progressiste au peuple français. Alors que toute les forces euro-béates se réclamant de la gauche s’efforcent jusqu’ici de séduire avant tout, si ce n’est seulement, les milieux médiatiques et les couches moyennes des métropoles à coups de communication « new-look »… avec les échecs que chacun peut constater.
Pour redonner aux classes populaires, et, centralement, à la classe ouvrière, son rôle dirigeant et fédérateur au sein du rassemblement populaire, le PRCF appelle à reconstruire dans l’action l’unité de combat des communistes. Avec pour objectif la reconstruction d’un parti communiste de combat dont le PCF-PGE actuel est de plus en plus éloigné. Tout cela sur la base d’une alternative euro-critique de masse et de classe. De fait, face au régime néolibéral, euro-atlantiste et de plus en plus policier incarné par Macron (et soutenue d’une autre manière par le RN et par ce qu’il reste des LR), la mobilisation pour le FREXIT progressiste est propre à fédérer autour du monde du travail un large front antifasciste, populaire, patriotique et écologiste et, en brisant les chaînes de l’UE, à ouvrir une perspective victorieuse, véritablement internationaliste et progressiste. Car il faut bien observer que, face à la cohérence néolibérale, euro-atlantiste et de plus en plus policière incarnée par Macron, il n’est objectivement pas d’autre perspective cohérente que la ligne antifasciste, progressiste, patriotique et internationaliste fondée sur la centralité du monde du travail, sur le Frexit (incomplet ?)
C’est pourquoi les communistes doivent interpeller ensemble les progressistes et les insoumis pour construire une France franchement insoumise à l’UE, à laquelle la campagne d’Aubry, sous l’inspiration et l’impulsion de C. Autain notamment, a tourné le dos puisque le « plan B » de sortie de l’UE a été mis en sourdine durant la campagne des européennes.
Le programme maximal des communistes est clair : la révolution socialiste, l’abrogation de l’exploitation capitaliste par le pouvoir des travailleurs socialisant les grands moyens de production et d’échange et créant une démocratie radicalement nouvelle. Mais tous les vrais acteurs du progrès social peuvent déjà s’entendre au minimum sur un programme antimonopoliste articulant la reconstruction du produire en France (ce qui nécessite la nationalisation démocratique des banques et des entreprises stratégiques), la relance du progrès social (arrêt immédiat des privatisations, des délocalisations, des plans sociaux et des contre-« réformes », retraite à 60 ans, augmentation substantielle des petits et moyens salaires et pensions, etc.) et la souveraineté populaire ; non seulement le RIC mais une Constituante articulée au Frexit progressiste sans lequel notre pays restera enchaîné aux politiques néolibérales continentales et mondiales. Et bien sûr, la démocratisation profonde du pays et la recherche à l’international de la paix, de la coopération avec tous les continents – donc inévitablement la sortie de l’OTAN et le refus catégorique de l’Armée européenne.
C’est à tout cela que travaillera le Comité central du PRCF issu de sa 5ème Conférence nationale, non seulement en s’adressant aux communistes, aux syndicalistes et à tous les progressistes, mais en menant une grande campagne tournée vers les entreprises où se trouvent les forces principales du changement social. Et pour atteindre ces objectifs, la direction élue du PRCF intensifiera l’effort pour renforcer le centralisme démocratique à l’intérieur du PRCF : c’est indispensable pour accroître l’efficacité de notre organisation au service des communistes, des travailleurs et de la nation.
La présentation et l’articulation des deux programmes sont claires et sans détours. L’idée va dans la bonne direction. Mais, pour être vraiment rassembleur, le programme minimum devrait contenir moins de détails s’apparentant au programme maximum !
Bon courage à tous.
Amical salut.