Dans ses dernières recommandations, la commission européenne préconise le recul de l’age de la retraite à 70 ans. Il est vrai que l’Union Européenne via les accords de Barcelonne, déclinée depuis à travers les diktats des semestres européens, a déjà imposé le recul de l’age de la retraite à 67 ans (lire ici les explications du PRCF). C’est notamment et particulièrement le cas du Plan Macron que combattent actuellement les travailleurs de France. Une contre réforme repoussant de fait l’age de départ pour la plupart des travailleurs à 67 ans, avec un minimum de 64 ans. Un recul dramatique des droits sociaux et une violente attaque contre les salaires que la Confédération Européenne des Syndicats ne combat pas et même ne met pas en cause. En témoigne par exemple les points 444 à 448 de son programme (lire ici). Ceux-ci ne portent aucune revendication sur l’age de départ à la retraite (par exemple retraite à 60 ans) et encore moins sur les niveaux des pensions. Il y est inscrit noir sur blanc que les retraites sont déterminées dans le cadre du semestre européen. C’est à dire sous le régime du pacte de stabilité qui depuis le traité de Maastricht impose via le critère des 3% de déficit public une politique d’austérité salariale frappant les salaires et pension de retraite. Ce n’est pas une surprise car la Confédération Européenne des Syndicats est en réalité une structure de l’Union Européenne, notamment régie au delà de ses statuts propre par les articles du titre X du traité de fonctionnement de l’Union Européenne, insérée au sein du comité du dialogue social. Un traité qui a été rejeté par Referendum en France le 29 mai 2005. Au titre des accords de Val Duchesse elle a le monopole du contrôle de la représentation des organisations de travailleurs. La Commission Européenne finance donc largement , mais uniquement dans ce dadre la CES et deux organisations patronales (la CEEP et l’UNICE). Il s’agit bien ici de financer des structures intervenant dans le cadre de politiques décidées par l’Union Européenne, à l’opposé du financement de syndicats indépendants de travailleurs. Cette structure est actuellement présidée par Laurent Berger, chapeautant ainsi…. la CGT qui y est affiliée ! Tout comme la CFTC, l’UNSA et FO.
- Confédération Européenne de Syndicats : la Commission Européenne dépense des millions d’euros pour financer ses syndicats pro UE !
- Quand les économistes, les syndicalistes et même le ministre rappellent que derrière Macron, les commanditaires de la réforme des retraites, c’est l’Union Européenne du Capital !
Dans ce contexte, on ne s’étonnera pas que le 2 mai, la cheffe de la CES se soit félicitée de la retraite à 67 ans en Irlande, l’age ne posant évidemment aucun problème, sa seule préoccupation étant le soit disant dialogue social. Ne soulignant que d’autant plus l’hypocrisie de sa participation la veille à la manifestation parisienne du 1er mai, où un demi million de travailleurs revendiquaient la retraite à 60 ans s’opposant au contre réforme Fillon, Hollande -Touraine et Macron directement issue des diktats de l’Union Européenne cautionnés par la CES.
Cette contradiction et cette profonde hypocrisie n’a pas échappé à notre camarade Arsène, syndicaliste de Lorraine, président du Comité de Défense des Travailleurs Frontaliers de la Moselle :
Sur le dernier tract de l’intersyndical relatant la mobilisation du 1er mai, il est signalé la participation à celle-ci de Esther Lynch, secrétaire générale de la CES (Confédération européenne des syndicats) et Luc Triangle, secrétaire général de la CSI (Confédération syndicale internationale).
Ci-joint une interview d’Ester Lynch paru le 2 mai dans le Républicain Lorrain. Elle se félicite qu’en Irlande la retraite à 67 ans a été établie grâce au dialogue social ! Bravo ! Donc avec un bon dialogue social, on peut tranquillement passer à 70 ans.
Et elle signale que ce n’est nullement l’Union européenne qui est responsable du recul de l’âge de la retraite. En effet, que faut-il attendre de plus de cette CES créée et financée par l’UE, qui joue parfaitement son rôle de division et de trahison des luttes. Elle est l’appendice de l’UE pour casser le syndicalisme de lutte, et laisser les mains libres au grand patronat européen. Elle freine de tout son poids à Bruxelles afin que l’Europe des luttes ne se développe pas.
Un petit rappel à la secrétaire générale de la CES :
Thierry Breton, commissaire européen a affirmé le 9 décembre 2019 : « la commission européenne juge nécessaire toutes les réformes qu’il faut mener sur l’ensemble du continent, et notamment celle des retraites… ; la France doit instituer un régime unique de retraite pour faire 5 milliards d’économie… » Et le Conseil de l’UE avait recommandé à la France, le 12 juillet 2022, de réformer le système de pensions.
Lors du sommet européen à Barcelone le 22 mars 2002, Chirac, Jospin, Blair et Schröder ont signé avec le même stylo le recul de l’âge de la retraite de 5 ans.
L’ancien président du SPD Sigmar Gabriel et Siegfried Russwurm, président de la fédération allemande de l’industrie revendiquent de porter la retraite à 70 ans. Oui travailler jusqu’au tombeau c’est l’objectif de leur « belle Union européenne » et ses « valeurs ».
Et il faut noter, comme l’ont signalé le commissaire européen Paolo Gentiloni, chargé de l’économie, ainsi que Christine Lagarde, présidente de la BCE, qu’en échange de fonds européens, il faut que les Etats appliquent les réformes exigées concernant les retraites, protection sociale, marché du travail… Oui, les Etats européens auront des fonds européens à condition qu’ils détruisent nos systèmes de retraite, l’assurance chômage, la Sécu, nos services publics… Il est à déplorer que ni les directions syndicales, ni les partis politiques se réclamant de « gauche » ne remettent en cause cette UE (avec laquelle il faut rompre), créée par et pour les capitalistes dont le but est la démolition de toutes nos conquêtes sociales. Ils croient toujours à la fable d’une Europe sociale qui est impossible dans le cadre des traités dictatoriaux de Maastricht.
Un mot sur la philosophie de la CSI. Déclaration d’un ex-secrétaire général de la CSI, Guy Ryder, (Commandeur de l’ordre de l’empire britannique !!!) : « Les multinationales sont un moteur essentiel de la mondialisation ». On croit rêver ! Alors que les multinationales sont des prédateurs, des fraudeurs, des tricheurs, des criminels, qui pullulent dans les paradis fiscaux, qui s’approprient les richesses des autres, exploitent les travailleurs, pillent les richesses naturelles… Il avait ajouté : « On ne peut pas empêcher les délocalisations mais il faut les rendre acceptable. » Honteux ! Pas une fois dans les statuts de la CSI n’est évoqué le capitalisme en tant que rapport social fondé sur l’exploitation de l’homme par l’homme, encore moins condamné.