Confronté à l’aggravation inévitable de la crise systémique du capitalisme et alors que la fuite en avant dans une pression euro-austéritaire toujours plus dure contre les travailleurs ne peut qu’alimenter la déflation pour préserver à court terme les profits de la classe capitaliste, la Banque Centrale Européenne poursuit sa politique dite d’Assouplissement Monétaire
L’assouplissement quantitatif ou « l’hélicoptère monétaire » pour les banques privées
Les traités européens fixent un unique objectif à la Banque Centrale Européenne (BCE), c’est à dire à l’Euro : la stabilité des prix. C’est à dire de protéger à tout prix le Capital de l’inflation. Ils fixent également un tabou : le financement direct du budget des États qui sont donc obligés de financer leurs déficits auprès des banques privées, c’est à dire des banques détenues par la classe capitaliste. Ces même banques privées que les Etats ont du sauver en s’endettant très lourdement. Ces dernières ont donc avec la Banque Centrale Européenne le monopole de la création monétaire
Confrontée à la stagflation voir la déflation des prix au sein de la zone euro, et afin de lutter contre la spirale dépressionniste de la crise systémique du capitalisme, la Banque Centrale Européenne (BCE) s’est lancée en 2015 dans une politique dite d’assouplissement quantitatif, c’est à dire de rachat massifs d’actifs publics et privés. Car la BCE comme toutes les banques centrales a le pouvoir de créer de la monnaie. C’est même l’une de ses fonction essentielle. Mais ce qu’il faut bien avoir en tête c’est que ces rachats d’actifs se font auprès des banques privées, puisque l’Euro interdit aux banques centrales l’achat direct de titres de dettes publiques d’état sur le marché primaire. La BCE (ou plutôt les différentes banques centrales nationales) achètent donc massivement des titres de dettes publiques ainsi que des titres privés sur le marché secondaire auprès des banques privées, ces dernières réalisant au passage probablement de confortables bénéfices. Pour ce faire, 60 milliards d’actifs (40 milliards de dette publiques et 20 milliards de dette privée) doivent être rachetés chaque mois jusqu’en septembre 2016. Il s’agit en fait d’une injection massive de liquidités dans le système financier – plus de 50% du PIB annuel d’un pays comme la France – profitant directement aux banques privées. Pour reprendre l’image de l’économiste libéral Friedman, c’est comme si la Banque Centrale Européenne avait envoyé une flotte d’hélicoptères déverser une pluie de billets directement sur les banques privées. Pour fixer les idées, 60 milliards d’euros par mois, cela représente :
- 838 canadairs C145 vidant leurs soutes remplis de billets de 10€
- de quoi recouvrir une surface de 7000 terrains de foot
- ou de remplir une pile de conteneurs remplis de billets de 10€ plus haute que la tour Eiffel
- ou une fois mis bout à bout une distance de 762000 km permettant de faire 19 fois le tour de la Terre.
- Si ces 60 millards d’euro étaient donnés directement à chacun des 340 millions d’habitants de la zone euro, chacun toucherait chaque mois un chèque de 176€
- 60 milliards d’euros, c’est presque trois fois le montant des prêts annuels accordés par la Troika UE BCE FMI avec le 3e memorandum grec
- et c’est plus que le déficit budgétaire annuel d’un pays comme la France et deux fois la charge des intérêts de la dette de l’Etat français.
Imaginons que cela fasse 3 minutes que vous lisez cet article. Et bien dans le même temps la BCE vient de « donner » 4,2 millions d’euros aux banques privées !
De façon implacable, cette création d’énormes quantités d’argent n’a servi qu’à alimenter la spéculation capitaliste et les profits des monopoles bancaires de la classe capitaliste. Logique puisque c’est le but de l’Union Européenne et de l’Euro. Les travailleurs contraints à l’euro austérité salariale n’auront eu droit pour leur part qu’à la poursuite de l’augmentation du chômage et la baisse des salaires directs et indirects. Après un an de ce régime et alors que les prix sont tirés vers le bas par la baisse des prix de l’énergie et des matières premières, le risque de déflation est toujours le même en février 2016, les prix au sein de la zone euro avaient continué de reculer de 0,2% et le chômage continue de monter jetant des millions et millions de travailleurs à travers l’Europe dans la misère la plus terrible.
Sortir de l’Euro pour s’en sortir : pour le contrôle souverain de la monnaie par les travailleurs au service des travailleurs
Ce que cet « assouplissement quantitatif » démontre, c’est que de l’argent, des marges de manœuvre, contrairement à ce que répètent à l’envie les ultra libéraux du PS, du FN ou des LR ainsi que leurs chiens de gardes médiatiques, il y en a. Et le peuple n’est pas condamné à l’euro austérité sans fin qui lui est imposée au nom de l’Union Européenne et sous la contrainte de l’Euro. Les peuples, à condition de sortir de l’Union Européenne et de l’Euro et d’imposer le pouvoir démocratique de la classe des travailleurs peuvent construire une alternative de progrès social.
La France, via la Banque de France, est actionnaire à 14% de la banque centrale européenne. Si nous n’étions pas dans l’euro et en faisant l’hypothèse que la Banque de France soit sous le contrôle des travailleurs et qu’elle mène une politique d’assouplissement quantitatif de la même ampleur que celle menée actuellement par la BCE, mais non pas au service des monopoles capitalistes, mais au contraire au service de la classe des travailleurs, elle mettrait à disposition du gouvernement français en 2016 101 milliards d’euros. 101 milliards d’euros c’est une force budgétaire importante, significative. Cela représente 3600€ pour chacun des 28 millions de foyers français ou 8 fois le « trou » de la sécurité sociale.
Sachant que le montant total moyen du salaire annuel moyen dans l’industrie et les service en France est d’environ 34 000 € (d’après Eurostat), cela représente le montant des salaires et cotisations sociales de près de 3 millions d’emplois ! A comparer au 3,5 millions de chômeurs en catégorie A qui pointe à Pôle emplois. Si – dopées par la BCE – les monopoles bancaires ont affiché des bénéfices records (on parlerait de plus de 11 milliards d’euros pour les 10 premières banques européennes rien qu’au second trimestre 2015) le chômage a continué d’exploser en France. La preuve que la Banque Centrale Européenne est une arme servant à remplir les poches de l’oligarchie capitaliste en faisant celles des travailleurs.
Les médias du Capital, le parti unique capitaliste dans ses différentes tendances (du PS au FN) prétendent qu’il n’y a pas d’alternative à l’austérité, aux « réformes structurelles » imposées par l’Union Européenne pour renforcer l’exploitation capitaliste et remplir les coffres des milliardaires. Ce n’est pas vrai.
En sortant de l’UE et de l’Euro par la porte du progrès social et démocratie, comme le proposent les militants franchement communistes du PRCF, celle confiant le pouvoir et la souveraineté monétaire non pas à la dictature de la classe capitaliste mais au peuple c’est à dire à la classe des travailleurs, il serait dont possible de mettre fin immédiatement à l’austérité, de diminuer rapidement et drastiquement le chômage car l’Etat recouvrerait immédiatement les marges budgétaires utiles au financement d’une économie tournée non pas vers la spéculation et les profits exclusifs de la classe capitaliste, mais vers la satisfaction des besoins des travailleurs.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
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