Le PRCF rencontre le personnel de l’ambassade de la République du Bélarus samedi dernier 27 mai, le Chargé d’Affaires Monsieur Kyril Hrusheuski et le Consul Monsieur Ulyan Yaroshevich. Nous avons conversé sur la situation de guerre en Europe, les perspectives de paix pour le continent ainsi que la situation entre nos pays respectifs.
Le PRCF est invité à rencontrer le PC du Bélarus à Minsk dans un temps proche. Le Belarus a été victime de provocations de l’armée otanisée du régime de Kiev et de tentatives d’attentats terroristes sur son territoire qui visent à provoquer une pseudo « révolution » de couleur ou contre révolution contre le Belarus qui est un pays indépendant qui conserve un grand secteur public de services et une partie de l’économie socialisée qui fait bavé les fonds vautours qui dirigent Bruxelles.
Vite sortons de l’UE, l’OTAN, l’Euro et du capitalisme !
Entretien avec le chargé d’affaires de l’Ambassade de la République du Bélarus
1. En France un grand mouvement de protestation sociale et de dissidence contre le régime de Macron et son projet de contre-réforme des retraites est en cours, pouvez vous nous parler de comment fonctionne le système des retraites au Bélarus ainsi que l’âge de départ à la retraite.
Comme le reste de l’Europe au cours des dernières décennies, le Bélarus est confronté au problème du vieillissement de la population. C’est pourquoi une réforme des pensions a été décidée en 2017, qui prévoyait un relèvement progressif de l’âge de la retraite et l’introduction d’un système volontaire d’assurance retraite cumulative.
Tout au long de la période 2017-2021, l’âge général de la retraite a été progressivement relevé (de 6 mois chaque année) de 55 à 58 ans pour les femmes [et pour certains métiers pénibles][1] et de 60 à 63 ans pour les hommes. Dans le même temps, pour certaines catégories de citoyens du Bélarus, la possibilité d’une retraite anticipée liée à l’emploi dans des conditions de travail particulières et à certaines activités professionnelles est préservée. Des garanties minimales de pension ont également été établies par la loi, en vertu desquelles le montant de la pension de retraite attribuée ne peut être inférieur au montant minimum établi.
La République du Bélarus dispose d’un système de retraite à trois niveaux.
Le premier niveau est le système de retraite obligatoire, représenté par les pensions sociales.
Le deuxième niveau est la pension de travail, qui se caractérise comme une composante du système de pension de répartition ou de solidarité.
Le troisième pilier est la pension cumulative, que chaque citoyen a le droit de se constituer avec l’aide financière de l’État. C’est ce que l’on appelle le « coussin de sécurité ». L’essence de cette méthode est que le travailleur peut conclure un accord d’assurance volontaire d’une pension complémentaire par capitalisation [ici on parle d’un système complémentaire individualisé mais qui est géré par l’Etat et non privatisé comme on pourrait le pensait][2], affecter un certain pourcentage de son salaire à l’accumulation d’une pension complémentaire (dans une fourchette de 1 % à 10 %) et un pourcentage égal (mais pas plus de 3 %) est affecté par l’employeur.
[La retraite a taux plein se prend à l’âge légal de départ de la retraite au Bélarus pas comme en France, les années de cotisations ne peuvent pas dépasser l’âge légal, la majorité de la population prend sa retraite avant 62 ans, généralement entre 58 et 60 ans selon les différentes situation, l’avancement à 63 ans ne concerne qu’une minorité d’homme… On est donc loin de la situation connue en France, et très loin des objectifs de la commission européenne des 67 ans et d’une retraite privatisée][3]
Il est important de souligner que le processus de réforme des pensions au Belarus a été beaucoup plus calme qu’en France. Bien sûr, il y a eu un certain calme dû à la mentalité bélarussienne, mais l’État a également essayé de communiquer au public l’importance et la nécessité de ces actions. Des plates-formes de dialogue et des échanges [négociations] avec les représentants des travailleurs, les syndicats, ont été organisés. [Quand on parle de négociation au Bélarus ça n’a pas la même signification qu’ici avec le régime macroniste, il y a un vrai dialogue entre syndicats et autorités][4]
Compte tenu également du processus naturel de vieillissement démographique et de la nécessité de créer des conditions permettant aux personnes âgées de réaliser leur potentiel, auxquels la France est confrontée, notre pays met en œuvre la stratégie nationale pour une longévité active – 2030. Son objectif principal est de former une société pour les personnes de tous âges, d’améliorer la qualité de vie des citoyens âgés par l’adaptation systématique de l’État et des institutions publiques au vieillissement de la population.
2. Quelle est la situation au Bélarus actuellement ? Pensez-vous qu’il y aura prochainement de nouvelles tentatives de déstabilisations des institutions bélarusses ?
Certains hommes politiques européens tentent de présenter la situation au Bélarus comme révolutionnaire. En fait, la situation est radicalement différente de celle décrite par les médias dits indépendants, et une visite dans notre pays est l’un des principaux moyens de s’en assurer. Même dans les conditions actuelles, l’Ambassade du Bélarus en France note non seulement une croissance stable du nombre de visas délivrés aux citoyens français, mais aussi des impressions positives lors des voyages, confirmant ainsi l’image du Bélarus en tant que pays sûr et attractif pour les touristes.
En ce qui concerne les nouvelles tentatives de déstabilisation des institutions bélarussiennes, on peut dire que de telles actions ne sont pas exclues, car la situation mondiale, y compris à la frontière avec le Bélarus, reste tendue. Il faut souligner qu’un certain nombre de pays n’ont pas abandonné ces plans, notamment en soutenant les représentants de l’opposition en fuite qui cherchent des moyens anticonstitutionnels de changer le gouvernement actuel, en encourageant la création de groupes paramilitaires illégaux de mercenaires radicaux en Ukraine, en développant diverses provocations et en organisant des actions qui sont à la limite du crime ou qui en sont. Il s’agit notamment de tentatives de sabotage de voies ferrées et d’installations militaires, de destruction de moyens de transport de représentants des autorités.
Le Bélarus vit et se développe en dépit des sanctions, de la pression et de l’hystérie exercées par un certain nombre de pays occidentaux. Nos entreprises répondent à de nouveaux défis. Malheureusement, l’Occident n’a pas la moindre idée de ce que pense réellement le peuple bélarussien, refuse obstinément d’écouter et d’entendre les arguments du gouvernement et continue de soutenir cyniquement ceux qui s’opposent à l’État bélarussien, en les présentant comme des « prisonniers politiques » et des « victimes de la violence ». En réalité, ces personnes, victimes de manipulations, ont enfreint la loi et ont été justement punies.
Je peux dire que les Bélarussiens voient ce qui se passe et comprennent les événements. Il ne sera pas possible d’influencer la société bélarussienne.
3. Comment vit le Bélarus les hostilités militaires si proches de sa frontière en Ukraine ?
Comme l’a souligné à plusieurs reprises le Président du Bélarus, Alexandre Loukachenko, les Russes et les Ukrainiens ne sont pas des étrangers pour nous. Nous avons une histoire commune longue de plusieurs siècles, des traditions communes, une perception similaire du monde. Les destins de nos peuples sont étroitement liés, les économies sont liées. Il s’agit d’un lien de longue date, tant au niveau national qu’au niveau de l’État. Un lien qui ne peut être rompu si facilement.
Nous sommes intéressés par la paix en Ukraine, notre pays a fait et fait tout ce qui est en son pouvoir pour y parvenir. Trois cycles de négociations ont eu lieu sur le sol bélarussien et notre plateforme reste ouverte à toute initiative de paix. Nous soutenons pleinement les efforts de la Chine pour assurer la sécurité internationale, y compris la résolution de la crise en Ukraine. Le 22 mai 2023, le Ministre des Affaires étrangères du Bélarus, Sergei Aleinik, a rencontré le Nonce apostolique, l’archevêque Ante Jozic, pour discuter des moyens de résoudre la crise ukrainienne et des efforts en cours pour reprendre les négociations. Ce travail est effectué systématiquement à tous les niveaux.
Ce n’est qu’en travaillant ensemble dans le cadre d’un programme unifié que nous pourrons éviter qu’un affrontement régional sans doute terrible et sanglant ne dégénère en guerre mondiale.
4. Quelle solution pensez-vous qu’il ait au conflit en Ukraine entre l’OTAN et la Russie ?
En 2015, le Président de la Biélorussie Alexander Lukashenko a déclaré lors du sommet de l’ONU à New York que le développement durable de tout pays est impossible sans la paix et la sécurité. Le Président a souligné que si l’effusion de sang et le carnage fratricide en Europe ne sont pas stoppés et que le conflit est autorisé à s’intensifier, l’ensemble du monde civilisé sera en danger.
En 2017, lors de la session annuelle de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE, Alexandre Loukachenko a plaidé pour un renforcement des mesures de confiance et de coopération en Europe. Le chef d’État a ensuite avancé l’idée de lancer un nouveau dialogue international sur les questions de sécurité, à l’image du dialogue d’Helsinki.
En 2018, d’abord lors d’une réunion avec le représentant spécial de l’Assemblée parlementaire de l’OSCE pour l’Europe de l’Est, puis quelques mois plus tard lors d’entretiens avec le secrétaire général de l’organisation et lors d’une conférence d’experts internationaux, le Président a de nouveau suggéré que les pays s’assoient à la table des négociations et fassent quelque chose pour réduire le degré de tension en Europe.
Et que font nos partenaires occidentaux ? Ils « éteignent » le feu avec de l’essence. Au lieu de négocier la paix, ils préfèrent gagner sur le champ de bataille. Au lieu d’appeler au compromis, ils appellent à de nouvelles livraisons d’armes. Nous voyons ce qui se passe en Pologne. Les États-Unis et leurs alliés mènent le conflit vers une guerre totale. Nous assistons à une augmentation constante du budget militaire, y compris en France, et à une présence accrue de l’OTAN près de nos frontières. Nous entendons une rhétorique belliqueuse, déjà ouvertement impérialiste, de la part des autorités polonaises. À quoi tout cela sert-il ?
La logique actuellement suivie par les partenaires occidentaux ignore les rapports de force réels et les intérêts des pays non membres de l’OTAN. Elle conduit et a déjà conduit à l’effondrement des mécanismes et des accords de désarmement et à la destruction de la confiance. Malheureusement, récemment, la diffusion des institutions occidentales a été considérée par un certain nombre de pays comme le seul moyen possible de développer un système de sécurité. Le Bélarus a d’autres approches, un point de vue différent. Et nous en parlons dans nos initiatives de paix, de manière constante et cohérente. Nous ne sommes pas d’accord pour dire que plus l’OTAN et son infrastructure militaire sont présentes en Europe, y compris près des frontières du Bélarus, plus la sécurité est assurée. Ce n’est pas le cas. C’est pourquoi toutes les initiatives de paix du Bélarus visent à favoriser le dialogue entre les principaux acteurs.
En ce qui concerne les moyens possibles de résoudre le conflit en Ukraine, je voudrais répéter les paroles du Président Alexandre Loukachenko, qu’il a prononcées lors de son discours à la nation et au parlement en mars 2023, à savoir qu’un conflit armé ne peut être évité que par le biais de négociations.
Le Bélarus est un pays épris de paix. Notre peuple a payé un prix très élevé pour la paix, nous avons perdu un Bélarussien sur trois pour que l’Europe puisse se développer librement [libération de l’Europe du nazisme, 2° guerre mondiale]. Mais c’est aussi pour cela que nous connaissons le prix de l’indépendance. Le Bélarus n’a jamais menacé personne et n’a pas l’intention de le faire, mais nous serons en mesure de nous défendre.
[1] Note du traducteur
[2] Idem
[3] Idem
[4] Note du traducteur