Par Antoine Manessis, fils de Résistants grecs.
Brice Couturier est chroniqueur dans les « Matinales » France-Culture. Chaque jour il récite son dogme libéral, se fait le chantre du capitalisme, pourfend tout ce qui est à gauche de Von Papen ou, si vous préférez, de Milton Friedman, et se contente d’insulter le peuple français, jamais suffisamment rallié à l’Europe capitaliste et au « modèle » anglo-saxon…
Ainsi depuis dimanche soir, jour funeste où les Grecs ont, selon lui, mal voté, contre l’euro, contre l’UE, voire contre la si bénéfique austérité germano-impérialiste, notre chevalier du fric, notre hussard bleu du CAC40, charge sabre au clair contre les Grecs.
Athènes est catalogué dans l’axe du mal avec Cuba et Pyongyang et le camp de concentration de Macronissos, où furent assassinés et torturés des milliers de communistes avant et après la guerre, sera bientôt ouvert pour les les armateurs.
Que le gouvernement grec envisage d’augmenter le SMIC démontrerait ainsi le caractère « populiste » « chaviste » et pour tout dire « totalitaire » d’un tel gouvernement.
Vous l’avez compris Brice Couturier est un homme de bonne foi, rationnel façon Taliban du divin marché… mais personne n’est parfait !
Dommage pour France-Culture qui a perdu beaucoup d’auditeurs du seul fait qu’au petit déj. ils doivent supporter la propagande de Goldman Sachs, de J.-P. Morgan, de la Sainte Trinité de la Troïka (UE,BCE,FMI) avant que la bien nommée « Fabrique de l’histoire » ne diffuse quotidiennement sa vision lourdement antimarxiste de l’histoire..
Mais il y a une différence entre Brice-Couturier et Eric Brunet. Comme il y en avait entre Churchill et Goebbels. Entre François Furet et Stéphane Courtois.
Brunet chroniqueur de BFM (la chaîne du milliardaire Alain Weil, fortune estimée par Challenges à 73 millions d’euros, ), c’est déjà un signe,vient de se permettre une attaque raciste, abjecte et imbécile contre les Grecs.
Imaginez-vous que ces « lâches » ont voté pour un parti de gauche, un parti qui a dans son programme la revalorisation du SMIC, l’arrêt des privatisations, le refus de l’austérité merkélienne et paneuropéenne. Oui les Grecs sont des « lâches » a répété à plusieurs reprises notre ancien directeur de la communication de Vitalia, deuxième groupe d’hospitalisation privée en France.
Le même individu dénonce alors « la tragédie » que représente le vote démocratique du peuple hellène, la victoire de « ultra-gauche poujadiste », la « lâcheté collective des Grecs »…Bref du Julius Streicher anti-grec
Que cet ignorant inculte apprenne donc que la Résistance grecque contre le nazisme et le fascisme fut l’une des plus grandes et des plus vaillantes de l’Europe occupée. Que les Grecs firent subir sa première défaite à l’Axe en battant l’armée fasciste de Mussolini en 1940 et en 1941. Que, durant l’été 1943, se constitua une véritable « Grèce libre », de la Macédoine occidentale au Golfe de Corinthe, en Thessalie, en Épire,dans les massifs de l’Olympe et du mont Parnasse.Que de véritables institutions démocratiques furent mises en place dans ces territoires libérés. Que la BBC, mieux inspirée que M. Brunet, déclara alors:
« Désormais on ne dira pas que les Grecs se battent comme des héros, mais que les héros se battent comme les Grecs ».
Jamais le STO n’a pu être institué en Grèce du fait des manifestations et des gréves en plein Athènes occupée… Qui dit mieux, M. Brunet ?
Le peuple grec a une histoire moderne faite d’antifascisme et de résistance. Et ce peuple de « lâches » est aussi celui qui, dans l’Antiquité, inventa la démocratie et vainquit le despotisme perse sur les champs de bataille de Platée et de Marathon. Ce peuple « lâche », – qui créa la démonstration mathématique (Thalès, Pythagore, Euclide, etc.), le théâtre (Eschyle, fondateur de la tragédie athénienne était un héros de Marathon), l’histoire (Hérodote, Thucydide…), la philosophie (Démocrite, Platon, Aristote, Épicure…), la citoyenneté (Athènes, Sparte, Thèbes…), vaut bien les modèles « culturels » brutaux et primaires que semblent affectionner les Couturier et autres Brunet.
Que M. Brunet ignore tout cela, on s’en doute, puisque sans doute, il ignore même qu’il l’ignore. Mais dans ce cas qu’il ravale ses insultes et que ce marathonien de la bêtise présente, s’il lui encore un zeste de dignité, ses excuses au peuple grec martyrisé et humilié depuis trois ans par la Troïka.
Reste plus fondamentalement et au-delà des ces deux perroquets de l’ultra-droite libérale, hellénophobe et européiste, que les médias ne laissent plus aucune place à la pensée critique et particulièrement, au marxisme. Les choses vont désormais si loin qu’à l’heure actuelle, des profs de philosophie courageux sont sanctionnés dans les établissements « laïques » pour ne pas avoir accompagné suffisamment l’unanimisme obligatoire et l’ « union sacrée » sous surveillance militaire. Vous avez dit fascisation ?
Cette question démocratique devra trouver une réponse politique à la hauteur de l’enjeu : il faudra bien que cesse la mainmise du grand capital et de ses chiens de garde sur les moyens de communication financés par tous les Français !