Coup de tonnerre dans un ciel serein? Certainement pas. Lente et inexorable détérioration de la situation politique? Sûrement. Mais comment en arrive-t-on dans une petite ville de France dont le maire est membre du PCF, à voter à 40% des suffrages exprimés pour un parti d’extrême droite?
D’abord les faits: 69% des électeurs ne sont pas allés voter.
Cela ramène le score du FN à de plus justes proportions sans diminuer en rien – au contraire – la gravité de la crise politique explosive qui travaille en profondeur notre pays.
Mais surtout cela pointe le mécanisme suivant, qui se reproduit partout en Europe: la droite complexée, c’est-à-dire le PS (PSOE en Espagne, Parti Travailliste au Royaume-Uni, SPD en Allemagne, Parti démocrate en Italie, PASOK en Grèce…) réussit péniblement à battre la droite décomplexée UMP. L’électorat espère (un peu) que les pires excès du sarkozisme hystérique seront corrigés ou du moins, qu’il y aura une pause dans les attaques contre le peuple. Le PS met en œuvre sa politique, c’est à dire avec un style différent, plus bonhomme, (on peut désormais s’approcher du Président même si on est un adversaire politique), la même politique que l’UMP, parfois en pire sur le fond. Résultat l’électorat qui attendait des changements ou du moins un frémissement d’inversion de la politique économique et sociale, nationale et internationale est meurtrie, blessée, indignée, rageuse, désespérée, révoltée, résignée, voire toutes ces attitudes politiques à la fois. Et que font-ils ces électeurs bernés et en colère? Ils s’abstiennent. Ecoeurés par la trahison, le mensonge, la veulerie, la lâcheté des dirigeants du P »S ». A ce propos saluons la quasi-honneteté politique de Valls qui proposait dès 2009 :
« Il faut transformer de fond en comble le fonctionnement du PS, nous dépasser, tout changer: le nom, parce que le mot socialisme est sans doute dépassé; il renvoie à des conceptions du XIX° siècle ».
Mais cette dérive droitière du PS a été anticipé, c’est terrible à dire, par les directions successives du PCF : quel principe fondateur du communisme nos grands idéologues « mutants » n’ont-ils pas abandonné depuis 30 ans pour coller au PS, lequel en a aussitôt profité pour « coller » à la droite dite centriste, laquelle… n’a cessé de se rapprocher du FN dans un glissement continu vers la droite du spectre politique français.
En revanche le mot capitalisme lui est bien d’actualité d’autant que le gouvernement PS est devenu une succursale, une annexe, une filiale du MEDEF.
Parallèlement à ce processus politique l’électorat du FN reste stable, donc s’agrandit en proportion de l’abstention de l’électorat de gauche. Sans compter les mécontents et excédés qui utilisent le vote FN comme défouloir.
Là encore pourquoi se tourner vers une extrême droite notoirement rescapée de Vichy et des guerres coloniales ? Parce que vers qui se tourner? Mais le Front de Gauche nous disent des amis…Ah oui ? Mais alors pourquoi les électeurs ne le font-ils pas? 14% au PCF-PS pris ensemble à Brignoles !…Poser la question c’est y répondre si l’on veut faire preuve d’un minimum de lucidité et de cohérence politique.
Réponse: Euro, UE, OTAN.
Chaque ouvrier, employé, petit commerçant, fonctionnaire, pêcheur, petit patron, cadre, professeur…en a fait l’expérience très concrète, l’euro les a plombés, c’est un carcan qui brise les protections sociales, c’est un outil de vie chère, c’est un outil d’asservissement et de casse de la souveraineté populaire. L’euro prive le peuple de France de choisir l’avenir qu’il veut, c’est un outil de la dictature du grand capital supranational.
L’UE est honnie chaque jour davantage par notre peuple qui en comprend la finalité: briser le pôle de résistance et d’espace démocratique qu’est la nation et du coup briser la démocratie (même bourgeoise, c’est déjà trop pour l’oligarchie capitaliste !) et briser les conquêtes sociales. L’UE, tous le monde l’a compris sauf Pierre Laurent et J.-L. Mélenchon, qui a encore expliqué ce matin sur France-Inter que sortir de l’euro serait une catastrophe, comme si l’euro n’était pas déjà l’une des causes centrales de la catastrophe présente ! Et proclamer comme le fait encore la Front de Gauche « nous voulons une Europe sociale » c’est vouloir un crocodile végétarien. La Le Pen, qui n’est pas idiote, a bien compris qu’il fallait utiliser à ses fins le rejet profond de l’UE en le dévoyant dans un sens xénophobe et raciste.
La posture belliciste et ridicule de la politique étrangère du PS avec ses campagnes africaines et proche-orientales, après l’aventurisme impérialiste et contre-productif de Sarkozy, a de quoi refroidir les ardeurs du plus fanatique des partisans du PS…L’alignement sur l’impérialisme US, et l’OTAN, son outil de domination, ne peut que provoquer ce haut-le-cœur de l’électorat progressiste. C’est pourquoi nous pouvons, nous devons rassembler largement contre l’ennemi principal et pour cela constituer un Front Antifasciste, Progressiste et Patriotique.
Voila pourquoi nous proposons la sortie de l’euro, de l’UE et de l’OTAN par la voie progressiste, avant que l’oligarchie ne mette en place une sortie de l’euro par le porte de droite, avec plusieurs euros ou d’autres montages qui ne feraient qu’aggraver le mal. Ces trois sorties mises en œuvre par notre peuple impliqueront un processus, une dynamique politique qui, en provoquant de larges affrontements de classes à l’initiative du camp progressiste, peut rapidement déboucher sur la quatrième sortie, la sortie révolutionnaire hors du capitalisme et la construction du socialisme au rythme que le peuple fixera.
Sans cela, le PS et ses satellites nous mènent au pire, alimentant toutes les frustrations et les haines qui seront canalisées par l’extrême-droite et par la droite pour le plus grand malheur de la classe ouvrière, de notre peuple et de la nation républicaine.
Cette analyse est juste et fort utile; sauf sur un point: ce n’est pas l’électorat du FN qui grandit en proportion de l’abstention de l’électorat de gauche, mais l’influence de ses dirigeants.
C’est très différent, il il faut l’observer avec soin: même si quelques électeurs de gauche sont exaspérés au point de mettre dans l’urne un bulletin FN, la quasi-totalité s’y refuse, et c’est pourquoi nous nous retrouvons avec les proportions d’abstentionnistes et de votes blancs que nous pouvons voir, si nous voulons bien ouvrir les yeux:
En vérité, c’est cette énorme proportion d’abstentionnistes qui fait aux communistes que nous sommes un devoir de faire un pas de plus dans la démarche que nous avons justement amorcée en rédigeant notre « programme-candidat »: je crois que nous devrions modifier sa rédaction pour mettre mieux en évidence sa filiation avec le programme du CNR, et pour faire du « programme-candidat » un argument favorable à la campagne « pour le retour des jours heureux »; nous pourrons alons, en une seule campagne, avec un seul discours, faire grandir parmi les membres du peuple que nous voulons toucher l’exigence d’une reprise de la démarche adoptée par le CNR, lorsqu’il rédigeait son programme, et faire grandir cette exigence au point d’ouvrir la voie à une solution politique véritable aux blocages que nous rencontrons!
Soyons optimistes!
Bonjour ;
dans l’article ci-dessus consacré à une réflexion sur et après les élections cantonales qui ont eu lieu à Brignoles, je trouve que dans le passage suivant :
« Parce que vers qui se tourner ? Mais le Front de Gauche nous disent des amis ….ah oui ? Mais alors pourquoi les électeurs ne le font-ils pas ? 14% au PCF-PS pris ensemble à Brignoles ! … »
il y a une obscurité, qui vient certainement d’une rapidité d’écriture, d’une trop grande concision.
Dans ces deux lignes, il est question, d’abord, du Front de Gauche, puis des électeurs qui ne votent pas pour ce Front de Gauche, et ensuite arrive le ‘ 14% au PCF-PS pris ensemble ’ qui marque le fait qu’en effet les électeurs ne votent pas pour … pour qui au fait
pour le Front de Gauche ou pour l’alliance PCF-PS ?
Car l’alliance PCF-PS ce n’est pas le Front de Gauche !
Le PS ne fait pas partie du Front de Gauche.
Que faut-il comprendre exactement ?
Fraternellement.
Paul Carlé
@ paul, voici mon interprétation personnelle.
A Brignoles, il s’agissait d’un candidat PcF, soutenu par le front de gauche et par le PS.
De fait un candidat FdG
Et il n’a fait que 14% dans une élection surtout marquée par l’abstention.
Certes l’alliance avec le PS ajoute encore au brouillage, mais Brignoles n’est que la répétition de Villeneuve sur Lot, ou là aussi les électeurs ont massivement boudé le FdG et les urnes :
Je vous invite à lire le dernier billet rouge de Floreal : deux tactiques pour combattre l’extrême droite, qui apporte une réponse claire à votre question :
« Quant à la gauche établie, du PS aux dirigeants décaféinés du PCF, son principal « barrage » au FN n’est qu’une passoire à gros trous : la tactique dite du « front républicain », qui évite surtout à ladite « gauche » de s’interroger sur ses reniements, consiste à soutenir n’importe quel réac rebaptisé « républicain », sous prétexte de « battre le FN » au 1er ou au 2ème tour de la moindre cantonale. A Brignole, on a vu ainsi le maire, candidat du PCF, imprimer sur ses tracts la rose au poing (à défaut de la faucille et du marteau !) ; et à l’arrivée, on a le bide cinglant dudit candidat, pendant qu’au 2ème tour, le PS et le PCF paniqués appellent à voter… UMP pour « battre l’extrême droite » ! Faut-il s’étonner dans ces conditions si l’abstention populaire a battu des records dans le Var ?
Au-delà de la partielle du Var, on mesure les résultats de fond des dérives opportunistes que nous dénonçons depuis toujours : la droite classique vire à l’extrême droite, le PS à l’extrême « centre », le PCF à la social-démocratie. Et pendant que ce petit monde s’aligne sur son voisin de droite, le FN, seul point fixe du paysage politique en pleine dérive réac, peaufine son plan de marche vers l’Elysée… «
De fait, la position eurolâtre du FdG est aussi dictée par cette volonté de s’allier au PS, de faire parti du PGE. Et pour cela, défendre le mensonge de l’europe sociale est une condition indispensable.
Clément,
je suis d’accord avec la position que tu exposes ( à nouveau )
mon interrogation portait sur l’ambiguïté qui existe dans les deux lignes que j’ai cité
si je fais lire cela à des amis et à des connaissances, ils vont me dire : » ce n’est pas clair »
et en effet cela ne l’est pas, encore une fois par soucis de brièveté certainement,
il aurait fallu ‘ éclaicir ‘ ( expliciter ) cette position du candidat PCF soutenu par le P S
et par le Front de Gauche
Paul
certes, faire court et tout dire de façon explicite est parfois une gageure.