La France prête à disparaître du Conseil de sécurité de l’ONU…
Lundi 10 mai 2021, la commission des Affaires étrangères du Parlement européen, sur proposition d’une eurodéputée et ancienne « socialiste » espagnole, Maria Soraya Rodriguez Ramos, a adopté un « Rapport sur la recommandation du Parlement européen au Conseil concernant la soixante-quinzième session de l’Assemblée générale des Nations unies ». Parmi la myriade de rapports, recommandations et autres directives, ce texte se révèle d’une importance capitale pour la souveraineté militaire de la France. En effet, le présent rapport appelle à ce que le Conseil (européen) « poursuive ses efforts pour permettre à l’Union et à ses États membres de s’exprimer progressivement d’une seule voix au sein des Nations unies, notamment en ce qui concerne le Conseil de sécurité des Nations unies ». Autrement dit, et comme pressenti et affirmé par le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) depuis des années, Macron s’apprête progressivement à valider le remplacement de la France comme membre permanent du Conseil de sécurité de l’ONU par l’Union européenne (UE).
Qui ne peut voir, derrière cette nouvelle forfaiture, une application du « saut fédéral européen » cher à Macron et à tous ses satellites– à commencer par les euro-fédéralistes pseudo « socialistes » et « écolos » – qui se traduit par le démantèlement d’une conquête diplomatique chèrement acquise en 1945 par les Résistants, de Gaulle et les communistes en tête ? Ainsi se substitue une prétendue « souveraineté européenne », par définition introuvable car ne reposant pas sur une base nationale ET populaire, à la souveraineté de la France, dont le délitement s’accélère à vitesse grand V : euro-régionalismes détruisant la République une et indivisible ; démantèlement des services publics (qualifiés de « services d’intérêt économique général » par la juridiction européiste) ; soumission à la Banque centrale européenne (BCE) qui exerce la puissance monétaire et à la Commission européenne qui valide ou non les budgets nationaux des États-membres ; aplatissement de la France dans le cadre de l’OTAN, « partenaire stratégique » de l’UE et dont la réintégration par Sarkozy en 2009 a converti la France à un désastreux alignement atlantiste et occidentaliste – satisfaisant ainsi les théoriciens néoconservateurs du « choc des civilisations » et l’impérialisme états-unien.
… pour la plus grande joie de l’Allemagne de Merkel et de ses valets euro-fédéralistes
Dans le cas présent, derrière le remplacement progressif de la France sur la scène internationale au profit de l’UE, il s’agit en réalité d’une nouvelle offensive agressive de l’Allemagne de Merkel, dont l’hégémonie sur la « construction européenne » s’affirme jour après jour. Car l’Allemagne réaffirme sa puissance en s’appuyant sur ses subordonnés « français », à l’image de Macron qui a déjà davantage accru la dépendance de la France en signant le calamiteux traité d’Aix-la-Chapelle (tout un symbole : l’ancienne capitale de l’Empire carolingien !) le 22 janvier 2019. En portant son budget militaire annuel à plus de 53 milliards d’euros en 2021, l’Allemagne cherche à complaire à l’OTAN – qui estime ce chiffre insuffisant et appelle à davantage d’efforts… – et confirme ses ambitions et sa nette domination sur la France, qui hoche de la tête sans sourciller. Sûre de sa force, Angela Merkel a pu se fendre d’un message « ambigu » en mars 2019, défendant l’idée de « réunir les voix européennes au Conseil de sécurité de l’ONU », avant de concéder alors que « la France est sceptique au sujet d’un siège européen à l’ONU ».
« Sceptique » ? Ce n’est pas le cas des forces euro-fédéralistes comme les pseudo « Républicains », les faux « socialistes » et les « euro-bobo-Verts » qui ont approuvé ce texte, à l’instar de l’eurodéputée EELV Salima Yenbou. Quant au groupe « Renew Europe » auquel appartient la Macronie, il a confirmé son projet de « souveraineté européenne », comme le prouve le vote de l’ancienne ministre de la Défense Nathalie Loiseau ; le groupe « The Left », auquel appartient la France insoumise, s’est quant à lui abstenu. Et si les eurodéputés RN ont repoussé ce texte en dénonçant – à raison – une subordination de la France, n’y voyons nullement le signe d’un engagement sincère en faveur de la souveraineté nationale et populaire : après tout, le mensonger « Rassemblement national » ne veut-il pas rester dans l’UE, l’euro et l’espace Schengen ? N’a-t-il pas soutenu mordicus le suprémaciste et belliciste Donald Trump et ne soutient-il pas de manière inconditionnelle le colonialisme sioniste assassin des Palestiniens ? Ne vise-t-il pas, comme toutes les autres forces citées, à ancrer la France dans le « bloc occidental », au risque de précipiter le « choc des civilisations » et de pousser à la guerre civile en France en appelant, derrière ses accents martiaux de lutte contre l’islamisme, à la chasse aux citoyens français et travailleurs étrangers de confession musulmane ?
Collaboration européiste ou Résistance communiste, il faut choisir !
Ce qui se joue est tout simplement la disparition de la France et de son rôle historique dans le combat internationaliste en faveur de la paix, de la coopération des peuples et de la justice, comme sut le faire Jacques Chirac en s’opposant à la guerre en Irak en 2003 – contre l’avis de son propre camp et des caciques « socialistes ». Une politique nécessitant une totale indépendance vis-à-vis des forces de soumission que sont l’impérialisme états-unien, l’OTAN et l’UE, mais aussi les forces néocoloniales françaises comme le MEDEF qui se fiche comme une guigne que l’UE devienne le nouvel « acteur global », tant que ses intérêts bien compris sont soigneusement préservés par l’armée française au sein de l’ancien « pré carré » africain notamment. Comme les émigrés à Coblence pour écraser la Révolution en 1793, comme Adolphe Thiers allié à Bismarck pour massacrer la Commune de Paris en 1871, comme Pétain et tous les anticommunistes et antirépublicains de choc désireux d’abattre la « Gueuse » qui collaborèrent massivement avec l’Allemagne nazie, Macron et tous les euro-gouvernements précédents procèdent à l’euro-dissolution de la France dans le « nouvel Empire européen » (Bruno Le Maire) qui n’est qu’une resucée du Saint-Empire sous hégémonie allemande. Comme l’affirma Yvonne Bollmann dans un récent entretien accordé à Initiative communiste au sujet de la création de la collectivité européenne d’Alsace, c’est « l’Union européenne über alles ! ».
Voilà pourquoi, pour reconquérir la souveraineté nationale et populaire abandonnée à Bruxelles, Berlin et Washington, pour que la France retrouve sa place aux côtés des peuples en lutte pour leur indépendance et leur liberté, pour œuvrer à un ordre international basé sur la coopération et l’égalité et non la « concurrence libre et non faussée » faisant la joie des profits capitalistes, il est vital de sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme exterministe, et non capituler une énième fois face à un ordre impérial(iste) promettant transformant les citoyens et les travailleurs d’Europe en esclaves des desiderata de l’infâme troïka BCE-Commission-Fonds monétaire international (FMI) et du duopole impérialiste germano-états-unien. Et ainsi, faire de l’ONU non pas une caisse de résonance des appétits impérialistes occidentaux (essentiellement), mais une arme de destruction massive des impérialismes et des forces bellicistes semant misère, chaos et mort au sein de la « mondialisation capitaliste ».