Il y a deux ans, Initiative Communiste avait dénoncé un véritable démantèlement d’Alstom titrant Alstom General Electric : le résultat des promesses du gouvernement chômage et désindustrialisation.
Emmanuel Macron, alors ministre de l’économie, lui, soutenait la vente de la partie énergie à la multinationale américaine General Electric arguant que cela permettrait à la partie transport (ferroviaire) de se développer, cette dernière est aujourd’hui en passe d’être contrôlée par la multinationale allemande Siemens, avant d’être elle aussi liquidée.
Le bilan tragique de cette opération de démantèlement est connu : les usines, les centres d’ingénierie, les carnets de commandes, les brevets sont désormais sous contrôle de General Electric, de Siemens et de Fincantieri est, à moins que la mobilisation populaire aux cotés des salariés d’Alstom ne l’en empêche – les fermetures d’usines et de bureaux d’étude risquent bien de se multiplier entraînant la fin d’un secteur industriel stratégique complet (transport et énergie) présents depuis des siècles en France, aggravant de façon dramatique et criminelle la désindustrialisation de notre pays.
Contre la liquidation d’Alstom Hydro, l’usine occupée à Grenoble depuis 10 jours
À peine deux ans après la vente d’Alstom-énergie à la multinationale américaine General Electric – pour une bouchée de pain – les suppressions d’emplois s’enchaînent. Faut-il rappeler ici que Macron avait garanti en tant que ministre de l’économie et promoteur de ce scandale que GE créerait 1000 emplois ?
Pas de création d’emplois, mais au contraire des suppressions d’emplois qui se multiplient. Les dernières en date ? plus de trois cents licenciements annoncés à Grenoble sur les 800 emplois d’excellence du site de production et de Recherche et développement de l’usine de pointe de cette métropole des Alpes où a été inventée l’hydroélectricité.
Il s’agit pour GE de fermer un site de production en France pour le délocaliser dans des pays où les travailleurs sont plus exploités avec des salaires et des droits moindres. La recherche et développement est également menacée. Une fois la production mise à l’arrêt, une fois l’ensemble des brevets et technologies maîtrisés par General Electric, les techniciens et ingénieurs connaîtront le même sort que les travailleurs de la production. Qui plus est la recherche et développement dans un secteur de pointe où il n’est pas question de production en grande série ne peut être dé-corrélée de la production sans perdre très rapidement en efficacité.
Jusqu’à présent, le patronat refuse de négocier avec les travailleurs. Et fait appel à la matraque du pouvoir Macron pour s’en prendre aux salariés. Ces derniers ont ainsi eu la surprise d’être convoqués en préfecture par leur direction… cette dernière refusant de venir échanger avec les 800 salariés du site.
Une délégation de militants du PRCF 38 – emmenée par Jean Louis un des militants emblématiques de la section grenobloise syndicaliste CGT qui a conduit une occupation d’usine chez Merlin Gerin (devenu Schneider Electrique) Grenoble il y a quelques années- est venue apporter le soutien total des militants communistes aux travailleurs en lutte. Les travailleurs occupant l’usine ont également reçu une visite de soutien du député FI Jean-Luc Mélenchon.
Fermer Alstom Hydro Grenoble ? un crime contre la nation, bradant un secteur stratégique de la production
Les turbines, les capacités de production des équipements hydroélectriques, c’est un secteur stratégique essentiel, un maillon essentiel et au cœur des défis de la transition écologique et énergétique. Au-delà du soutien affiché de Macron et son gouvernement au dépeçage d’Alstom, chacun peut entendre le silence assourdissant de l’animateur télé de TF1 qui occupe le poste de ministre du développement durable. Hulot est bien trop occupé à satisfaire les revendications des agro-capitalistes. Pendant ce temps, c’est le milliardaire Bouyghes qui va empocher des milliards en profitant de ce dépeçage en règle d’un des joyaux de l’industrie française. Ce sont les actionnaires de ce groupe qui après s’être gavés de dividendes – les difficultés comptables du groupe n’étant pas liées à des difficultés commerciales ou de rentabilité mais bien aux dividendes faramineux servis par l’entreprise à ses actionnaires ces dernières années – sabrent le champagne alors que les plans de licenciement et les fusions-acquisitions font bondir le cours de l’action Alstom. Près de 4 milliards d’euros du produit de la vente d’Alstom à GE ont été distribués en dividendes et rachats d’actions pour soutenir le cours de l’action en bourse, à comparer à la capitalisation boursière du groupe qui est de 5 milliards d’euros ! Plutôt que d’arroser ses actionnaires, le groupe aurait donc largement pu investir, moderniser ses usines, une façon de profiter d’un creux de charge de production pour préparer l’avenir. Mais l’avenir ce n’est pas ce qui intéresse l’oligarchie capitaliste ! Et ce n’est pas la baisse des impôts sur le capital et les dividendes que Macron met en œuvre qui va changer la donne.
Laisser fermer l’usine Alstom Hydro de Grenoble, c’est laisser disparaître la capacité de production et avec elle le savoir- faire dans un secteur stratégique de la production en France. Un patrimoine qui est le fruit du travail de générations de travailleurs, et de l’investissement de la Nation, notamment avec l’équipement du territoire par Électricité de France – le service public nationalisé de l’énergie à la Libération par le ministre communiste Marcel Paul – en barrages hydroélectriques. De fait, Alstom, c’est le patrimoine de la Nation, résultat de décennies d’investissements publics et du travail de ses salariés. Et à l’évidence puisque les patrons voyous – rappelons ici que le patron d’Alstom Patrice Kron a finalisé la vente pour une bouchée de pain du groupe à General Electric au moment même où Alstom se voyait condamner à une amende record de centaines de millions de dollars pour corruption – n’ont pour seuls résultats que la liquidation du groupe, il est temps que ce soient les travailleurs qui ont fait de cette entreprise un leader mondial qui en prennent le plein et entier contrôle avec une nationalisation sans condition et sans indemnité. C’est là la proposition efficace, honnête et légitime que font les militants du PRCF depuis des années.
Le démantèlement et la liquidation d’Alstom : un crime supplémentaire de l’Union Européenne
La nationalisation, c’est une solution évidente. Tellement évidente que Sarkozy et Montebourg ont prétendu procéder à une nationalisation partielle du groupe pour sauver Alstom. Sauf que les grands élans de com’ de Montebourg et de Sarkozy se sont révélés vides de tout sens puisque la Commission Européenne a interdit dès 2004 la nationalisation de l’entreprise, cela en application des traités européens et au nom de la concurrence libre et non faussée. C’est avec le même motif que l’Union Européenne avait interdit la nationalisation d’Arcellor. Même cause, même effet : le milliardaire indien Mittal a pu ainsi s’emparer du leader de l’acier Arcellor avant de fermer une par une ses usines dans l’est de la France, STX, puis GE et Siemens et maintenant Fincantieri ont mis la main sur Alstom, et là aussi les fermetures d’usines sont déjà lancées.
Avec Alstom, les travailleurs ont une preuve de plus que pour s’en sortir, il faut sortir de l’Union Européenne : à défaut d’échapper aux diktats de l’Union Européenne, le dumping social, les délocalisations, la désindustrialisation vont se poursuivre et s’accélérer.
Que faire ? Quelles solutions ?
NATIONALISER pour un grand pôle public des transports, un grand pôle public de l’Énergie, réindustrialiser au profit de la transition écologique et de la baisse du chômage.
Il y a deux ans, le PRCF expliquait que la nationalisation totale d’Alstom était la seule solution et que la stratégie suivie par Hollande à la suite de Sarkozy en application des ordres de l’UE ne mènerait qu’au démantèlement de l’entreprise et au chômage, force est de constater, scandales Alstom après scandales Alstom, que les faits lui donnent 100% raison.
La solution est donc logique et évidente : l’État doit nationaliser Alstom, sans indemnité, puisque les travailleurs ont déjà payé plusieurs fois. Comme salariés du groupe, comme usagers des services publics, comme contribuables. Non seulement sa branche transports mais également sa branche énergie, et sa branche construction navale. Pour l’adosser aux services publics des transports (SNCF, RATP…) et de l’énergie (EDF/GDF), ces derniers secteurs étant eux aussi à renationaliser d’urgence, supprimant les scandaleuses privatisations imposées là aussi par l’Union Européenne et mises en œuvre par Sarkozy. Une évidence reconnue désormais par Jean-Luc Mélenchon qui réclame dans un communiqué lui aussi la nationalisation d’Alstom et reconnait que cette nationalisation ne peut se faire dans le cadre de l’Union Européenne. On peut s’étonner que Jean-Luc Mélenchon ne propose donc pas clairement de sortir de l’UE, alors que sans sortie de l’UE par la voie progressiste, aucune politique de gauche, pour les travailleurs, n’est possible. Oui, l’affaire Alstom Grenoble, après l’affaire Alstom Belfort, le prouve de manière tragique, pour les travailleurs, pour s’en sortir, il faut sortir de l’Union Européenne.
Jean Baptiste Clément pour www.initiative-communiste.fr
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