Cédric Durand, Économiste à l’Université Paris-XIII (*) dans une tribune publiée par le journal l’Humanité du 4 mars en arrive à la conclusion évidente et qui s’impose : pour une politique de gauche, il faut sortir de l’Union Européenne. C’est là une analyse que défendent les militants franchement communistes du PRCF depuis des années.Ce sont bien les faits, années après années, qui donnent raison au PRCF.
Extraits et commentaires ci-après.
« L’Union établit un marché intérieur. Elle œuvre pour le développement durable de l’Europe fondé sur une croissance économique équilibrée et sur la stabilité des prix, une économie sociale de marché hautement compétitive, qui tend au plein-emploi et au progrès social, et un niveau élevé de protection et d’amélioration de la qualité de l’environnement. » Traité de Lisbonne, article 2.3. [ndlr le Traité de Lisbonne est en fait le traité constitutionnelle européen TCE à peine modifié, rejeté dans les urnes par les français le 29 mai 2005
Le 30 mai prochain, le PRCF propose avec l’ensemble des organisations des Assises du Communisme une manifestation pour la sortie de l’Union Européenne, de l’Euro, de l’OTAN et du Capitalisme.
La gauche conquérante doit affronter l’Union européenne
par Cédric Durand, auteur du Capital fictif. Comme la finance s’approprie notre avenir. Les Prairies ordinaires, 2014.
Longtemps, la gauche considéra l’Europe comme un élargissement de l’espace. Notre maison commune, plus vaste et plus ouverte. Bien sur, le raidissement néolibéral impulsé de Bruxelles était combattu. Nous luttions pied à pied contre les traités sanctifiant la concurrence et les libertés du capital. L’Union européenne (UE) n’en incarnait pas moins notre destinée politique. Il fallait changer l’Europe.
Du caractère de classe de l’Union Européenne, de ces institutions, de l’Euro. On pourra observer que dès l’origine, les communistes ont combattu la construction européenne, dénonçant son caractère de classe, son caractère impérialiste et anti internationaliste : l’UE a été construire dès l’origine par et pour la classe capitaliste contre la classe des travailleurs, contre les pays socialistes.
Contre la CED, contre l’acte Unique, contre l’Euro, Contre Maastricht… tels ont été les combats des communistes, mais également des syndicats comme la CGT. Ce n’est qu’avec la mutation-liquidation, et pour pouvoir participer au gouvernement de la gauche plus rien, que certains dirigeant du PCF se sont alignés sur le PS, défendant le mensonge et la dangereuse illusion d’une « Europe sociale ». Comme si on pouvait rendre un crocodile végétarien ! Entrainant d’ailleurs un effondrement du parti, coupé des classes populaires en prise avec l’impitoyable guerre des classes menées par l’Union Européenne, saccageant leurs droits, comprimant leurs salaires, cassant les usines, l’agriculture et la pêche de notre pays.
Est-il possible pour des forces de gauche de mettre en œuvre le mandat démocratique qui les a portées au pouvoir tout en restant dans l*euro ? La réponse est non, sans ambiguïté
Les réponses à la crise coordonnées depuis Bruxelles imposent une révision de doctrine. Les pouvoirs des institutions démocratiquement déficientes de I’UE, et en particulier ceux de la BCE, se sont considérablement renforcés. L’agenda de la stabilité financière a ouvert grand les vannes des financements publics aux banques et aux investisseurs. Avec l’affirmation du césarisme bureaucratique européen, la souveraineté des marchés prend le pas sur celle des peuples. On réserve à ceux-ci l`austérité à perpétuité et une charge sabre au clair contre les droits sociaux. Violemment anti-populaire, l’Union européenne est un dispositif de domination qui détruit l’idée même d’Europe. Loin de rapprocher les populations du continent, elle les dresse a les unes contre les autres dans d’absurdes comptes d”apothicaire. (…)
Est-il possible pour des forces de gauche de mettre en œuvre le mandat démocratique qui les a portées au pouvoir tout en restant dans l*euro ? La réponse est non, sans ambiguïté. Le panache et la détermination de la nouvelle équipe dirigeante grecque se sont heurtés à un mur du refus. Sous la menace d’un étranglement financier immédiat, le gouvernement a été acculé le 23 février à un accord intérimaire qui tourne le dos au programme qui a fait le succès de la coalition de la gauche radicale : non à la restructuration de la dette, retour de la troïka, réponse à l’urgence humanitaire à coût budgétaire nul, report des augmentations salariales sine die, poursuite des privatisations… Ceux qui espéraient faire bouger les lignes de la gouvernance européenne en sont pour leurs frais. Pour Syriza, la leçon est rude.
Les faits sont les faits. www.initiative-communiste.fr les a donnés à constater, notamment en fournissant la traduction in-extenso de ce que la troika a imposé sous la menace de l’Euro au gouvernement Tsipras, dans un scénario funeste mais prévisible, et d’ailleurs prévu par les militants communistes du PRCF, Au delà de Cédric Durand, ce sont de nombreuses figures de Syriza, tel Manolis Glezos, qui font aujourd’hui le même constat.
Au bout de la confrontation engagée, il n’y a que deux options: soit la déroute politique, soit la sortie de l’euro. Un plan B préparé de longue date par une partie de la gauche grecque et qui a désormais toutes les chances de se réaliser a brève échéance. Cette séquence est riche d’enseignement pour la gauche européenne dans son ensemble.
Comme le constate Cédric Durand, la leçon ne vaut pas que pour Syriza, mais bien pour l’ensemble des composantes alignés sur le PGE – subventionné par l’Union Européenne.Il est désormais temps de passer d’une gauche du déni à une gauche de combat (lire ici : Réformer l’UE ? l’illusion de l’Europe sociale de la gauche du déni mène à la catastrophe).
Internationalisme des travailleurs, internationalisme du capital : il faut faire un choix de classe
L’UE est le fruit d’un internationalisme du capital. La montée en puissance d’institutions supranationales a permis de contourner les acquis des luttes ouvrières du passé sédimentés dans les vieilles structures étatiques. L’ordre juridique européen cristallise et nourrit la dégradation des rapports de force qui s’est produite depuis les années 1980. En mettant à son sommet le principe de concurrence et la stabilité financière, l’UE cantonne les droits sociaux et les services publics au rang de variables d`ajustement.
Brisons les chaines de l’Union Européenne proclame le slogan d’une affiche bien connue du PRCF. C’est bien de cela qu’il s’agit. Et les exemples innombrables, en France sont autant de preuves : de la privatisation des routes, à celles des télécoms, en passant par l’énergie ou les retraites, bientôt la santé et l’éducation, de la casse du droit du travail en passant par la liquidation de nos retraites, de la liquidation de l’industrie (qui a oublié le scandale du démantèlement d’Alstom, celui de Arcelor? deux exemples parmi tant d’autres)
Sortir de l’UE par la gauche, une stratégie révolutionnaire
Si la gauche relève la tête dans tel ou tel pays renverser la hiérarchie des priorités au niveau européen n’est malheureusement pas possible. La désynchronisation des rythmes politiques et sociaux et la fragmentation des arènes politiques nationales interdisent de l’envisager a court terme une confrontation politique d’ampleur directement européenne.
Pour le camp de l’émancipation,retrouver le chemin des victoires et des conquêtes signifie ainsi affronter l’UE. C’est en soutenant les peuples les plus avancés dans ce combat que se construit l’internationalisme du XXIe siècle sur notre continent.
Sortir de l’UE, de l’euro par la porte de gauche, c’est donner un formidable élan révolutionnaire à la classe des travailleurs. Pour la démocratie, pour la paix, pour le progrès social et l’internationalisme des travailleurs. C’est là une orientation stratégique propre à s’appuyer sur une dynamique populaire largement majoritaire, propre à rendre l’espérance mobilisatrice qui peut conduire la majorité populaire à révolutionner le cours de l’Histoire, pour sortir du maelstrom austéritaire, guerrier et fascisant dans lequel l’inévitable aggravation permanente de la crise structurelle du capitalisme ne cesse d’enfoncer les peuples.
Lire ici Que faire ?, entretien avec Georges Gastaud, secrétaire national du PRCF