Dans un communiqué du 28 juin 2018, la CGT s’est exprimé sur les mesures protectionnistes lancées par le régime Trump, avec notamment la dénonciation de l’accord international concernant le nucléaire iranien. Loin de dénoncer l’affrontement inter impérialiste, et notamment le rôle de l’impérialisme européen avec, pour principal acteur de l’écrasement des peuples, l’Union Européenne du Capital, de façon étonnante le communiqué de la direction de la centrale appelle à renforcer l’Union Européenne. Le Front syndical de classe analyse cet étrange communiqué de presse et démontre le danger pour les travailleurs de s’engager dans l’illusion mortelle d’un soutien à l’Union Européenne du Capital
CGT : l’illusion mortelle d’une issue européenne à la crise actuelle
4 juillet 2018 – Front syndical de Classe
Le récent communiqué de la direction confédérale à propos des décisions de Trump sur la sortie de l’accord nucléaire iranien et de ses conséquences pose de sérieuses questions.
Les conséquences de cette sortie de l’accord sont évidemment extrêmement néfastes ET sur le plan de la paix et de l’équilibre mondial ET sur le plan économique.
Mais qu’attendre de l’Union européenne ?
Que dans leur réponse ses dirigeants partent « de la satisfaction des besoins des populations et de la prise en compte des défis environnementaux« ?
Qu’ils impulsent » une autre construction européenne, sociale, solidaire et démocratique avec l’intervention des citoyens, des travailleurs, pour peser dans le sens de l’intérêt des peuples » ?
Allons donc !
Laisser croire que cela puisse advenir c’est entretenir des illusions mortelles dans le monde du travail!
C’est oublier qu’à la fois la politique macronienne, celle de l’oligarchie en France et celle de l’Union européenne depuis sa fondation est structurée sur la mise en concurrence des travailleurs et des peuples, sur le dumping social organisé pour peser sur les salaires, les dépenses sociales, les dépenses publiques.
Et sur la guerre économique mondiale qui traverse aussi les puissances occidentales par ailleurs coalisées contre les puissances émergentes qui contestent leurs prétentions unilatérales!
La crise d’hégémonie états-unienne accentuant considérablement la pression US sur ses vassaux et alliés!
Le bradage d’Alstom sous chantage extra-territorrial à General Electric avec la bénédiction de Macron alors ministre de l’économie de Hollande, le retrait actuel d’Iran de PSA, de Total, d’Accor … montrent à l’évidence, derrière les protestations sur le comportement erratique et imprévisible de Trump, que les classes dirigeantes européennes et françaises se comportent en vassales du grand suzerain atlantique et que pour des raisons de classe elles ne l’affronteront pas!
En tout cas pas sur le terrain de la politique sociale!
Simplement elles utilisent la conjoncture inédite actuelle pour pousser les feux vers une Europe fédérale, une Europe de la défense consacrant d’énormes moyens en dépenses militaires au détriment par conséquent des dépenses utiles aux populations.
La politique réactionnaire macronienne de remise en cause systématique de TOUS les conquis de la Libération est donc totalement intégrée à sa politique européenne!
Et c’est au nom de sa capacité à « réformer » la France qu’il se présente au niveau européen en champion d’une Europe régénérée!
Dans la situation actuelle, partir « de la satisfaction des besoins des populations et de la prise en compte des défis environnementaux » ne peut résulter que des luttes autonomes des travailleurs sur leurs propres objectifs sociaux, en les liant à la bataille pour une alternative politique authentiquement au service des travailleurs et par conséquent en dénonçant et en combattant les choix et les orientations du pouvoir français comme de l’Union européenne au service exclusif de l’oligarchie!
La nécessaire remise en cause des privilèges du dollar, des prétentions extra-territoriales des États-Unis, la nécessaire mobilisation monétaire pour l’investissement, une véritable politique industrielle, la prise en compte des intérêts sociaux et environnementaux … ne résulteront pas d’une impossible réorientation européenne que ses institutions et ses traités verrouillés ne permettent pas et que ses classes dirigeantes accrochées à leurs privilèges ne laisseront pas faire, l’exemple grec en atteste, MAIS résulteront donc d’un rassemblement populaire lucide sur les enjeux à la construction duquel le mouvement syndical et la CGT en particulier doivent contribuer!
le communiqué de la cgt :
GUERRE COMMERCIALE Indistinctement les salariés en sont les premières victimes
jeudi 28 juin 2018
Sortie de l’accord sur le nucléaire iranien, taxes sur l’acier et l’aluminium, la politique de Trump oblige à s’interroger sur les conséquences de ces décisions et sur la capacité de la France et de l’Europe à développer une politique industrielle. Les seuls perdants d’une guerre économique seraient les travailleurs de tous les pays.
Il est nécessaire d’agir pour impulser la construction d’une réponse, en France et en Europe, qui parte de la satisfaction des besoins des populations et de la prise en compte des défis environnementaux. C’est le seul chemin pour bâtir la paix ici et ailleurs.
La mise en compétition des pays, la mise en concurrence des travailleurs font que la politique industrielle européenne est inexistante. C’est encore plus vrai pour la France dont l’obsession à offrir aux actionnaires des dividendes toujours plus élevés a conduit à des sous-investissements massifs dans l’appareil productif, la recherche, la formation, les qualifications, les salaires. Cela rend notre système productif encore plus sensible aux politiques des autres pays en la matière avec des répercussions directes sur l’emploi.
L’arme de justice extraterritoriale américaine a déjà servi à liquider certains de nos fleurons industriels. Le scandale d’Alstom et de la vente de la branche énergie à Général Electric revient sur le devant de l’actualité avec le piétinement par Général Electric de son engagement à créer 1000 emplois en France.
Nous sommes dans un affrontement qui dépasse les enjeux commerciaux à court terme.
Pour résister, il est nécessaire d’avoir une véritable politique industrielle pour notre pays et que la France joue son rôle pour impulser la construction d’une politique industrielle européenne qui fait cruellement défaut.
Pour la CGT, le moment est venu d’une mise à plat des questions fondamentales :clarification de la logique des échanges. Multilatéralisme maîtrisé. Ni libre-échange, ni fermeture des frontières ;
remise en ordre du système monétaire international et fin du privilège du dollar. Mobilisation de la création monétaire en euro au service d’un nouveau développement ;
élaboration d’une politique industrielle européenne et nationale ouverte aux coopérations mutuellement avantageuses ;
prise en compte des intérêts sociaux et climatiques dans les échanges.
Mesures en faveur des pays les moins développés ;
fin du privilège juridique d’extraterritorialité de la législation américaine.
Loin d’un repli, la mise en place de mécanismes de coopération ainsi que de filtres aux frontières de l’Europe pour « avantager » les produits correspondants à des normes sociales, environnementales, fiscales dignes de ce siècle et la vérité des prix pour favoriser les produits issus d’une économie réellement circulaire avec des circuits courts constitueraient une ébauche de réponse.
Au final, il s’agit d’impulser une autre construction européenne, sociale, solidaire et démocratique avec l’intervention des citoyens, des travailleurs, pour peser dans le sens de l’intérêt des peuples.Montreuil, le 28 juin 2018