En Alsace, deux projets « territoriaux » s’opposent à l’heure de l’euro-länderisation de la France et de plusieurs pays européens (Espagne, Belgique, Italie…).
Le projet Hollande consiste grosso modo à regrouper l’Alsace et la Lorraine pour faire une grande région Est. Le projet de la droite alsacienne, soutenue par le MEDEF local et fort peu combattu par le PS, consiste à fusionner les deux départements et la région, en clair, à supprimer les départements et à jeter les bases d’une grande région transfrontalière où le français reculerait devant l’anglais et l’allemand (cf la récente délibération scandaleuse du conseil municipal de Saverne !).
Les deux projets sont également antipatriotiques, antisociaux et antidémocratiques.
Le projet des deux conseils généraux alsaciens à majorité UMP bafoue grossièrement le référendum local qui avait vu le rejet de la fusion par la majorité des électeurs du Haut-Rhin. Le PRCF avait milité contre cette fusion qui avait deux objectifs réels, derrière le verbiage sur la « simplification administrative » (tu parles !) et le « moins-disant fiscal », cette fable pour enfants sages. La réalité est qu’une partie considérable de la bourgeoisie alsacienne veut se tourner vers le Bade-Würtemberg allemand voisin et former avec lui une région transfrontalière. Outre l’aspect grossièrement antinational de cette entreprise, les travailleurs alsaciens n’ont rien de bon à espérer de cela car, derrière le masque de la « grande réussite allemande » se cache le féroce démontage des acquis sociaux par Merkel et ses complices du SPD (travailleurs alsaciens, voulez-vous le SMIC à 3 euros et la retraite à 69 ans ?). Certains même, à Strasbourg, rêvent d’une déterritorialisation du chef-lieu du Bas-Rhin pour en faire une sorte de capitale européenne sur le modèle de Mexico-Ciudad ou de Washington-DC : rude sera la concurrence avec Bruxelles pour devenir la capitale a-nationale de l’Europe fédérale, en clair, du nouvel Empire romain germanique piloté par l’Axe Washington-Berlin. Et dire que des millions de gens et d’Alsaciens se sont battus pour que l’Alsace, province patriote s’il en fut jamais, revienne à la France après son arrachage à la nation de Kellermann par Bismarck !
Hollande préfèrerait une méga-région Est, non moins recentrée sur la Mitteleuropa, mais mieux armée pour mener la compétition entre les deux rapaces collaborateurs que restent l’impérialisme français et l’impérialisme allemand. Là le projet s’inscrit dans le partage général du pays dans le cadre de l’euro-balkanisation de l’Europe des régions, de l’Union transatlantique et du démontage général des acquis du CNR et de la Révolution française. Tout cela s’inscrit dans le processus d’adoption de la Charte européenne des langues minoritaires et régionale, qui vise à désétablir le français en tant que langue fondamentale de la République tout en « ethnicisant » la citoyenneté française : en fait de « modernité », une belle plongée contre-révolutionnaire dans un nouveau Moyen Âge !
Notre réponse reste la même ; contre la centrifugeuse européenne qui détruit notre pays et ses acquis sociaux originaux, résistons tous ensemble et en même temps, construisons un nouveau CNR, abattons le capitalisme et son UE de malheur pour reconstruire une France républicaine unie en marche vers le socialisme : c’est seulement dans ce cadre fraternel que les légitimes revendications régionales pour faire valoir les cultures régionales – éléments de la construction nationale – pourront être autre chose qu’un prétexte à briser la nation et à promouvoir les intérêts du grand capital prédateur.
L’Alsace veut relancer son projet de collectivité unique pour mieux contrer la fusion à trois
Plus d’un an après l’échec du référendum pour une fusion des collectivités en Alsace, les deux conseils généraux alsaciens et le conseil régional ont demandé le 22 septembre une relance du projet de collectivité unique pour mieux contrer le projet gouvernemental fusionnant l’Alsace avec les régions Lorraine et Champagne-Ardenne.
Les assemblées des trois collectivités alsaciennes (départements du Bas-Rhin et eu du Haut-Rhin, et la région Alsace) ont adopté le 22 septembre des motions identiques qui demandent au chef de l’Etat, au gouvernement et au Parlement d’« abandonner la création d’une grande région » Champagne-Ardenne-Alsace-Lorraine, un « périmètre inacceptable » selon eux, et de « créer » une collectivité territoriale unique en Alsace, issue de la fusion de leurs trois collectivités.
« Un seul exécutif et un seul budget »
« Conscients que le statu quo n’est pas possible, les Alsaciens souhaitent une collectivité unique mettant en commun les moyens du conseil régional et des deux conseils généraux avec une seule assemblée, un seul exécutif et un seul budget », plaide la délibération votée à une large majorité dans chacune des trois collectivités :
- au conseil régional d’Alsace, 38 élus ont voté pour, 3 contre, un s’est abstenu et cinq élus PS n’ont pas participé au vote ;
- au conseil général du Haut-Rhin, le texte a été approuvé par 27 voix pour (essentiellement UMP, UDI, et indépendants), 1 abstention, 1 voix contre, deux élus PS n’ayant pas participé au vote ;
- au conseil général du Bas-Rhin, huit conseillers généraux PS n’ont pas participé au vote et les 36 autres ont voté pour.
L’annonce d’une fusion de l’Alsace avec la Champagne-Ardenne et la Lorraine avait convaincu plusieurs élus, encore opposés il y a 18 mois à une fusion des collectivités alsaciennes, de se rallier à ce projet de conseil unique d’Alsace, rejeté par référendum en avril 2013 et dont l’idée a été relancée récemment par Philippe Richert, président (UMP) de l’exécutif régional.
Atteindre une participation suffisante
Lors de ce référendum organisé le 7 avril 2013, l’abstention avait été telle que le « oui », bien que majoritaire dans les suffrages exprimés au niveau régional, n’avait pas dépassé le seuil requis de 25% des inscrits. Et une majorité d’électeurs avait rejeté le projet dans le département du Haut-Rhin, encouragée par une fronde d’élus locaux.