Alors que le régime d’extrême-droite pro-UE qui sévit à Varsovie s’est fait une priorité de s’en prendre aux droits des travailleurs, attaquant les droits des femmes, chacun peut entendre le silence assourdissant qui règne au sein de l’UE et au gouvernement français lorsque le pouvoir de Varsovie mène une vaste entreprise de révisionnisme historique s’en prenant aux différents symboles (monuments, noms de rues) rappelant la résistance antifasciste et sociale en Pologne. Ce même régime tente également d’interdire le parti communiste polonais et réprime ses militants, organisant des procès politiques contre plusieurs d’entre eux.
A Bytom en Silésie, le 22 juillet dernier, le KPP a célébré le 73è anniversaire du Manifeste de Lublin qui a jeté les bases de la Pologne populaire. Une dirigeante du Parti communiste polonais revient sur cet évènement et évoque le risque de dissolution qui pèse sur son organisation.
Comment s’est déroulée la cérémonie organisée à l’initiative du KPP ?
Les principales manifestations à l’occasion du 73ème anniversaire ont été organisées à Bytom. Des membres du KPP ainsi que des vétérans se sont rassemblés sous le monument et déposé des gerbes. Ensuite un meeting s’est déroulé autour du combat contre la falsification de l’histoire par l’institut national du souvenir.
Le président du KPP a fourni des informations sur les persécutions politiques subies par des membres du Parti accusés de « promotion du totalitarisme ». Il a également fait état de menaces de la part de nationalistes et d’autorités cléricales.
Depuis quand le KPP a-t-il célébré le 22 juillet ? (jour de fête nationale en Pologne de 1945 à 1989) ?
Le 22 juillet était fête nationale en Pologne populaire parce que le manifeste du comité Polonais de libération nationale (PKWN) a été la 1ère proclamation d’un gouvernement populaire indépendant sur le territoire Polonais libéré des Nazis.
Après 1989, ce jour a été supprimé mais l’anniversaire est célébré par la gauche et les vétérans et commémoré.
Le KPP le commémore depuis sa création en 2002.
Où la cérémonie a-t-elle eu lieu l’an dernier ? Pourquoi avez-vous choisi Bytom cette année ?
Nous célébrons l’anniversaire dans plusieurs endroits mais nous choisissons chaque année un lieu différent pour l’événement principal. Cette année, nous avons choisi Bytom en haute Silésie où chaque année des événements ont lieu ; il y a eu un meeting au monument de la libération avec dépôt de gerbes et un autre meeting avec débat.
L’an dernier nous avons participé à Bydgoszcz à une conférence et une manifestation sur le thème : Arrêtez les mensonges de l’institut de la mémoire nationale. Halte au fascisme et au nationalisme. Il y a trois ans, pour le 70ème anniversaire du PKWN, nous avons organisé une conférence semblable à Varsovie.
Quelle signification le KPP donne-t-il à cette cérémonie ?
Ce n’est pas une commémoration traditionnelle. Surtout maintenant, quand la droite falsifie l’histoire. C’est un combat pour préserver la vérité historique. C’est une occasion de rencontrer et d’éduquer les gens. À ce meeting, nous débattons sur la façon d’affronter, sur le terrain historique, la politique des autorités étatiques qui visent à détruire la mémoire et la conscience du peuple.
S’agit-il de mettre en avant les avancées sociales de la Pologne populaire?
Autour de cet anniversaire, la portée sociale est importante: le manifeste du 22 juillet a marqué le début d’une vaste réforme agraire signifiant le partage des immenses propriétés foncières et des avancées importantes pour les paysans pauvres. Il a également introduit le salaire minimum et le système de sécurité sociale qui n’existaient pas en Pologne. De nos jours, il faut nous battre pour ne pas oublier et pour défendre ces conquêtes.
Après avoir poursuivi des militants du KPP pour avoir dit du bien de la Pologne populaire, la « justice » polonaise veut délégaliser de PKK. Sur quels critères cela se base-t-il ? Quelles sont les raisons de cet acharnement ?
Les projets d’interdiction du KPP sont basés sur l’accusation de promouvoir un système totalitaire. C’est la conséquence du carcan idéologique présentant le communisme comme équivalent au fascisme et sous certains aspects, pire. Les autorités étatiques ont les moyens d’entreprendre la répression politique car elles contrôlent déjà les procureurs et essaient d’influencer le système judiciaire. Le Communisme est calomnié par tous les moyens possibles y compris les institutions publiques, les médias et les écoles. Les autorités ont le soutien de l’église catholique et les libéraux de l’opposition sont également anti-communistes. Cela crée un monopole pour la propagande gouvernementale semblable à celle des dictateurs du 20ème siècle qui commencèrent par des persécutions contre les communistes. En dépit du fait que les structures du KPP sont faibles, les autorités nous traitent comme une menace, surtout dans la perspective d’un effondrement des programmes sociaux et de la crise qui met à nu les contradictions du capitalisme. EIles craignent toute alternative au capitalisme et au nationalisme.
Quelle riposte envisagez-vous? Qu’attendez-vous du mouvement progressiste international? Quelles formes de solidarité souhaiteriez-vous?
Informer sur notre situation et sur les persécutions politiques en Pologne est très important .Nous serions également reconnaissants d’actions en face d’ambassades polonaises ou d’autres institutions diplomatiques, ou d’autres actions de solidarité tels que lettres de protestation, pétitions. Peut-être avez-vous des idées ?
Propos recueillis par Jacques Kmieciak