Il n’est pas encore possible de procéder à une analyse approfondie de l’énorme crise dans la crise, celle du système sanitaire français, qu’a révélé la gestion calamiteuse de l’épidémie de coronavirus. On peut néanmoins dégager à grands traits les lignes de force suivantes :
Il y a d’abord, de manière visible et choquante, l’imprévision, l’impréparation, la légèreté, des principaux gouvernants, Macron en tête, qui n’ont pas écouté les avertissements venus de Chine, qui n’ont pas compris ce qui se passait en Italie, qui n’ont même pas écouté les mises en garde de leur propre ministre de la santé Agnès Buzyn… Laquelle n’est pas moins coupable puisque, consciente de l’énorme danger qui planait sur la santé des Français, c’est le moment qu’elle a choisi pour déserter son ministère et pour candidater à la mairie de Paris…
Plus gravement, il y a l’imprévoyance criminelle des ministères maastrichtiens successifs qui n’ont pas géré les stocks de masques, qui les ont fait détruire (ça coûte moins cher que de stocker), qui ont encouragé les délocalisations industrielles – y compris celles des fabrications de matériel médical – et qui, depuis 1992, obéissant servilement aux 63 sommations de Bruxelles sommant la France de réduire ses dépenses de santé, ont supprimé des dizaines de milliers de lits d’hôpital. Disons ici avec colère que les tracts syndicaux qui continuent de tonner contre l’austérité à l’hôpital sans dire un seul mot contre l’orchestration pan-européenne de la casse des hôpitaux, ne sont rien d’autre que d’énormes mensonges par omission.Encore plus cruellement, il y a la manière dont la société capitaliste traite les fins de vie en privant les EHPAD des personnels nécessaires, en laissant des groupes privés accaparer l’économie du grand âge, si bien que la moindre crise tourne au cauchemar pour les résidents, les soignants et les familles.
Structurellement, il y a cette euro-mondialisation profondément morbide dont l’ « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée », cette dérégulation « à la sauvage » des échanges entre nations, dissémine les virus en quelques semaines à travers toute la planète. Tout le contraire d’une mondialisation communiste fondée sur l’échange équilibré et planifié entre pays souverains construisant le socialisme sous la direction des travailleurs. Un mode d’échange socialiste qu’a préfiguré durant quelques décennies le COMECON socialiste d’Europe ou, en Amérique latine, le fonctionnement de l’ALBA latino-américaine: loin de se livrer d’épuisantes batailles commerciales, le Venezuela bolivarien envoyait à Cuba du pétrole bon marché tandis que les Cubains prêtaient au Venezuela les instituteurs et les médecins dont Caracas avait besoin pour instruire et soigner sa population pauvre…
Enfin on ne peut que s’interroger sur ce que j’appellerai « l’État profond » médico-sanitaire dans notre pays. Sans être médecin ni me mêler en rien de décider des bons et des mauvais traitements à délivrer aux patients en danger de mort, qu’est-ce que c’est que cet ensemble d’institutions qui, chargées de coordonner la contre-attaque médicale,
- ont d’abord menti à l’unisson des politiques en prétendant qu’il était inutile de porter un masque ou de tester massivement (ce qui revenait à couvrir d’arguments médicaux mensongers l’incurie ministérielle),
- qui ont criminalisé toute tentative de soigner les patients avant la phase de dégradation brutale les portant d’un coup aux portes de la mort (le fameux « orage de cytokines),
- qui ont interdit aux médecins de base de faire marcher leur tête et de soigner en leur âme et conscience,
- qui ont organisé des contre-expériences sciemment hors-sujet (par ex. tester l’hydrochloroquine sur des patients en phase terminale alors que le protocole contesté portait exclusivement sur la phase initiale),
- qui ont mis un temps fou à conseiller le confinement puis qui n’ont rien dit quand Macron a dé-confiné les écoles prématurément (pour d’évidentes raisons économiques dictées par le patronat)?
Qui ne voit qu’à l’arrière-plan de tout cela, il y a l‘énorme pression des laboratoires privés, leur pesée institutionnelle sur les décideurs publics souvent empêtrés dans les conflits d’intérêts, bref un cas typique de ce capitalisme monopoliste d’État qui se dissimule sous l’étiquette trompeuse de « libéralisme » ou d’ultralibéralisme?
Plus que jamais la santé des Français implique des solutions indépendantistes et socialistes. Indépendantistes car dans le cadre de l’euro-mondialisation capitaliste, de cette politique d’austérité permanente qu’implique l’euro et de cette circulation déréglée des marchandises, de la main d’œuvre et des capitaux qui forme le cœur de la « construction » européenne, nous n’avons pas fini de manger du « nouveau virus » d’année en année. Avec chaque fois à la clé des batailles entre Sanofi et Gilead pour de nouveaux « médicaments » inopérants et chers avec à la clé des vaccinations conçues à la va-vite mais hautement rémunératrices. Solutions socialistes, car il nous faut manifestement nationaliser sèchement les laboratoires pharmaceutiques pour que démocratiquement, le peuple français puisse orienter et abonder les recherches réellement utiles et prometteuses, alléger le fardeau de la Sécu, coopérer avec tous les pays du monde (y compris la Chine ou Cuba, qui sont à l’avant-garde de la recherche biomédicale). Mais aussi reconstruire le tissu industriel français sur la base d’un puissant secteur public: il est en effet scandaleux que la RFA, qui a conservé ses usines, ait su fabriquer en un temps records des masques, des respirateurs et des tests, alors que la France désindustrialisée par trente années d’alignement du franc sur le mark (et cela s’appelle l’euro) a étalé ses pénuries, ses tâtonnements et sa dépendance à l’égard des importations en un domaine aussi vital et stratégique. Avec à l’arrivée un bilan de létalité proportionnellement plus tragique que celui de Cuba ou du Vietnam…
Plus que jamais on voit l’espace énorme qui s’ouvrirait à de vrais communistes qui tous ensemble, comme le demande le PRCF, engageraient la lutte pour les quatre sorties (euro, UE, OTAN, capitalisme), sous les drapeaux conjoints de l’indépendance nationale et de la lutte pour la révolution socialiste. C’est à ce combat de salut public qu’invite le PRCF dont il faut d’urgence renforcer les rangs et l’implantation nationale.
par Georges Gastaud