Alors qu’il attaque et envahit militairement un pays souverain – la Syrie – le régime islamiste autoritaire d’Erdogan tente par un coup de force contre la Grèce pour obliger les pays de l’OTAN au sein de l’Union Européenne de le soutenir, financièrement et militairement. Le régime Erdogan a en effet non seulement activé l’article 4 du traité de l’Atlantique Nord, au risque de faire basculer le conflit turco-syrien dans une guerre mondiale, mais il instrumentalise les réfugiés syriens pour les précipiter sur la frontière grecque. Dans un odieux chantage inhumain. 135 000 migrants, principalement des ressortissants afghans, irakiens ou africains ont ainsi été amenés à la frontière avec la Grèce, au point de passage d’Erdine d’après le ministère de l’Intérieur turc. La Syrie faisait elle part du déplacement de 265 000 réfugiés dans la zone d’Idleb où se déroulent les combats
Cette vague migratoire est en premier lieu provoquée par les guerres impérialistes menées par l’impérialisme euro atlantique qui ont démoli la Libye et l’Afghanistan, et qui déstabilisent profondément la Syrie et de nombreux États du Sahel ou de l’Orient. Mais elle est accentuée par l’action délibérée de la Turquie, en dépit de l’accord conclu avec Bruxelles, pour, en échange de milliards d’euros, gérer des camps de réfugiés en Turquie. Un chantage dénoncé au demeurant comme « inacceptable » par le ministre des Affaires étrangères français, un Jean-Yves le Drian qui vient pourtant d’afficher son soutien inconditionnel à l’offensive militaire lancée par Erdogan et ses supplétifs terroristes islamistes dans la province d’Idleb.
Si les réfugiés sont évidemment les premières victimes de cette politique cynique d’Ankara et de ses suzerains de Bruxelles et Washington, la population grecque est elle également mise sous pression. Ce alors qu’elle est déjà étranglée depuis plus de dix ans par de violentes attaques euro-austéritaires plongeant l’essentiel des travailleurs grecs dans la pauvreté et l’insécurité économique. En première ligne, les populations des îles grecques de la Mer Ionienne, situées à quelques kilomètres seulement des rives de la Turquie. Sous pression de Bruxelles et de Berlin, les autorités grecques tentent d’obéir aux ordres de contenir cette vague migratoire sur le sol grec. Se déplaçant en urgence à Athènes, la présidente allemande de la Commission, Van Der Leyen, a ordonné que « la Grèce soit le bouclier de l’Europe », annonçant un plan de 350 millions d’euros d’aide à la Grèce, ainsi que l’intervention de la force Frontex. Athènes a déployé une division armée à sa frontière et organisé des exercices militaires avec des tirs réels sur sa frontière orientale.
Ce qui ne peut qu’attiser de violentes tensions alors que ces territoires n’ont pas la capacité d’accueillir dignement ces dizaines de milliers de personnes. Qui plus est sur fond d’un contexte historique d’expansionnisme turc visant les territoires grecs. La guerre et l’annexion de Chypre par Ankara sont dans tous les esprits.
À Lesbos, Chios et Samos, de grandes grèves et manifestations, avec le soutien des syndicats du PAME, ont obligé le pouvoir grec aux ordres de Bruxelles, de retirer ses forces de police, qu’il venait de faire débarquer violemment.
En réaction le régime grec a lancé ses policiers à l’assault contre le président de l’Union des syndicats de Lebos (PAME) et d’autres syndicalistes.
Dans un communiqué, le PAME a dénoncé:
L’imposition des accords Turquie-UE sur les réfugiés par les gouvernements grecs n’a non seulement pas amélioré la situation, mais l’a rendue encore plus insupportable pour les réfugiés migrants et les habitants de l’île. Les choses vont s’aggraver à mesure que la concurrence s’intensifie dans la région et que la Grèce s’implique de plus en plus dans les guerres et les interventions des États-Unis et de l’OTAN qui créent des milliers de réfugiés.
Non seulement les demandes légitimes des insulaires, qui réclament la libération du pays, et des milliers de réfugiés déracinés ne sont pas satisfaites, mais le gouvernement a répondu par le débarquement de la MAT (police anti-émeute) sur les îles en tant qu' »armée d’occupation » contre la détermination du peuple à ne pas autoriser les plans du gouvernement.
La détermination dont font preuve les syndicats dans les îles, avec l’action organisée des syndicats régionaux et locaux, peut être le véritable bouclier du peuple contre l’oppression et les intimidations.
Le PAME et toutes ses organisations membres, qui se consacrent résolument à la défense des intérêts des Grecs et des immigrants contre les politiques qui paralysent leur vie, continueront à se battre jusqu’à ce que les plans des gouvernements de l’UE soient annulés.
Énorme et criminelle est la responsabilité du gouvernement pour développer un mécanisme de terrorisme répressif de la police comme une « armée d’occupation » sur les îles.
Les syndicats, les travailleurs et le peuple s’y opposeront ».
C’est pourquoi d’une même voix, internationaliste, les communistes grecs et turcs en appellent, pour résoudre la crise, non pas à la montée d’une répression xénophobe s’en prenant aux migrants, mais à s’attaquer aux causes de la crise : les guerres impérialistes et les plans de l’Union Européenne et des États-Unis, notamment à travers l’OTAN.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Ce n’est pas par la répression qu’on peut faire face à la vague migratoire mais en désobéissant aux plans Euro Atlantique – communiqué du KKE
Le service de presse du CC du KKE, par ses déclarations successives au cours des derniers jours, souligne entre autres choses :
« Les vagues croissantes de réfugiés ne peuvent être confrontées à la répression mais à la désobéissance aux plans euro-atlantiques
L’invasion de la Turquie dans le nord de la Syrie avec le soutien de l’OTAN, des États-Unis et de l’UE, ainsi que l’escalade de la confrontation militaire avec la Syrie et la Russie, augmentent non seulement le risque d’une guerre plus générale dans la région, mais aussi les vagues de réfugiés déracinés.
Les vagues croissantes de réfugiés, résultant des guerres et des jeux géopolitiques joués à leur détriment, ne peuvent être confrontées à la répression, mais à la désobéissance aux plans euro-atlantiques qui, d’une part, désagrègent les pays et déracinent les peuples et, d’autre part, piègent les réfugiés sur des îles et des frontières.
Tant que le gouvernement ne remettra pas en question les politiques de l’UE et de l’OTAN qui soutiennent Erdogan pour leurs propres intérêts, le problème s’aggravera. Les réfugiés et les immigrants chercheront simplement de nouvelles voies d’évacuation plus dangereuses et seront à la merci des trafiquants et des gouvernements qui jouent à divers jeux géopolitiques à leur détriment.
Le gouvernement grec doit maintenant exercer une pression maximale et de toutes les manières possibles sur l’UE afin que les réfugiés se déplacent vers les pays de leur véritable destination. Afin d’assurer une répartition équitable des réfugiés dans les pays de l’UE, contre l’accord de Dublin et l’accord UE-Turquie qui a totalement échoué. «
traduction depuis l’anglais, jbc pour www.initiative-communiste.fr
Lesbos, Chios : le KKE dénonce l’autoritarisme du régime Nouvel Démocratie
Le gouvernement de la ND a pris une série de mesures pour renforcer la violence policière et d’État, alors qu’il promeut le nouveau coup porté au système de Sécurité sociale publique. Le gouvernement a mobilisé les forces de police pour tenir le congrès de la Confédération générale des syndicats du pays, qui s’est déroulé dans des conditions de grande fraude. De plus, des forces répressives ont «envahi» le bâtiment institutionnel de l’Université d’Athènes d’économie et d’affaires, pulvérisant des produits chimiques et lançant des grenades assourdissantes à l’intérieur du campus de l’Université, pendant que les cours se tenaient et que des centaines d’étudiants étaient à l’intérieur. Dans sa dénonciation, la KNE note que ces événements constituent « une nouvelle escalade de la répression, s’ajoutant à tous ceux des jours précédents » et souligne que le mouvement étudiant de masse peut répondre à l’autoritarisme du gouvernement.
Cependant, le «sommet de l’iceberg» de l’autoritarisme et de la violence du gouvernement a été le déploiement de puissantes forces de police pour imposer la construction de «centres fermés» sur les îles du nord de la mer Égée, à savoir des prisons, où les réfugiés et les immigrants arrivant en Grèce seront détenu. Les forces de police antiémeute ont affronté les habitants à Lesbos, Chios et Samos, qui sont opposés à la construction de prisons et demandent que les immigrants et les réfugiés puissent se déplacer des îles vers le continent.
Le SG du CC du KKE, Dimitris Koutsoumpas, a fait une déclaration sur le débarquement des forces de police aux îles du nord de la mer Égée. La déclaration de D. Koutsoumpas est la suivante:
« Au lieu d’envoyer des navires dans les îles de la mer Égée pour évacuer les milliers de réfugiés et d’immigrants, comme le prétendent à juste titre nos habitants des îles, le gouvernement a organisé un débarquement de nuit et une invasion barbare de Lesbos, Chios, contre les habitants, qui luttent pour empêcher que leurs îles deviennent des Prisons de l’UE.
À partir de 2 heures du matin, les habitants de Lesbos et de Chios font face à la sauvagerie de la police antiémeute. Des produits chimiques, des gaz lacrymogènes et des canons à eau ont été utilisés partout, dans le port, dans les villages, contre des milliers d’habitants des îles qui sont descendus dans les rues.
Les forces répressives opèrent et agissent actuellement à l’encontre du village héroïque de Madamados et d’autres villages de Lesbos, à Vrontados, Chios, en tant que forces d’occupation.
Les responsabilités du gouvernement sont énormes.
Nous demandons:
- Que les forces répressives se retirent immédiatement des îles. Que toutes les justes demandes des habitants des îles soient acceptées ici et maintenant.
- Tout le monde doit condamner l’autoritarisme du gouvernement. Afin de mettre en œuvre la politique et l’accord entre l’UE et la Turquie, il commet un crime contre les habitants des îles».
Déclaration commune des partis communistes de Grèce et de Turquie
Le PC de Grèce et le PC de Turquie, avec notre position commune, cherchent à intervenir dans les développements dangereux et inquiétants qui se produisent en Égée et en Méditerranée orientale, dans les relations gréco-turques, et qui sont dus à des forces sociales, économiques et politiques qui souhaitent engager les deux peuples dans des aventures sanglantes, pour leurs propres intérêts.
Les relations gréco-turques, définies aujourd’hui à la fois par les plans des bourgeoisies dominantes des deux pays ainsi que par les intérêts d’autres bourgeoisies et des forces impérialistes puissantes, ont atteint un niveau critique. La raison en est qu’elles sont engagées dans une lutte féroce pour le partage de la richesse énergétique de la région, des voies de transport de l’énergie et de biens. Les interventions impérialistes et les guerres dans notre région élargie, comme en Syrie et en Libye, les développements très dangereux dans le golfe Persique qui s’aiguisent aussi par l’attaque américaine contre l’Irak et le meurtre des générales iraniens et irakiens sont le résultat des concurrences intenses.
Dans le «cercle vicieux» des compétitions pour les intérêts des monopoles, de divers États capitalistes sont impliqués, y compris la Turquie et la Grèce, dans le but de promouvoir les intérêts de la bourgeoisie. Des axes et des anti-axes se forment, tandis que les unions impérialistes de l’OTAN et de l’UE cherchent à avoir un rôle séparé et autonome.
Les relations gréco-turques font également partie de ces développements. Les peuples de Turquie et de Grèce ne peuvent rien attendre de positif de la part des États-Unis, de l’OTAN, de l’UE et d’autres puissances impérialistes.
Nos deux partis sont basés sur l’internationalisme prolétarien, sur la solidarité internationaliste, et en se fondant sur ces principes nous faisons face aux développements complexes dans notre région, luttant pour les intérêts ouvriers-populaires.
Nous soulignons que la coopération et les compétitions de la bourgeoisie turque et grecque, par exemple, au sujet de quel pays deviendra un « centre énergétique », servent leurs propres intérêts et n’ont rien à voir avec les intérêts du peuple.
Les peuples de Turquie et de Grèce n’ont rien à diviser. Ils ont intérêt à chercher à vivre en paix et à lutter pour leur propre avenir, contre l’exploitation capitaliste, les profits capitalistes, qui conduisent à la guerre et à la destruction de l’environnement. Pour l’abolition de l’exploitation de l’homme par l’homme et pour la satisfaction des besoins populaires modernes, l’éradication des causes qui conduisent les peuples à l’ « hache-viande » de la guerre impérialiste.
Dans cette direction, les PC de Grèce et de Turquie:
· Nous sommes opposés à tous les cas d’incidents chauds et d’implication dans la guerre;
· Nous exprimons notre opposition aux violations des frontières et au défi des Traités internationaux qui ont défini les frontières dans la région;
· Nous soutenons la position de ne pas modifier les frontières et les Traités les définissant;
· Nous condamnons les efforts déployés par les forces en position de force militaire pour créer des faits accomplis en mer Égée et en Méditerranée orientale, ainsi que les énormes dépenses militaires des deux pays qui créent des conditions pour des conflits armés;
· Nous dénonçons le fait que les projets pour l’exploitation conjointe des hydrocarbures en mer Égée par les bourgeoisies des deux pays visent à ce que les monopoles étrangers et locaux contrôlent des sources d’énergie, dans le but d’augmenter leur rentabilité, en créant des conditions de complications plus grandes et d’aiguisement, ainsi que des risques pour l’environnement. La classe ouvrière, les peuples des deux pays n’ont rien à gagner de ces plans.
· Nous nous battons pour le désengagement des deux pays des plans impérialistes, pour le retour des forces militaires des missions de l’OTAN et d’autres missions impérialistes à l’étranger;
· Nous luttons pour le désengagement de nos pays des unions impérialistes de l’OTAN et de l’UE, afin que nos pays se débarrassent des bases américaines et de l’OTAN.
Les PC de Grèce et de Turquie appellent la classe ouvrière et les autres couches populaires à intensifier leur lutte contre les plans des classes bourgeoises et des unions impérialistes, contre le nationalisme et le racisme, afin de faire entendre le message que les peuples voisins veulent et demandent vivre en paix!
Parti Communiste de Grèce
Parti Communiste de Turquie