Cette machine de guerre contre la citoyenneté républicaine, contre les langues nationales d’Europe (dont le français) et contre la « République une et indivisible » vient d’être retoquée au sénat au titre de la « question préalable » ; le Sénat a ainsi porté le coup de grâce à un projet dangereux qui visait à accompagner culturellement l’euro-régionalisation de la France et d’autres pays européens.
Peu importe la motivation douteuse de nombreux sénateurs de droite qui, en refusant la « charte », ont voulu priver Hollande d’un argument électoral (en direction des électeurs tentés par le régionalisme, voire par le séparatisme, dans plusieurs régions périphériques : « bonnets rouges » bretons, séparatistes corses, zélateurs de la « Grande Catalogne », nationalistes occitans tonnant contre « Paris », etc.). La motivation des sénateurs sarkozystes n’est du reste pas moins suspecte que celle des irresponsables députés PS, euro-écologistes, mais aussi Front de gauche (à l’exception de quelques courageux sénateurs communistes fidèles à la République et à sa langue…) qui s’apprêtaient à abattre l’universalisme républicain et à désétablir encore un peu plus la langue française, déjà malmenée par le tout-anglais envahissant, pour flatter les forces régionalistes.
La réalité, c’est que cette charte d’inspiration allemande et ultraréactionnaire prétendait créer un véritable droit à ne pas parler français en France. Par-dessus le marché, elle tendait à donner des droits particuliers à des « groupes linguistiques » autoproclamés, ; tout en contournant totalement les langues de l’immigration africaine de travail, la Charte européenne eût forcé l’Etat à subventionner par la bande de nouvelles écoles privées tenues par des partis séparatistes. Et surtout, la Charte prenait prétexte des langues régionales pour détricoter l’universalisme de principe de la citoyenneté républicaine (on est citoyen indépendamment de toute forme d’origine ethnique, religieuse, régionale, de toute appartenance sexuelle, etc.) et pour forger de toutes pièces un « patriotisme régional » sur les ruines du patriotisme national (l’expression est de M. Cuvilier, le patron des socialistes du Pas-de-Calais, M. Huchon, l’ex-patron de la région francilienne allant mille fois plus loin dans la détestation de la France*). A l’arrivée, la langue française eût été prise en tenaille entre le tout-anglais transatlantique et les séparatismes pseudo-linguistiques des bourgeoisies riches périphériques qui ne veulent plus subventionner de leurs impôts la « France qui perd »…
C’est au contraire dans le cadre de l’école laïque et de la République laïque, une, indépendante et souveraine, populaire et démocratique, francophone, sociale et indivisible (une République dont la construction est en réalité devant nous, mais dont il faut défendre le principe hérité de 1793) qu’il faut enseigner plus largement les langues régionales, cette richesse de toute la nation ; sans oublier les principales langues de l’immigration de travail (il est anormal qu’il n’y ait pratiquement pas un lycée en France où l’on puisse faire de l’arabe première ou seconde langue dans un cadre laïque) et cela sous la stricte condition que la langue française et son enseignement soient revalorisés partout (et non rabougris de cent façons par les Allègre, Chatel, Fillon, Peillon, Vallaud-Belkassem…) : tout le monde sait en effet que, comme y insistait Gramsci, l’accès plénier à la langue nationale est, pour les fils de travailleurs, le premier moyen d’accès à la citoyenneté politique, à l’emploi qualifié… et à la culture mondiale.
Dans ces conditions, l’échec politique subi par Hollande et le renoncement probable du chef de l’Etat à convoquer le Congrès parlementaire (la Charte étant inconstitutionnelle, il eût fallu pour l’adopter, modifier la constitution : or, dans la Franceurope actuelle, quand une loi est inconstitutionnelle, c’est la Constitution que l’on traficote…), sont un grand succès pour les organisations républicaines, comme la Libre Pensée, pour les organisations franchement communistes (à notre connaissance le PRCF est la seule organisation communiste de France à avoir milité pour battre ce texte scélérat) et aussi pour les courageuses associations de défense de la langue française (comme COURRIEL, présidé par Léon Landini et G. Gastaud) qui avaient appelé les parlementaires à voter non pour défendre la langue de la République et l’héritage institutionnel républicain de la Révolution française.
Le retrait de la Charte est aussi un échec retentissant pour les charlatans de la fausse gauche, type « Libération ». Ces derniers avaient menti à leurs lecteurs en expliquant que s’opposer à la « Charte » revenait à combattre les langues régionales au nom d’une forme odieuse de « centralisme jacobin »*. Alors qu’au contraire, les langues régionales disparaîtront à vitesse V dans toute l’Europe si des langues nationales de la taille du français, de l’allemand (éradiqué des collèges par la réforme NVB), de l’italien, etc. sont relégués au second plan par la gangrène totalitaire du tout-anglais planétaire. Il est au contraire évident que c’est en s’unissant que le petit lapin francophone et les belettes des langues régionales pourront ne pas être broyés l’un après l’autre par le « Raminaglobish » transatlantique !
Echec réjouissant aussi pour les Euro-Ecologistes qui ne rêvent que de dépeçage de l’Etat-nation et d’euro-länderisation de la France. Ces faux écolos se moquent de voir la langue unique européenne et mondiale, ce vecteur de politique unique et d’économie unique, détruire la diversité culturelle et linguistique mondiale : ils ne saisissent même pas que la « Charte » ne visait pas à renforcer la diversité culturelle en France, mais à détruire la diversité culturelle en Europe (changement d’échelle oblige !) en désétablissant le français, principal rempart au tout-anglais sur notre continent. Si la langue de Molière et d’Aragon sautait devant le tout-américain (et les digues sont hélas en passe de rompre avec l’aide du gouvernement), combien de temps faudrait-il pour que le basque, le breton, le corse, l’occitan, le nissard, l’alsacien, le catalan – toutes ces richesses de notre patrie commune – soient arasées par le raz-de-marée culturel qui accompagne déjà la mise en place de l’Union Transatlantique ?
Moralité : tout n’est pas joué dans notre pays et si les vrais communistes s’unissent solidement pour appeler la France à sortir de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme, si les syndicalistes de combat brisent les chaînes de l’euro-collaboration des classes, si les francs républicains s’opposent ensemble, sur les bases du CNR, au Parti Maastrichtien Unique comme au « rassemblement bleu marine », alors OUI, NOUS POURRONS briser toutes les tenailles qui broient notre pays, sur le plan politique comme sur le plan linguistique, pour rouvrir aux travailleurs la voie du progrès social et du socialisme pour la France.