Elections en Allemagne : euro extrême droitisation guerrière à l'Ouest mais levée populaire pour la paix et contre le fascisme à l'Est et dans les villes ouvrières. Les #cartes.

Les 21e élections du bundestag, le parlement de la République Fédérale d’Allemagne, se tenaient le 23 février 2025 et ont consacré à la fois la défaite de la coalition sociale démocrate du chancelier SPD Scholz et la victoire de ses comparses de droite extrême de la CSU-CDU. Le scrutin est surtout marqué par le désaveux solide de ces deux piliers du bi-partisme du bloc bourgeois historique d’Allemagne de l’Ouest. Ce bloc est en-effet minoritaire en cumulant 45% des voix lui qui a très longtemps écrasé les scrutins en RFA. Le SPD, briseur du code du travail avec le chancelier Schroeder, en dépit de l’alternance Scholtz après Merkel, se fait sanctionner en perdant 9,3 points soit 36% de ses électeurs. Avec 16%, le SPD est 10 points en-deçà de son score lors de sa défaite historique de 2013. La CDU-CSU est à 26%. Si elle s’arroge en étant en tête dans les urnes le pouvoir, avec le chancelier et la conduite du gouvernement, elle est en recul de 15 points par rapport aux résultats de Merkel, il y a 10 ans en 2013 et ses 41,54%. Le bloc libéral de droite FDP et Verts avec respectivement 4,3% et 11,6% soit un total de 15.9% est lui aussi en très forts recul en 10 ans par rapport ses 25.3% (respectivement 14.6% et 10.7% en 2013). Il perd 37% de ses électeurs.

A lire : A propos des résultats des élections en République Fédérale d’Allemagne – Par Theo MUNZER

Bien différente est la situation du bloc de gauche, au discours centré sur le social pour le bloc hétéroclite de gauche Die Linke, sur le social et la paix pour BSW le parti de l’ex figure est allemande de Die Linke Sarah Wagenknecht qui a quitté Die Linke en raison de son alignement sur les positions bellicistes et impérialistes de la direction de Die Linke. Nominalement Die Linke reste en très légère progression avec 8,8% contre 8,6% de 2013. Mais si on y ajoute les 5% de BSW qui échoue à quelques milliers de voix près l’exploit de rentrer au Bundestag, c’est un total de 13,8%. En augmentation de 15% par rapport au meilleur résultat de Die Linke,11,9% en 2009. Un résultat qui marque le fait que ce n’est pas vers le peuple allemand de gauche qu’il faut chercher les explications du terrible résultat de ces élections aux Bundestag, la progression dangereuse et fulgurante de l’extrême droite AFD, mais bien vers le bloc bourgeois SPD-Grünen-CDU.

Car c’est bien le résultat choc de ces élections, le score faramineusement élevé de l’AFD. De 4.7% en 2013, l’AFD atteint désormais l’inquiétant score de 20,8%. Ce qui signifie que des millions d’électeurs, principalement du SPD et de la CDU, ont versé vers le parti affichant ses remugles néo nazis. Une trajectoire qui n’est pas pour surprendre en France. Les mêmes politiques d’euro austérité, de criminalisation du communisme, de répression du mouvement social accompagnant le saccage des droits et salaires des travailleurs par un intense dumping social et financier fait de délocalisations et d’évasion fiscale. Une politique structurellement pilotée par l’Union Européenne faites pour cela. Avec pour résultat partout en Europe, la montée de l’extrême droite poussée par les forces capitalistes, avec le soutien ouvert de milliardaires, bien heureux de pousser cette radicalité pour diviser et mettre en concurrence les classes ouvrières européennes et ainsi poursuivre l’intensification de l’exploitation des peuples du continent et au delà.

Clivage Est Ouest où les suites de l’annexion de la RDA et de la contre révolution

L’AFD en tête à l’Est, la CDU/SPD à l’Ouest.

Certains commentateurs français, plus guidés par leurs nervoses anticommunistes que par la préoccupation de la résistance au fasciste – bien que certains se réclament de gauche – au regard des cartes affichées des résultats se sont empressés de mettre en avant le clivage entre Est et Ouest, entre RFA et RDA pour incriminer dans la montée du fascisme les Ossies, les Est Allemand. De fait, 35 ans après la chute du mur de Berlin et l’annexion violente de la RDA à la RFA, il demeure un très fort clivage au sein de la RFA, avec une discrimination et une inégalité frappant les allemads de l’est. De fait également, l’AFD est arrivé en tête dans nombre des circonscriptions électorales d’Allemagne de l’Est. Mais c’est un sophisme que d’incriminer aux allemands de l’Est, la seule poussée de l’extrême droite. L’argument, aux relents de chasse aux sorcières, est simpliste. Les Ossie voteraient AFD car, « éduqués aux régimes communistes », ils auraient des accointances au « totalitarisme » les poussant dans la sympathie fasciste. C’est oublier bien vite que l’Allemagne de l’Est elle a menée des efforts considérable de dénazification quand à l’Ouest, dans les bras de l’OTAN et des USA, la RFA elle recyclaient en masse les dignitaires nazis jusque dans les rangs du commandement de son armées et de ses légions secréte. Un constat implacable et factuel rappelé par Egon Krenz : Le danger pour l’Allemagne, ce n’est pas l’héritage de la RDA, mais les nazis et les néonazis – par Egon Krenz

L’examen de la carte des résultats du vote proportionnelle démontrent pourtant la profonde contre vérité d’un vote AFD qui serait celui exclusif de l’Allemagne de l’Est. Il est en réalité largement répandu dans toute l’Allemagne à l’exception justement des bastions de la gauche antifasciste – tel Berlin – ou des basions de la droite conservatrice à l’Ouest. Cette droite ultra réactionnaire dont le discours n’est pas si éloigné de l’AFD, et dont le chef de file et désormais chancelier a durant la campagne électorale tendu la main droite à l’alliance avec l’AFD. Démontrant que c’est bien toujours le blocs bourgeois qui promeut, légitime puis installe l’extrême droite au pouvoir, provoquant et non résistant à sa dynamique électorale.

La carte électorale allemande montre une tout autre réalité : l’Allemagne populaire de l’Ouest, l’Allemagne de l’Est est en réalité partagée entre abstention électorale, et vote Die Linke et BSW

l’abstention, forte en RDA

le vote Die Linke

Le vote pacifiste BSW

En définitive, il apparaît surtout que le clivage Est Ouest demeure un clivage de classe illustré par la carte des inégalités de revenu entre RDA et RFA, à laquelle correspond le choix principal des électeurs de voter à gauche Die Linke BSW. Parmi ces électeurs, la colère pousse aussi au choix du pire par le vote AFD mais il n’y a pas concomitamment de vote de droite extrême CDU/CSU (on consultera les cartes édifiantes ci dessous). A l’Est où l’exploitation capitaliste, dans un contexte d’annexion et de domination qui se poursuit par cette classe capitaliste Ouest allemande, est la plus violente, le clivage est aussi le plus violent avec l’affrontement direct du bloc de gauche, antifasciste, hérité des traditions communistes de la RDA, au bloc fasciste, néo nazi de l’Afd qui a poussé et grandi sous les ferments contre révolutionnaires de la chute du mur de Berlin, arrosée par les politiques ultra capitaliste de l’Union Européenne.

En réalité, en RDA, de Berlin à la Thuringe, il y a un vote massif de gauche, social, antifasciste. C’est bien en ex RDA que le bloc Die Linke + BSW réalise ses scores les plus élevés :

Berlin : 26.5% pour Die Linke + BSW contre 33.5% pour CDU+AFD.
Mecklenburg Poméranie : 22.6% pour Die Linke + BSW contre 30.2% pour CDU+AFD
Saxe : 20.3% pour Die Linke + BSW contre 28.2% pour CDU+AFD
Thuringe : 24,6% pour Die Linke + BSW contre 27.4% pour CDU+AFD

A l’inverse c’est à l’ouest, en ex RFA que la gauche est au plus bas. Par exemple, 8.8% en Bavière, 10.9% au Bade Wurtttemberg. Dans ces mêmes ländern, le bloc de la droite extrême et extrême droite monte à respectivement 56.2% et 51.4%.

La carte suivante compare ces rapports de forces et le montre de manière évidente.

Ces résultats ne sont pas changés, au contraire, si on élargit le spectre en comparant les blocs Die Linke + BSW + SPD versus CDU/CSU + AfD +FDP

A lire :

Euro extrême droitisation guerrière à l’Ouest

Ces élections 2025 traduisent particulièrement la dynamique d’extrême droitisation sous la pression superstructurelle de l’Union Européenne du Capital. De-facto, cette superstructure consacre comme principe fondamental le principe du rapport de domination violent de l’exploitation capitaliste et des inégalités, injustices et discrimination, ainsi que celui du nationalisme xénophobe occidental. C’est un ancrage qui porte en lui la xénophobie et la violence, comme la nuée l’orage. Cette superstructure, faites pour écraser et mettre en concurrence les peuples les uns contre les autres, provoque volontairement la division, qui profite aux tenants fascisant ou fascistes de l’exploitations des exacerbations identitaires dans des logiques de boucs-émissaires, de replis réactionnaires. Ces partisans qui de l’AfD au RN se posent d’abord en des défenseurs de la « sécurité » et de « l’ordre » capitaliste pour activer partout la répression des forces de résistances et de contestation populaires osant remettre en cause l’ordre européen, celui des délocalisations, des privatisations, de l’euro austérité. Ces tenants qui sont eux-même – à l’image de la CDU-CSU, comme de l’AfD – des tenants de la constructions de l’Union Européenne, et à tout le moins des partisans convaincus de ne pas en sortir. Enfin, l’Union Européenne est la superstructure politique qui condamne et criminalise le communisme. C’était un de ses buts de guerres à sa fondation. Le traité de Rome consacrant dès l’origine et à dessein le règne du « marché libre », c’est à dire du totalitarisme capitaliste. Soufflant sur les charbons fascistes et s’appuyant sur eux pour activer sa machine, criminalisant les résistances populaires prenant appui sur le communisme, il est logique que cette même cause produisent partout en Europe la dynamique des forces d’extrême droite.

Cette dynamique prend aussi appui dans la coagulation autour du même soutien à l’impérialisme euro atlantique, sous domination américaine, et à ses guerres. Il est symptomatique ici de pointer le rôle particulier joué par les forces bourgeoises, prétendument « progressiste » ou anti autoritaire, tels les verts ( Grünen) ou les libéraux (FDP) qui sont les plus criards pour pousser le réarmement, l’augmentation des budgets de guerre l’OTAN, et envoyer la jeunesse dans les tranchées.

Autant de force que l’on retrouve prioritairement au sein de l’ex Allemagne de l’Ouest. La zone d’occupation américaine dont les structures et le personnel politique a été mis en place par Washington, et qui y puise toujours son ancrage, son idéologie, et une bonne part de ses ordres.

A lire :

Les résultats détaillés des élections parlementaires du Bundestag en Allemagne fédérale.

	Vote de circonscription (premier vote)			vote proportionnelle (second vote)
	nombre de votes	%	Diff. par rapport à 2021 in p.p.	nombre de votes	%	Diff. par rapport à 2021 in p.p.
SPD	9,934,614	20.1	-6.3	8,148,284	16.4	-9.3
CDU	12,601,967	25.5	+2.9	11,194,700	22.6	+3.6
GRÜNE	5,442,912	11.0	-2.9	5,761,476	11.6	-3.1
FDP	1,623,351	3.3	-5.4	2,148,878	4.3	-7.1
AfD	10,175,438	20.6	+10.4	10,327,148	20.8	+10.4
CSU	3,271,730	6.6	+0.6	2,963,732	6.0	+0.8
Die Linke	3,932,584	7.9	+3.0	4,355,382	8.8	+3.9
FREIE WÄHLER	1,254,488	2.5	-0.3	769,170	1.5	-0.9
Tierschutzpartei	82,485	0.2	-0.2	482,032	1.0	-0.5
dieBasis	41,903	0.1	-1.5	85,557	0.2	-1.2
Die PARTEI	122,386	0.2	-0.9	242,806	0.5	-0.5
Team Todenhöfer	9,757	0.0	±0.0	24,558	0.0	-0.4
PIRATEN	2,152	0.0	-0.1	13,809	0.0	-0.3
Volt	391,577	0.8	+0.6	355,146	0.7	+0.4
ÖDP	54,641	0.1	-0.2	49,730	0.1	-0.1
SSW	58,773	0.1	±0.0	76,126	0.2	±0.0
Verjüngungsforschung	–	–	±0.0	304	0.0	-0.1
PdH	1,873	0.0	±0.0	14,446	0.0	-0.1
Bündnis C	2,021	0.0	±0.0	11,784	0.0	-0.1
BP	5,784	0.0	-0.1	12,315	0.0	±0.0
MLPD	24,208	0.0	±0.0	19,876	0.0	±0.0
MENSCHLICHE WELT	–	–	±0.0	694	0.0	±0.0
PdF	1,282	0.0	–	21,377	0.0	±0.0
SGP	73	0.0	–	425	0.0	±0.0
BüSo	1,303	0.0	±0.0	719	0.0	±0.0
BÜNDNIS DEUTSCHLAND	88,046	0.2	–	79,012	0.2	–
BSW	299,226	0.6	–	2,468,670	4.972	–
MERA25	658	0.0	–	7,128	0.0	–
WerteUnion	2,844	0.0	–	6,803	0.0	–
Political groups/individual candidates	70,110	0.1	-0.2	–	–	-0.5