En Grande Bretagne, la pression du Capital est maximale pour faire échouer le Brexit. Un Brexit résultat dans les urnes du vote massif contre l’Union Européenne du Capital, son dumping anti social, des travailleurs. C’est dans ce contexte que la coalition de syndicalistes TUA EU (Trade Union againts European Union) contre l’Union Européenne appelle à renforcer l’action pour un Brexit progressiste. un appel qui n’est pas sans faire écho à la campagne lancée en France par le PRCF pour un Frexit progressiste.
Le parti travailliste a adopté le Brexit.
Jeremy Corbyn mit fin à toute spéculation selon laquelle les travaillistes pourraient soutenir des propositions visant à rester dans le marché unique et l’union douanière. Il l’a dit clairement dans son discours à Coventry : les projets du Parti Travailliste (Labour Party) sont incompatibles avec l’adhésion à ces institutions.
Il est maintenant temps que les syndicats adoptent aussi le Brexit et remodèlent la Grande-Bretagne.
Changement rapide de la situation politique
Un mouvement massif anti-establishment, anti-austérité et anti-libre-échange, souvent dénigré comme populiste, balaye le continent européen. Il est malheureusement utilisé pour créer une vague de soutien à l’extrême droite, sauf ici au Royaume-Uni, où il a conduit à sa disparition.
L’appui à l’extrême droite est dû en partie à l’incapacité de la Gauche à articuler les peurs et les exigences de la population, à son obsession pour l’identité individuelle et pour le rêve d’une Europe socialiste, en lieu et place de l’identité de classe et de la souveraineté nationale.
Ici, en Grande-Bretagne, la combinaison du Brexit et du renouveau du Parti Travailliste sous Corbyn constitue une grande opportunité pour
créer la société pour laquelle les syndicats ont combattu pendant des siècles.
Reconstruire et transformer la Grande-Bretagne
Le programme de reconstruction de la Grande-Bretagne proposé maintenant par le Parti travailliste est le plus radical depuis 1945.
Mais contrairement au gouvernement d’après-guerre de Attlee, qui avait une grande liberté pour mettre en œuvre un programme économique indépendant, un gouvernement Corbyn serait incapable de mettre ces politiques en pratique dans l’UE.
Les politiques d’aides d’État, d’emprunts pour l’investissement, de liberté de négocier des accords commerciaux correspondant à notre intérêt national, la fin des appels d’offres concurrentiels ainsi que le renationalisation des services d’eau / électricité / gaz, sont tous incompatibles avec une appartenance au marché unique et à l’union douanière.
Rééquilibrer l’économie
Notre appartenance actuelle au marché unique ne permet pas la rééquilibrage de notre économie vers la fabrication et la production.
Le déséquilibre ne se situe pas seulement entre le sud et le nord [de la Grande-Bretagne], mais plus fondamentalement, entre l’industrie et
les services. Tant le sud que le nord ont subi une désindustrialisation massive. La seule différence est que dans le sud, le secteur des services et les services financiers en particulier, ont absorbé une partie de la main d’œuvre, tandis qu’au nord, les centres industriels et manufacturiers autrefois florissants, ont été remplacés par de gigantesques centres commerciaux.
Si nous voulons corriger ce déséquilibre, nous devons arrêter le flux de capitaux hors du Royaume-Uni et inverser le passage de l’industrie aux services. Après tout, c’est l’industrie qui crée la plus-value qui fait croitre l’économie; les services bancaires et financiers peuvent faire des bénéfices, mais ils dépendent du secteur créateur de richesses pour leur survie ; ils ne créent pas de plus-value, ils la consomment et jouent avec elle.
Accord commercial avec l’UE
Tandis que nous rééquilibrons notre économie, nous devons aussi rééquilibrer notre relation avec l’UE et le reste du monde. Nous ne voulons pas la même relation avec l’UE après notre départ ; cette relation est responsable de la désindustrialisation de la Grande-Bretagne, de la privatisation de nos services publics comme du passage d’un excédent à un déficit commercial.
Notre participation à l’union douanière de l’UE nous lie à des accords qui établissent des droits de douanes sur des aliments importés, étranglant par là la production alimentaire en Afrique.
Nous avons besoin d’accords commerciaux qui favorisent notre propre production, nous ne devons importer que les produits que nous n’avons pas ou que nous n’avons pas en quantité suffisante et exiger des entreprises qui souhaitent vendre leurs produits chez nous, qu’elles les produisent chez nous.
Il s’agit d’une approche verte, créatrice d’emplois. Il y a en effet peu de produits qui ne peuvent pas être fabriqués ici si nous travaillons à élever les compétences de la population, à créer des emplois utiles et bien rémunérés pour tous.
Production verte et high-tech
En sortant de l’UE, nous pouvons mettre fin à cette situation grotesque dans laquelle les composants qui pourraient être facilement produits localement, font des aller-retours à travers la Manche avant d’être finalement assemblés en produits complets. C’est un processus qui gaspille énormément de ressources et est hautement préjudiciable à l’environnement.
Une stratégie industrielle de ce type peut être difficile à court terme, mais elle servira pleinement le pays à long terme et nous permettra de revenir au plein emploi.
Ceux qui doutent de notre capacité à négocier avec l’UE doivent se rappeler que les 27 pays de l’UE exportent plus vers nous que nous exportons vers eux. La Grande-Bretagne dispose en fait d’une position très forte dans les négociations.
L’UE a besoin de nous plus que nous n’en avons besoin en ce qui concerne le commerce.
La frontière irlandaise
Une Irlande divisée est utilisée par l’UE pour tenter de nier aux Britanniques le Brexit pour lequel ils ont clairement voté.
L’Irlande du Nord est un anachronisme, produit de la longue histoire de la colonisation britannique de cette île, un anachronisme avec lequel nous vivons actuellement et auquel l’accord du Vendredi Saint fournit un cadre.
Garder une frontière ouverte est nécessaire pour honorer l’accord du Vendredi Saint et les deux principaux partenaires sont engagés à cela. Nous disposons de technologies de pointe qui permettraient le respect de l’accord dans le cadre du Brexit mais l’UE persiste à le nier, même si ses propres études sur la question aboutissent à la même conclusion que celle des Britanniques. Même le chef du HMRC [Her Majesty’s Revenue and Customs, Recettes et Douanes de Sa Majesté] Jon Thompson l’a expliqué au comité spécial sur le Brexit de la Chambre des communes.
Pour la paix et l’internationalisme
L’UE ne se contente pas d’agir politiquement à droite, mais elle participe à un nouvelle course aux armements et pousse vers une militarisation accrue.
En novembre, elle a adopté une nouvelle série de mesures visant à augmenter massivement les dépenses militaires. Ceci est connu comme l’Accord « PESCO » [Permanent Structured Cooperation, coopération structurée permanente]. Nous sommes certainement mieux lotis en nous tenant à l’écart.
L’UE a orchestré le démantèlement de la négociation collective à travers le continent et a encouragé de nombreux gouvernements comme, en ce moment, les gouvernements français et italien, à détruire les législations progressistes obtenues par les luttes des travailleurs et des syndicats.
Au lieu de tourner le dos à nos voisins syndicaux les plus proches — comme beaucoup de nos dirigeants l’ont fait — ; syndicats des pays voisins qui sont mal à l’aise parce-qu’ils craignent que exposions le véritable caractère anti-ouvrier de l’UE, nous devrions développer nouvelle solidarité internationale.
La confusion qui assimile la mondialisation à l’internationalisme doit cesser. Nous devons retourner à notre esprit internationaliste en tant que mouvement syndical.
Un avenir stimulant et lumineux
Quitter l’UE sera difficile. Changer notre relation avec notre plus grand partenaire commercial ne sera pas facile et il ne fait aucun doute qu’il y aura des difficultés de la même manière que lors de tout rééquilibrage de nos arrangements commerciaux et économiques.
Toutes les grandes avancées de l’histoire comprennent un coût. Il y en aura un lorsque nous déferons la philosophie du marché néolibéral qui sous-tend l’économie de l’UE et de ses États membres.
Le gain sera que notre avenir sera décidé par nous-mêmes, pour notre propre intérêt national et non pour l’intérêt d’une bureaucratie étrangère et antidémocratique, que nous ne pouvons ni choisir ni changer.
Comme l’a dit Corbyn dans un discours à Coventry, « le Brexit sera ce que nous en ferons ensemble ».
Les syndicalistes devraient être à la pointe de la reconstruction et de la transformation de la Grande-Bretagne.
Traduction PC – commission internationale du PRCF- pour www.initiative-communiste.Fr
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