– I.C. – A l’issue du Comité central du PRCF, quelle analyse fais-tu de la situation de la France après les attentats terroristes de masse et la proclamation par Hollande d’un état d’urgence à rallonge ?
– G.Gastaud. : les communistes n’ont pas pour habitude de farder la vérité. La situation de la France est celle d’une terrible tenaille réactionnaire que tous les vrais communistes, tous les démocrates, tous les syndicalistes de classe, tous les patriotes conséquents, doivent briser au plus tôt en unissant leurs forces.
Sur le plan extérieur, le peuple et la jeunesse de France sont ciblés par les monstrueux assassins de Daesh ; ces derniers ne méritent aucune excuse et doivent être traqués avec la dernière rigueur. Mais cela n’exonère en rien les dirigeants proprement irresponsables de notre pays, Sarkozy hier, Hollande aujourd’hui, avec son compère Fabius. Excités par des « intellectuels » pousse-au-crime comme feu A. Glucksmann hier et comme BHL aujourd’hui, ces dirigeants – qui ont totalement enterré la politique indépendante dont se réclamant De Gaulle – n’ont cessé de pratiquer l’ingérence néocoloniale dans les affaires intérieures d’Etats souverains comme la Libye ou la Syrie. Dans les deux cas, pour restaurer la domination coloniale de l’impérialisme français et atlantique sur ces pays, Hollande et Fabius ont pris le risque insensé de déstabiliser des Etats souverains et même, s’agissant de la Syrie… un des très rares Etats laïques de la planète, en qualifiant de « combattants de la liberté » des terroristes financés par les pétromonarchies du Golfe ou par la Turquie. On se dit ainsi que la belle U.E. autoriserait formellement l’achat par la Turquie du pétrole contrebandier de Daesh ! Déjà Mitterrand avait soutenu les talibans de Ben Laden, les Gulbuddin Hekmatyar, et autres tortionnaires fanatiques afghans, parce qu’ils avaient le « mérite » de combattre l’Armée rouge et les jeunes officiers progressistes au pouvoir à Kaboul. Hier, face à l’URSS, la réaction occidentale appuyée par la social-démocratie tout entière et par une partie des trotskistes, soutenait de fait la croisade antisoviétique de Reagan – et de Mitterrand ! –, laquelle a conduit à la contre-révolution en URSS avec l’aide de Gorbatchev et d’Elstine. Ce « plutôt mort que rouges » obsédant qui devient presque de nos jours un « plutôt morts que roses » tant les Valls, Macron et Cie ont dérivé à droite en l’absence d’un PCF de combat, a abouti au fait que Hollande et Fabius ont érigé le régime de Damas, et conséquemment, la Russie qui le soutient, en ennemi principal au Proche-Orient, et cela avec le soutien hystérique de toutes la fausse gauche bobo, les Bernard Guetta (France Inter), Libé et Cie. Mais que l’on sache, la Russie n’a jamais commis d’attentats terroristes sur notre sol et De Gaulle rappelait même en 1965 lors d’une visite historique à Moscou que « la Russie soviétique a joué le rôle principal dans notre libération », à l’inverse de ce qui s’enseigne dans tant de manuels d’histoire ! Je ne sache pas non plus que quiconque ait accusé Damas d’avoir organisé des attentats de masse à Paris…
En revanche, le pouvoir actuel, véritable VRP de Dassault et de Lagardère, vient de vendre des Rafales à Riyad alors qu’il a refusé de livrer des Mistral déjà payés par la Russie… Cette Russie que, tête basse, Hollande appelle aujourd’hui à la rescousse contre Daesh ; marchant sur les brisées qataris de Sarkozy, l’équipe Hollande-Valls et le grand patronat « français » ont aussi déroulé le tapis rouge pour la pénétration des capitaux qataris et saoudiens à Paris : chacun sait pourtant que ces deux régimes archi-réactionnaires, qui strangulent le Yémen et le Bahreïn, sont au cœur du développement mondial de l’intégrisme fanatique. L’Elysée a aussi laissé l’intégriste (soi-disant « modéré ») Erdogan mener sa campagne électorale en France même (meeting électoral de Strasbourg) et appeler à l’hallali sanglant contre le peuple kurde de Turquie : pourtant, répétons-le, sans le régime turc allié à l’UE/OTAN, l’Etat dit islamique ne pourrait pas se financer et se surarmer en vendant le pétrole volé aux peuples syrien et irakien. En outre la politique dite sécuritaire des gouvernements successifs est à la fois inefficace contre le terrorisme de masse et liberticide à l’encontre de notre peuple, et avant tout des forces progressistes et syndicales sur lesquelles la répression s’alourdit. Quelle aberration que de vouloir « défendre la liberté » en la réduisant (par ex. en emprisonnant des gens sans procès !), « promouvoir l’égalité » en supprimant les acquis sociaux qui atténuaient un peu l’exploitation capitaliste et « encourager la fraternité » en fraternisant avec les néo-reaganiens de l’UMP, qui surenchérissent sur le FN pour stigmatiser les travailleurs musulmans ! Pratiquer une telle politique, c’est agir comme Gribouille qui se jette dans la rivière pour éviter la pluie !
En réalité, ce qui fragilise et déstabilise le peuple français, c’est d’abord la politique de ses gouvernants maastrichtiens successifs. Ceux-ci peuvent bien chanter la Marseillaise et bomber le torse quand un massacre de masse frappe la France d’en bas et vient secouer l’opinion. Mais en réalité, les dirigeants euro-atlantiques qui ont déstabilisé la Libye ou la Syrie détruisent AUSSI notre nation en cassant les acquis du CNR, en dissolvant la France dans l’UE supranationale, en substituant le tout-anglais transatlantique à la langue française (chanson, cinéma, recherche, enseignement, commerce, tout y passe !), en démantelant la République une et indivisible au profit des « grandes régions », en laissant le MEDEF et la grande distribution saccager le ‘produire en France’ industriel et agricole, en dénaturant l’Education nationale, ce qui conduit à déclasser et à exclure massivement les ouvriers, les paysans et leurs enfants. Une « France libre, forte, indépendante et heureuse » comme celle que tentèrent de reconstruire les ministres communistes de 1945 en mettant en place la Sécu, les retraites par répartition, l’EDF, le statut de la fonction publique, les conventions collectives, le droit du travail, les comités d’entreprise, etc., voilà qui redonnerait sens à la fierté d’être Français, c’est-à-dire d’être l’héritier des Lumières, de 1789, de 1905, 1936 et de 1945, et non pas cette politique du néant qui voudrait forcer les Français à « choisir » entre un Etat-policier et leurs libertés ou, sur le plan politique, entre les Etats-Unis ultra-capitalistes d’Europe et la fascisation bleu marine de notre pays.
I.C. : Que propose le PRCF sur le plan de la politique étrangère ?
G.Gastaud. : il est urgent que notre pays cesse de se compromettre dans des expéditions néocoloniales d’un autre âge, qu’en Afrique en particulier, la coopération à égalité et le co-développement remplacent la hideuse « Françafrique » actuelle. Au Proche-Orient, il est suicidaire – du moins du point de vue des peuples – que l’Elysée continue obtusément de considérer Assad comme l’ennemi principal, alors que Daesh, cette créature de Frankenstein de la CIA, d’Ankara et des pétromonarchies, ce réquisit de la désastreuse invasion de Bush en Irak, martyrise notre pays et sa jeunesse. Nous ne demandons pas à Hollande de jouer les pompiers, encore moins les Zorros au Proche-Orient. Pour ce sergent Garcia de la politique américaine, ce serait déjà un grand progrès qu’il s’applique le premier précepte de la médecine hippocratique : « d’abord ne pas nuire ». Cessez donc de jeter de l’huile sur le feu en Syrie, cessez de mettre des préalables absurdes et mortifères au règlement politique de la crise en Syrie, c’est aux Syriens et à eux seuls de décider quel sera leur prochain président sans la moindre ingérence étrangère !
Disant cela, nous n’idéalisons en rien Assad ou la Russie postsoviétique et capitaliste de Poutine. Dans ces deux pays, nous sommes politiquement solidaires des communistes russes et syriens et d’eux seuls. Mais ce n’est pas à Fabius et à Hollande de choisir le futur président syrien, c’est au peuple syrien et à lui seul.Sinon, comment s’étonner que chez nous, ce soit Merkel qui cadre notre budget national et Moscovici qui écrive – en anglais bien entendu ! – les grandes lignes du projet Macron visant à « ubériser » l’économie, à précariser tout le salariat, à démanteler la SNCF au profit de la route et du privé, etc. Engels disait déjà qu’un peuple qui en opprime d’autres ne saurait être libre. C’est pourquoi le peuple français a tout à perdre dans les opérations de déstabilisation d’autres Etats souverains qui sont portées par ses gouvernants euro-atlantiques. La revendication de fond du PRCF qui vise à sortir la France de l’euro, de l’UE et de l’OTAN (dans la perspective non dissimulée d’une rupture révolutionnaire avec le capitalisme s’agissant des communistes) devrait être portée par tous les véritables patriotes républicains et si nous le faisions tous ensemble et en même temps, l’étau formé par l’UMPS et par les Le Pen père, fille et nièce ne tarderait pas à voler en éclat devant l’alliance irrésistible du drapeau rouge et du drapeau tricolore. Le « FRAPP » que nous proposons est donc aussi une proposition stratégique à l’international, l’émancipation du peuple français par rapport à l’UE atlantique serait une excellente nouvelle pour tous les peuples d’Europe, d’Afrique et du Proche-Orient… Alors que nous commémorons l’année 1965 où De Gaulle se rendit à Moscou après avoir prié les USA de déménager leurs bases militaires en France, à quand une grande manif unitaire et plurielle pour la sortie de la France de l’UE atlantique ?
Je voudrais terminer sur une remarque générale : il est impossible de combattre l’euro-austérité sans combattre les guerres impérialistes à la fois ruineuses et dangereuses pour le peuple. Pas un tract sur les salaires sans dénonciation des ruineuses guerres impérialistes, pas une dénonciation de l’impérialisme français « à l’extérieur » sans rappeler que la casse sociale, institutionnelle, industrielle, agricole, linguistique de la France est orchestrée par l’oligarchie capitaliste dans notre propre pays.
I.C. : Et pour rouvrir la perspective politique en France même ?
G.Gastaud. : il serait dramatique que le monde du travail, et notamment, que les organisations syndicales dignes de ce nom « fassent le gros dos », qu’elles renoncent à tracter sur la voie publique, à faire grève contre les mauvais coups, à manifester sous prétexte d’union sacrée ; toute l’histoire du mouvement ouvrier prouve que quand état de guerre il y a, les dominants en profitent sordidement pour faire précipiter les sales coups qu’ils peinent à mettre en œuvre d’ordinaire. Déjà on entend Hollande dire qu’il faudra « faire des sacrifices » alors qu’il y a déjà, par la faute de sa politique maastrichtienne, des millions de pauvres, de précaires, de salariés mal payés et malmenés dans ce pays. Déjà on voit l’UMP, Fillon en tête, appeler à désosser totalement le « modèle social » et à accroître sans cesse les moyens répressifs alors même que l’Education nationale, les hôpitaux, l’ex-ministère de l’Equipement (c’est-à-dire les barrages, les ponts, les routes…), l’O.N.F., etc. sont à bout de souffle faute d’effectifs.
Les mêmes qui saluent le magnifique élan salvateur des personnels de santé, des pompiers, des policiers de base, des travailleurs des transports, affirment aussi comme Macron, Gattaz, etc. qu’il faut casser le statut de la fonction publique rédigé par Thorez pour reconnaître la mission nationale de ces personnels, qui viennent encore de prouver avec désintéressement leur entier dévouement au bien public ! Ce discours schizophrène anti-fonctionnaire est proprement honteux s’agissant de prétendus « hommes d’Etat » qui font fonctionner à l’envers la devise de Victor Hugo « ouvrir une école, c’est fermer une prison » !
C’est pourquoi d’une part le PRCF maintient son appel unitaire à se rassembler le 2 décembre prochain de manière pluraliste devant les chambres patronales ou devant les préfectures et sous-préfectures ; en effet, le 2 décembre, les salariés d’Air-France, plus exactement les ouvriers qui ont porté la juste colère prolétarienne devant la nouvelle vague de suppressions de postes, seront traités comme des criminels alors que les actionnaires d’Air-France, qui s’engraissent des plans de licenciements à répétition, sont soutenus par le pouvoir ! On voit au passage à cette occasion combien mensonger était le discours du pseudo-communiste Gayssot, alors ministre des transports de l’euro-gauche plurielle et dirigeant du PCF « euro-constructif », quand Air-France a été privatisé sous prétexte de lui apporter de l’ « air frais »… Le 2 décembre, saisissons l’occasion de dire ensemble, par delà les différences qui divisent électoralement le monde du travail, ASSEZ DE CONTRE-REFORMES, de PRIVATISATIONS, de DELOCALISATIONS, de « baisse du prétendu coût du travail », tous ensemble et en même temps comme en décembre 95 pour mettre fin à la guerre sociale menée contre le peuple par l’oligarchie et ses serviteurs !
Le PRCF appelle d’autre part ses militants et toutes les forces communistes et non communistes qui appuient ce texte à faire signer largement sur les marchés, au porte-à-porte, à l’entrée des entreprises l’appel-pétition réclamant un référendum pour permettre au peuple français de voter NON au maintien de la France dans l’UE du capital. Cette revendication pourrait fédérer toutes les forces authentiquement républicaines et patriotiques et elle doit être menée comme une campagne populaire, « en bas », comme l’ont compris nos camarades de Grenoble, du Littoral du Pas-de-Calais, etc. : dans certains quartiers populaires du Portel, nous avons obtenu 80% de signataires en faisant le porte-à-porte tant les ouvriers en ont ras-le-bol de l’UE et de son maudit euro qui a aidé à dynamiter leur pouvoir d’achat…
I.C. : certains vous objecteront que vous faites « le jeu du F.N. »…
G.Gastaud. : cette objection est plus absurde que jamais. Marine Le Pen a presque eu droit récemment aux félicitations du Monde, le quotidien de l’euro-révérence et du basculement de la France au tout-anglais, pour avoir déclaré en substance que si l’UE restituait sa souveraineté à la France», alors le FN accepterait que la France ne remette pas en cause sa participation. Cette grossière contradiction dans les termes (être indépendant dans un cadre supranational !) ne veut strictement rien dire sinon que le Front supranationalenvoie un signal clair à la droite sarkozyste et au MEDEF, ultra-européistes comme on sait. Par ailleurs les « têtes » économiques du FN rallient à vitesse V les revendications du patronat et de l’UMP sur le code du travail, les 35 heures et le recul de l’âge de la retraite, etc. Bref, la patronne du FN a intégré l’idée que si elle voulait être adoubée présidente de la République par le MEDEF et obtenir les suffrages des députés UMP dans le cadre d’une présidence bleue marine, il lui faudrait rallier à 100% la « construction européenne », bien entendu dans le cadre d’une « extrême droitisation » en cours de cette dernière. En réalité, il n’y a pas de « sortie FN » de l’UE et de l’euro, et le Parti Maastrichtien Unique déjà formé du PS et de l’ex-UMP est en train de se muer rapidement en « U.M.Pen.S. » ! Et c’est tout ce petit monde qui, tout en organisant un parti unique ultra-sécuritaire et pro-UE en France, ose parler de « pluralisme » alors que notre peuple est méthodiquement privé de politique alternative ! En réalité, la seule sortie possible de l’UE et de l’euro passe par la porte à gauche, ou mieux, par la voie progressiste, et elle implique d’affronter le grand capital en recentrant la reconquête de l’indépendance nationale sur le monde du travail : en un mot, il s’agit d’une lutte révolutionnaire !
Mais rien ne sert de se lamenter : agissons plutôt sur ce qui dépend de nous, comme l’enseigne la sagesse stoïcienne ! En réalité, les forces communistes, progressistes, authentiquement patriotiques, les syndicalistes de classe, bref le camp du travail et du progrès serait gravement coupable, étant donné l’état crépusculaire, pré-ténébreux où est plongé le pays, de ne pas rapidement engager l’action unie autour des deux drapeaux historiques du peuple français, le drapeau rouge de la Commune de Paris et l’étendard tricolore de la Révolution française, pour les « quatre sorties » (ou du moins, s’agissant des non-communistes, pour les trois sorties : de l’euro, de l’UE et de l’OTAN) sur la base d’un large programme patriotique, antifasciste, pacifique et social permettant à notre peuple de sortir de s’orienter vers une société où le « monde du travail serait au cœur de la vie nationale » comme le stipulait le programme du CNR. Mais une société où la classe ouvrière est au cœur de la vie nationale, qu’est-ce d’autre, de quelque façon qu’on la nomme, qu’une société socialiste ? La crise des partis politiques maastrichtien, leur discrédit est tel que, si l’action des travailleurs, si l’intervention militante des militants communistes se développe, des dizaines de millions de Français à la recherche d’une rupture progressiste peuvent briser l’UM-Pen-S maastrichtienne et remettre notre nation sur les rails du progrès social, de la souveraineté populaire véritable, de l’indépendance nationale et du socialisme.
I.C. – Mais n’est-il pas ringard à notre époque de parler du CNR ?
G.Gastaud. : Nullement. Rappelons que c’est le MEDEF, par la bouche de son idéologue Denis Kessler, qui a fixé pour objectif à l’UMPS en général et à Sarkozy en particulier de « démanteler le programme du CNR » (éditorial de « Challenge » en novembre 2007) ; si quelqu’un veut revenir en arrière – en clair vers la Grande Europe allemande et ultraréactionnaire que soutenait déjà le grand patronat « français » de l’époque… – ce n’est pas le PRCF, ce sont les soi-disant « modernes » dirigeants néolibéraux actuels…
Comment en outre les principes du CNR, indépendance nationale, antifascisme et antiracisme, nationalisations des « secteurs monopolisés de l’économie », « plan complet de sécurité sociale », reconstruction de l’industrie, rôle central du « monde du travail dans la vie nationale », pourraient-ils jamais être « dépassés » ? En outre, rien n’interdit de compléter et d’actualiser ce programme. N’est-il pas clair qu’à notre époque, il faut mettre en avant comme jamais l’égalité homme-femme et la laïcité (c’est-à-dire la séparation stricte de l’Etat et des Eglises alors que Mme Hidalgo vient de violer la loi de 1905 en assistant ès qualités à un office catholique!), la mise en place de nouveaux traités internationaux progressistes avec tous les pays – sans accepter l’hégémonie mondiale du dollar et la suprématie régionale de l’euro-mark – , par ex. avec les pays latino-américains de l’ALBA, avec les pays d’une Francophonie redéfinie comme arme de résistance à l’impérialisme culturel, avec les pays d’Afrique enfin traités comme des frères, avec les BRICS, l’Europe du sud et de l’Est, toutes deux « massacrées » aujourd’hui par l’Axe franco-allemand du capital : bref, assez de confinement dans le cadre étouffant de l’U.E./O.T.A.N. sous domination germano-étatsunienne ! Mondialisons le droit des peuples à disposer d’eux-mêmes pour coopérer à égalité d’Etat à Etat ! Affranchissons-nous de la ruineuse guerre économique capitaliste que Maastricht a rebaptisée « économie de marché ouverte sur le monde où la concurrence est libre et non faussée »…
Enfin, à notre époque, la dimension écologique de l’alliance populaire est incontournable, au point qu’un ami du PRCF vient de nous proposer d’ajouter un « E » final (et non muet !) à la notion de « FR.A.P.P. » : le Front Antifasciste, Patriotique et Populaire ne doit-il pas devenir un « FR.A.P.P.E. » pour percuter encore plus fortement le capital prédateur et rassembler, non seulement les patriotes antifascistes autour du monde du travail, non seulement les croyants progressistes de toutes confession (pourvu qu’ils acceptent sans réserve la loi de 1905 !), mais les écolos sincères qui refusent d’instrumenter l’écologie pour casser la nation et le produire en France, comme c’est tristement le cas des deux tendances rivales d’Europe-Ecologie.
I.C. : A ce propos, comment vois-tu la COP 21 et la question du réchauffement climatique ?
G.Gastaud. : contrairement à une idée reçue, le marxisme – dont l’un des fondements est la dialectique de la nature et de l’histoire – est structurellement attentif aux questions environnementales : il suffit de rappeler cette phrase prophétique de Marx selon lequel « le capitalisme ne produit la richesse qu’en épuisant ses deux sources, la Terre et le travailleur »… Il y a en effet deux approches de la lutte contre le réchauffement climatique – qu’il faudrait d’ailleurs élargir à l’ensemble des dégâts environnementaux que provoque la course effrénée au profit maximal :
- La première approche est celle des maîtres de la mondialisation capitaliste ; tantôt ils veulent échapper aux règlements contraignants sur les gaz à effet de serre (cf la déclaration récente d’Obama exigeant que la COP 21 n’élabore aucun texte juridiquement contraignant pour les transnationales US), tantôt veulent procéder à un vaste éco-blanchiment du capitalisme. Tel est le projet actuel d’ « agriculture intelligente face au climat » élaboré par la Banque mondiale et soutenu par les institutions de la mondialisation capitaliste : en réalité, ce programme vise à attirer d’énormes flux d’argent public vers les monopoles repeints en vert de l’agro-industrie capitaliste : ce seraient alors les paysans et les agricultures vivrières qui continueraient d’être massivement éliminés et sous-prolétarisés ; dans les pays du « nord », ce serait la grande distribution, qui n’opprime déjà que trop les paysans français (cf les luttes paysannes de l’automne) qui en profiterait de cette pluie prétendument écologique d’argent public ; et même si l’on fait reculer un peu (et j’en doute) le réchauffement climatique d’origine humaine, ce serait en créant à terme un énorme problème avec l’alimentation de l’humanité future, surtout quand on voit ce que le capitalisme fait au titre des « agro-carburants »…
- L’autre approche est celle que partage le PRCF : face au caractère de plus en plus prédateur – j’ai coutume de dire « exterministe » – du capitalisme, il faut une vaste alliance, en France et dans le monde, de la faucille paysanne et du marteau prolétarien. Il n’y a pas d’alternative vitale possible à la lutte contre la mondialisation capitaliste, c’est-à-dire au repartage impérialiste du monde, que l’émergence d’un monde de nations souveraines coopérant sur la base d’une offensive mondiale des forces du travail dans la direction du socialisme-communisme. Ce n’est pas seulement face à la barbarie terroriste nourrie par l’impérialisme, face à la fascisation du champ politique, face à la crise économique sans fin que la formule anti-exterministe de Fidel Castro « patria o muerte, socialismo o morir ! »prend tout son sens, c’est également face à la destruction irresponsable de l’environnement qu’engendrent la course au profit, ainsi que la marchandisation sans frein de la nature et de l’humain. Le communisme de nouvelle génération que nous appelons de nos vœux, et qui nécessite une lutte résolue contre la criminalisation des expériences révolutionnaires passées, est au final le seul écologisme conséquent parce qu’il est le seul anti-exterminisme conséquent.
I.C.. : Comment parvenir à ces objectifs ?
G.Gastaud. : malgré le décès très éprouvant de plusieurs piliers du PRCF dans la dernière période, notamment des hommes de bien et des fraternels combattants qu’étaient mes regrettés amis Roger Bennati et Etorix de Angelis, le PRCF et les JRCF font preuve d’un grand dynamisme depuis notamment notre commémoration de lutte de Stalingrad – le seul rassemblement de rue à ce sujet dans toute l’Europe occidentale ! – sans parler du 10èmeanniversaire du Non à la constitution européenne où le PRCF a joué tout son rôle à proximité du Palais-Bourbon avec d’autres forces des Assises du communisme. Notre ligne est claire : renaissance du vrai parti communiste avec le concours de tous les vrais communistes, y compris les militants marxistes du PCF, soutien au syndicalisme de classe, rassemblement des patriotes antifascistes qui rejettent à la fois l’UE et le FN (c’est d’ailleurs de plus en plus la même chose…). Il faut donc renforcer le PRCF et les JRCF, ne pas compter éternellement les points en se contentant de « militer sur internet ». C’est dans la rue, à l’entrée des usines, des facs et des services publics, sur les marchés, dans les manifs populaires, dans les cages d’escalier des HLM, que la résistance populaire et l’alternative peuvent renaitre ; et pour cela, il faut urgemment un PRCF et des JRCF plus forts et plus présents sur un maximum de terrains de lutte. Contactez-nous, aidez-nous concrètement, ne restez pas spectateurs, demain il serait trop tard !