9 octobre 2022 – par Fadi Kassem, Georges Gastaud et Aymeric Monville – Quel qu’ait été son modus operandi, l’attaque terroriste contre le pont de Crimée est une provocation majeure contre la Russie. Etant donné le niveau réel de l’armée ukrainienne, cette opération irresponsable indique que les pires faucons de l’OTAN et des USA sont au poste de commandement à Kiev, avec un seul but déterminé : provoquer un affrontement Est-Ouest majeur, quel qu’en soit le prix pour la population de l’Ukraine, pour celle de la Russie, voire de l’Europe tout entière ; le but désormais proclamé par les néoconservateurs américains est désormais de briser, puis de dépecer la Russie afin de disloquer l’entente russo-chinoise puis d’attaquer la République populaire de Chine que Washington a désignée depuis longtemps (c’était déjà le cas sous Obama!) comme son ennemi stratégique. Moscou est sciemment placée par les Occidentaux et par leurs sous-traitants de Kiev devant un dilemme tragique : soit monter l’escalade, y compris peut-être en utilisant les armes nucléaires tactiques, ce qui comporterait des risques majeurs et proprement exterministes pour la paix mondiale, soit encaisser sans broncher l’humiliation subie, ce qui encouragerait l’agression de l’alliance euro-atlantiste et du régime pronazi de Kiev contre la Russie et ne serait finalement pas moins dangereux pour la paix du monde. Plus que jamais, les vrais militants de la paix ne sont donc pas ceux qui hurlent avec les loups de l’union sacrée médiatico-politique stimulée par la fausse gauche et portée sans la moindre retenue par le prétendu « service public » de l’audiovisuel, mais ceux qui expliquent, faits à l’appui, que l’UE-OTAN a tout fait depuis 2014 pour torpiller les Accords de Minsk prétendument garantis par Kiev, Paris et Berlin, et pour poursuivre sans fin la ruée vers l’Est de l’OTAN engagée depuis 1991 lors de la dissolution unilatérale du Traité de Varsovie; une dissolution décidée sous l’impulsion de ce faux ami de la paix et de ce vrai néo-Munichois qu’était en réalité le fourbe Mikhaïl Gorbatchev.
Cependant, par-delà les divergences qui peuvent exister sur les responsabilités engagées dans le présent « conflit de haute intensité » que Biden, Macron et le chef d’état-major de l’armée française annonçaient et préparaient déjà très en amont du 24 février 2022, des personnalités fort éloignées des analyses géopolitiques que nous portons, comme le gaulliste Henri Guaino ou comme la social-démocrate européiste Ségolène Royal réclament que la France, aujourd’hui minablement alignée sur Washington au détriment de nos intérêts nationaux vitaux, retrouve une voix indépendante pour appeler à la paix et à la négociation pendant qu’il en est temps, et ce temps est désormais compté. Ceux qui, à « gauche », y compris à la tête de la gauche prétendument « radicale » et du bloc électoraliste de la NUPES en voie de délitement, auront préféré arborer le drapeau de Kiev sur les mairies « communistes », « écolos » ou « socialistes », ajourné toute action effective anti-OTAN et appelé de manière belliciste aux livraisons d’armes massives à Kiev (donc par exemple à ses suppôts néonazis du Parti « Svoboda », ex- « Parti national-socialiste ukrainien »!), porteront une tache aussi indélébile devant l’histoire que celle que portent à jamais les « socialistes » français, russes, belges et allemands de 1914 qui trahirent l’internationalisme prolétarien et les intérêts véritables de leurs propres peuples en appelant à la boucherie mondiale sous de faux prétextes patriotiques. Plus que jamais, tous ceux qui comprennent qu’une guerre continentale ou transcontinentale serait nécessairement nucléaire et exterminatrice à notre époque, doivent tout faire pour réclamer la négociation, la désescalade et la fin des livraisons d’armes et des sanctions qui ruinent l’économie européenne et qui préparent le chaos économique et social dès cet automne dans toute l’Europe au seul profit de l’impérialisme et de l’hégémonisme américains.
Mais surtout l’heure est à l’intervention sans complexe des militants franchement communistes et des syndicalistes de classe auprès des travailleurs et au plus près des entreprises, et notamment des entreprises en lutte (notamment les raffineries, de « Camaïeu », d’EDF, etc.), sans oublier cette masse de salariés que le prix spéculatif de l’essence, que le blocage de fait des salaires par Macron et par le patronat et que les pénuries d’essence, empêchent de vivre et de travailler normalement. Il y a conjonction forte, voire vitale, entre la défense de la paix mondiale, le retour de la France à une politique étrangère et militaire indépendante, la défense des salaires, des conditions de vie des travailleurs et des acquis sociaux, notamment des retraites par répartition que veut sabrer l’UE alors même que l’impératrice autoproclamée Ursula von der Leyen appelle sans trêve à une escalade de sanctions antirusses, de livraisons d’armes et de dépenses insensées de surarmement sur sommation de Washington, avec en prime le retour en force du surarmement et du vieil interventionnisme allemands aux marches de la Russie.
Dès lors et plus que jamais, portons dans le mouvement populaire des mots d’ordre franchement républicains, anti-impérialistes et anti-bellicistes: L’argent pour les salaires et les retraites, pas pour les fauteurs de guerre ni pour les actionnaires! Halte aux « sanctions » ruineuses et aux envois d’armes assassins et suicidaires ! Halte aux diktats de l’UE-OTAN qui conduisent la France, l’Europe et le monde au chaos et à la conflagration paneuropéenne, voire mondiale !
A l’heure où les travailleurs britanniques des transports (rail, route, docks) marchent vers la grève générale et affrontent vaillamment la Thatcher bis qu’est Cruella Truss, à l’heure où le mouvement pour la paix prend de la force à Berlin et à Prague où il met très directement en accusation l’UE et l’OTAN, le développement du combat anticapitaliste et anti-impérialiste est le principal espoir pour la défense, non seulement du pouvoir d’achat et des conditions de vie populaires, mais pour la paix mondiale et pour l’avenir de l’humanité et pour celui du vivant sur Terre.
C’est d’autant plus vrai que la crise de la domination capitaliste s’aggrave en Europe, où le conflit russo-ukrainien attisé par Washington sape l’ « Union » européenne et achève de déstabiliser l’euro, et qu’en France, l’appareil d’Etat se fissure (voir la protestation massive en ce moment même des officiers de Police judiciaire contre le régime Macron, ou la manière dont les juges viennent d’envoyer le ministre Dupont-Moretti devant la Cour de la République pour conflit d’intérêts), Macron envisageant même une dissolution anticipée de l’Assemblée nationale si son projet de loi réactionnaire sur les retraites exigé par l’UE n’est pas voté au pas de charge… En 1914, Lénine disait déjà en substance que, face à la grande tuerie impérialiste mondiale qui approchait, il faudrait se préparer à substituer à la guerre impérialiste mondiale l’offensive révolutionnaire du Travail contre le Capital. Dans des conditions et des formes nécessairement très différentes, ce mot d’ordre salutaire, associant centralement le combat de classe à la défense de la paix et de l’humanité, est, dans son principe plus actuel que jamais.