Ce 26 avril, la Confédération Européenne des syndicats organise une manifestation à Bruxelles. A laquelle participe notamment la CGT. (https://www.cgt.fr/actualites/europe/mobilisation/le-26-avril-bruxelles-tous-mobilises-pour-une-europe-sociale).
Une manifestation qui n’a réuni que quelques milliers de manifestants, essentiellement les états majors syndicaux. Une mobilisation qui apparait très faible alors que l’organisation largement financée par l’UE, revendique l’adhésion de 89 confédérations syndicales et 45 millions de membres, dont3.5 millions sont censés se situer en Belgique… Le but affiché ? faire campagne pour la construction européenne à la veille des élections au parlement européen, en s’appuyant sur la fausse promesse de l’Europe Sociale, et ce alors que les travailleurs sont toujours plus opposés à l’Union Européenne qui mène une guerre de classe acharnée pour démolir les salaires, mettre en concurrence les travailleurs et les pays afin de détruire l’ensemble des conquêtes sociales, démocratiques et écologiques pour faire grimper les profits des multinationales.
Dans un appel les syndicalistes de lutte, avec le Front Syndical de Classe dénoncent cette dangereuse illusion et appellent les syndicalistes à l’action.
Manifestation annuelle pour l’ « Europe sociale » à Bruxelles à l’appel de la CES et de la CGT…
Voici revenu le temps de l’action annuelle de revendications de la CES : l’organisation d’une manifestation à Bruxelles pour « Une Europe plus juste pour les travailleurs » .
LA CGT y appelle également et Philippe Martinez est annoncé en personne, aux côtés de Laurent Berger…
Le texte de la CGT appelant à cette journée est un vibrant appel à l’Europe sociale : « Alors qu’on voudrait nous enfermer dans un débat binaire opposant les pro-europe, tenant de plus de libéralisme et les contre, qui promeuvent un repli nationaliste, la CGT, avec d’autres organisations syndicales (belges, espagnoles, italiennes …) et avec la confédération européennes des syndicats, appellent à imposer notre Europe : une Europe sociale, écologique, ouverte et solidaire. » Il décline des revendications ambitieuses (hausse des salaires, fin de l’austérité, défense des services publics publics (sic), justice sociale et fiscale…) et conclut presque de manière lyrique : « c’est à travers cette mobilisation organisée le 26 avril à Bruxelles, que nous imposerons d’autres choix économiques, sociaux, environnementaux et que nous assécherons les plus-values reversées aux actionnaires. »
Bigre, comme les années précédentes, les actionnaires tremblent sûrement devant cette manifestation des bureaucraties syndicales appointées et organisées par l’Ue elle-même.
Car loin d’être une organisation syndicale, la CES est une officine de l’UE créée et financée par elle pour accompagner « syndicalement » la construction européenne, et que l’UE est construite à travers ses traités successifs pour être anti-sociale sans aucune possibilité qu’il en soit autrement : inscription dans le marbre des traités du néolibéralisme à l’anglo-saxonne, règle de l’unanimité rendant impossible toute évolution, pouvoir aux instances non élues directement branchées sur le grand capital (Commission, BCE…), négation de toute souveraineté populaire et nationale, …
Autrement dit, le slogan « Europe sociale » au sein de cette UE est un slogan ouvertement mensonger et mystificateur, visant à circonscrire les luttes sociales dans le cadre de l’UE et du capitalisme comme horizon indépassable et à arrimer les travailleurs à un réformisme devenu accompagnement des régressions.
Et l’appel de la CGT à l’initiative de la CES dont le précédent secrétaire général appelait à « sauver le capitalisme de lui-même » après la crise de 2008 n’est que la poursuite de l’intégration de la confédération au syndicalisme officiel dans le cadre du « syndicalisme rassemblé ».
C’est ce syndicalisme, qui passant à côté voire combat le mouvement des Gilets jaunes et n’obtenant aucune avancée sociale depuis des années, qui a entraîné le recul de la CGT devenue deuxième organisation syndicale en France derrière la CFDT.
Cette orientation passe de plus en plus difficilement auprès des bases syndicales combatives qui d’une part ont entamé un mouvement de ré-adhésion à la FSM et d’autres part ont tissé des liens avec les GJ dans de nombreux département et qui appellent à une grande journée de luttes le 27 avril avec manifestation nationale à Paris.
Face à cette évolution, B. Thibault soutenu par le journal Le Monde a d’ailleurs dû récemment se fendre d’un article (creux) pour essayer de défendre l’adhésion de la CGT à la CES…
Mais l’épisode actuel de la lutte des classes marquée par l’offensive euro-macroniste comme par la résistance populaire ne laisse aucun doute : c’est par l’ancrage dans le syndicalisme de classe et de masse, par la réaffirmation de l’antagonisme capital/travail, par la dénonciation des politiques anti-sociales et anti-démocratiques au coeur même de la construction européenne, dans la volonté non pas de négocier la régression sociale mais de la combattre frontalement, UE comprise, que se trouve la seule issue possible pour les travailleurs.
Front Syndical de Classe – 26 avril 2019