Alors que se préparaient les élections présidentielles en Biélorussie et dans le contexte dangereux de la guerre en Ukraine et de poussée à l’Est de l’axe impérialiste USA UE OTAN, l’ambassade du Bélarus en France a répondu aux questions d’Initiative Communiste à l’occasion d’un entretien réalisé par la commission internationale du PRCF.
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1. Quelle est la situation au Bélarus en ce moment ?
Cette année, notre pays a célébré deux dates importantes marquant des événements sans lesquels il serait impossible d’imaginer le Bélarus d’aujourd’hui. Il s’agit du 85e anniversaire de la réunion du Bélarus, lorsque le Bélarus de l’Ouest et le Bélarus de l’Est ont été réunis, et du 80e anniversaire de sa libération des envahisseurs nazis.
Au cours de ces années, notre pays a parcouru un chemin difficile. Il a été détruit et incendié, son peuple a subi un génocide, il a survécu à la dévastation et au chaos des années 1990. Mais malgré toutes les difficultés et le chagrin, les Bélarussiens ont réussi à faire renaître le pays de ses cendres et à construire un État prospère, souverain et indépendant.
Aujourd’hui, le Bélarus est autosuffisant dans tous les domaines stratégiquement importants de la vie. Nous avons réussi non seulement à préserver et à moderniser nos géants industriels (MAZ, BELAZ, MTZ, BMZ et bien d’autres), mais aussi à créer de toutes nouvelles entreprises de haute technologie (la centrale nucléaire bélarussienne, le parc industriel sino-bélarussien de Great Stone, l’usine BELGEE, la société nationale bélarussienne de biotechnologie et d’autres installations emblématiques). Des centaines de milliers d’emplois ont été créés et l’indépendance économique et la souveraineté politique du pays ont été assurées.
Aujourd’hui, quatre satellites bélarussiens sont en orbite. Cette année a eu lieu le premier vol dans l’espace d’une femme cosmonaute bélarussienne dans l’histoire souveraine de notre pays.
Le niveau des spécialistes bélarussiens des technologies de l’information et de l’intelligence artificielle est connu dans le monde entier et ne nécessite pas de promotion supplémentaire.
Les industries traditionnelles du Bélarus, telles que la microélectronique, l’instrumentation et la construction de machines-outils, ont connu un second souffle ces dernières années et se développent à un rythme accéléré.
Voici quelques statistiques. Le Bélarus produit environ 80 % des tracteurs de la CEI, environ 50 % des fibres et fils chimiques, un cinquième des réfrigérateurs et congélateurs. Le pays est l’un des premiers au monde pour la production de véhicules lourds. Le complexe industriel représente près d’un tiers du PIB du pays et 80 % de ses exportations.
Tout cela a été réalisé, entre autres, grâce au fait que le Bélarus n’a pas suivi les « recommandations » du FMI visant à réduire le soutien de l’État aux entreprises agricoles. Aujourd’hui, notre pays est non seulement autosuffisant sur le plan alimentaire (et au détriment de sa propre production), mais il est également l’un des cinq plus grands exportateurs d’Europe.
Aujourd’hui, le Bélarus construit des maisons et des hôpitaux, de nouvelles stations de métro, des palais des glaces et des complexes sportifs, et les comptoirs des magasins débordent de marchandises. Notre industrie alimentaire et légère est connue dans le monde entier.
L’État social qui prend soin de ses citoyens, en développant activement les soins de santé et la sphère sociale, en fournissant une assistance aux groupes de population à faible revenu, reste la marque nationale inchangée du Bélarus.
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Le Bélarus se classe 30e sur 166 pays dans le classement des pays du monde en ce qui concerne la réalisation des objectifs de développement durable. Cela signifie, avant tout, éradiquer la pauvreté, résoudre les problèmes environnementaux et sociaux. Il convient de rappeler ici que les mesures coercitives unilatérales prises par l’Occident collectif à l’encontre de la potasse bélarussienne entravent aujourd’hui le développement durable, l’éradication de la faim et la garantie de la sécurité alimentaire dans un certain nombre de pays d’Afrique et d’Amérique latine.
Par ailleurs, le Bélarus a réagi avec ouverture au dernier train de sanctions illégales et a annulé unilatéralement le régime des visas pour les citoyens de tous les pays de l’UE. Des milliers de citoyens de l’UE, dont des centaines de Français, en ont déjà profité, continuent de visiter notre pays et tirent leurs propres conclusions quant à savoir si les informations diffusées par la propagande occidentale correspondent à la réalité.
Le Bélarus mène en permanence une politique étrangère pacifique. Le prestige international de la République s’accroît. Ainsi, cette année, notre pays est devenu officiellement un partenaire des BRICS.
2. Quelle vision a le Bélarus de l’évolution du conflit entre la Russie et l’OTAN ?
Le Bélarus a été et reste un partisan de la paix. Nous exprimons régulièrement nos initiatives de paix à grande échelle depuis la tribune des Nations unies et dans les forums internationaux.
Peu de gens s’en souviennent aujourd’hui, mais c’est sur le territoire du Bélarus que se sont déroulés les trois premiers cycles de négociations russo-ukrainiennes, au tout début du conflit actuel. Et nous continuons à croire qu’un jour viendra où la paix régnera dans nos États voisins, proches de nous, où vivent nos peuples frères, et où nous vivrons tous dans l’harmonie et l’amitié.
Je suis convaincu que le conflit en Ukraine prendra fin à la table des négociations. Il est dans l’intérêt de notre pays que Minsk soit également à cette table, car il s’agit de garantir notre sécurité.
Nous ne pouvons qu’être préoccupés par ce qui se passe actuellement près des frontières de notre pays, en particulier en Pologne et en Lituanie, où plusieurs milliers de soldats sont déployés à proximité du Bélarus, où les forces armées de l’OTAN d’autres pays, y compris l’Allemagne, sont amenées à intervenir. Nous considérons d’ailleurs qu’il s’agit là d’un danger encore plus grand que celui que représente l’Ukraine en guerre.
Notre chef d’État a déclaré à plusieurs reprises que la tranquillité du Bélarus ne devait en aucun cas être prise pour de la faiblesse. Nos forces armées ont aujourd’hui pour mission d’infliger des dommages inacceptables à l’ennemi si ses bottes foulent notre sol. Notre pays dispose des ressources nécessaires à cet effet, y compris avec le soutien de la Russie, avec laquelle le Bélarus a récemment signé le concept de sécurité de l’État de l’Union et le traité interétatique sur les garanties de sécurité. Aujourd’hui, Minsk et Moscou ont atteint un niveau sans précédent d’alliance stratégique et de coordination dans le domaine militaire.
Ainsi, pour résumer ma réponse à votre question, je conclurais que la confrontation actuelle entre l’OTAN et la Russie concerne directement le Bélarus, puisqu’elle se déroule près de nos frontières. La poursuite de l’escalade, y compris par des tentatives d’impliquer notre pays dans des actions militaires, est inacceptable pour nous, car elle crée des risques réels de déclenchement d’une troisième guerre mondiale. Chacun doit être conscient que si elle se déclenche, il n’y aura plus personne en vie. C’est pourquoi je suis convaincu que la diplomatie est plus importante aujourd’hui que jamais.
3. Comment le Bélarus voit-il la nomination pour un second mandat d’Ursula von der Leyen à la tête de la Commission européenne ?
Durant le premier mandat de Mme von der Leyen à la présidence de la Commission européenne, les relations entre l’Union européenne et le Bélarus étaient loin d’être au beau fixe. À son initiative, des décisions ont été prises qui, pour le moins, n’ont pas contribué au développement d’un dialogue constructif. En particulier, sous sa direction, l’Union européenne a introduit des mesures restrictives unilatérales à l’encontre de notre pays, que j’ai déjà mentionnées plus haut. Par conséquent, nous ne nous faisons pas d’illusions sur l’interaction entre Minsk et Bruxelles, et nous sommes de plus en plus confiants dans la décision de notre pays de réorienter le vecteur de sa politique étrangère vers des pays plus amicaux.
En outre, le Bélarus a accepté avec le plus grand calme la nomination de Mme von der Leyen pour un second mandat, car il s’agit d’une question purement interne aux États membres de l’UE.
Quel que soit le dirigeant d’une organisation internationale ou d’un pays, y compris en Occident, le Bélarus continue de se déclarer ouvert au dialogue, mais seulement à un dialogue qui sera fondé sur les principes de l’égalité des droits et du respect mutuel, sans imposer aucune condition.
4. Quelle perspective peut-on avoir pour les élections présidentielles au Bélarus ?
Toute campagne électorale revêt une importance particulière pour le pays. Je pense que les Français, qui subissent encore les conséquences des élections législatives extraordinaires, le comprennent mieux que quiconque.
Pour le Bélarus, l’élection présidentielle est un événement clé pour l’ensemble du pays et pour chacun de ses citoyens, car elle détermine notre avenir.
Les élections présidentielles au Bélarus sont prévues pour le 26 janvier 2025. Une date aussi précoce a fait l’objet de nombreuses spéculations et supputations. Afin que les Français intéressés par la situation au Bélarus disposent d’informations fiables, je vous informe que le choix de cette date s’explique par plusieurs raisons.
Tout d’abord, elle correspond aux termes définis par la Constitution et le Code électoral de la République du Bélarus.
Deuxièmement, sur la base de la pratique positive de l’organisation du référendum en 2022 et du jour de vote unique en 2024, il est évident que pendant la période hivernale, un nombre minimum de citoyens quittent le pays ou s’absentent de la ville. Par ailleurs, la tenue d’élections au printemps et en été serait compliquée par la campagne de semis, la période des vacances et les examens d’entrée dans les établissements d’enseignement, où se trouvent généralement les bureaux de vote.
Troisièmement, un délai minimal entre le jour unique du vote et la campagne présidentielle permettrait d’utiliser de la manière la plus rationnelle le potentiel existant – ressources humaines, organisationnelles, techniques, financières, informationnelles et autres.
Quatrièmement, l’élection présidentielle précède le début d’événements importants qui détermineront l’avenir de notre État.
L’année prochaine, 2025, sera la dernière année de mise en œuvre du programme de développement socio-économique de la République du Bélarus pour la période 2021-2025. Tout naturellement, il sera nécessaire de résumer les résultats de sa mise en œuvre et de déterminer le cours stratégique ultérieur du développement du pays, les principales orientations de la politique intérieure et étrangère. Le rôle du dirigeant national est important à cet égard, car il forme le gouvernement, assure la stabilité économique et politique, la continuité et la coopération des organes du pouvoir d’État. Lorsque le président nouvellement élu de la République du Bélarus prendra ses fonctions au début de l’année 2025, il sera en mesure d’exercer ses pouvoirs au stade initial de la planification stratégique. C’est l’élection présidentielle qui déterminera l’avenir du Bélarus pour les années à venir et les orientations de son développement futur. En fait, il s’agit d’un test de la solidité du système politique de notre État.
La campagne électorale pour l’élection du président de la République du Bélarus met un terme au processus de modernisation politique qui a été mené au Bélarus sur la base des décisions du référendum du 27 février 2022, lorsque des amendements ont été apportés à la Constitution du pays. Il complète logiquement la formation de toutes les institutions du pouvoir pour les cinq années à venir et contribuera sans aucun doute à renforcer le pouvoir du peuple dans le pays.
Le 23 décembre, la Commission électorale centrale a enregistré cinq candidats à la présidence de la République du Bélarus : Oleg Gaidukevich (président du Parti libéral démocrate), Anna Kanopatskaya (entrepreneur individuel), Alexander Loukachenko ( président sortant), Sergei Syrankov (chef du Parti communiste du Bélarus) et Alexander Khizhnyak (président du Parti républicain du travail et de la justice).
La campagne électorale se déroulera du 1er au 25 janvier 2025. Tous les candidats auront les mêmes possibilités d’accès à la télévision et à la radio. Les dates et heures seront déterminées par tirage au sort.
Je suis convaincu que le peuple bélarussien élira un dirigeant qui poursuivra sur la voie de la prospérité et de l’existence pacifique du Bélarus.
5. Comment analyser vous la fondation d’une Internationale anti-fasciste à Caracas cette année ?
Le Bélarus, en tant que pays qui a déposé un tiers de sa population sur l’autel de la lutte contre le fascisme, ne peut que se réjouir de la création de telles initiatives. Et, pour autant que je sache, certaines organisations bélarussiennes ont été directement impliquées dans le travail du mouvement né à Caracas cette année.
Malheureusement, nous assistons à des tentatives de réanimation des idéologies et des pratiques les plus inhumaines. Les idées du nazisme trouvent aujourd’hui de nouveaux adeptes dans les pays les plus éclairés du monde. C’est pourquoi nous considérons que la création de telles plateformes est vitale. Et plus il y aura de pays impliqués dans ce mouvement, plus nous serons en mesure d’avertir l’humanité du danger d’une nouvelle catastrophe mondiale.
Le Bélarus contribue lui aussi activement à la réalisation de cet objectif. L’année dernière, notre pays a accueilli le premier Forum international antifasciste, et en 2025 se tiendra le deuxième, auquel plus de 100 délégations étrangères ont déjà confirmé leur participation.
Je saisirai volontiers cette occasion pour inviter des représentants du PRCF à Minsk afin qu’ils participent au deuxième Forum international antifasciste.