LA BATAILLE CULTURELLE BAT SON PLEIN EN EUROPE
Voir ci-dessous des photos (notamment avec Conny Renkl, figure de proue du marxisme de combat en Allemagne) de la visite à Berlin de notre camarade Annie Lacroix-Riz, historienne internationalement connue malgré le boycott scandaleux dont elle est la cible de la part, entre autres, des médias « culturels » du service « public ». Annie a notamment pris la parole devant l’Association berlinoise des Libres-Penseurs.
De son côté Georges Gastaud, lui aussi totalement boycotté par les médias « philosophiques », y compris du côté des « marxistes », et dont la notice « Wikipédia » a été retirée au moment même où il publiait un nouveau livre (« Dialectique de la nature: vers un grand rebond? ») n’en a pas moins récemment présenté ses livres aux Cafés marxistes de Paris et Marseille ainsi qu’à l’Université populaire Ch’ti Guevara du Pas-de-Calais.
Malgré la censure et l’omerta bourgeoise et révisionnistes, les braises du marxisme-léninisme, du matérialisme dialectique et de l’histoire contemporaine antinégationniste rougeoieront de plus en plus en France et à l’international, et le PRCF n’y est pas pour rien, sans parler de l’effort permanent des éditions Delga.
Les libres penseurs de Berlin apprennent des marxistes français
A la mi-mai de cette année, l’historienne française Dr. Annie Lacroix-Riz, spécialiste de la recherche sur la collaboration et de l’histoire des relations intra-européennes et des relations entre l’Europe et l’Amérique du Nord au 20ème siècle, s’est exprimée sur l’origine capitaliste réelle de l’intégration européenne lors d’une manifestation organisée par les libres penseurs berlinois dans la Sprechsaal ; dépassant ainsi le récit traditionnel et simplement basé sur l’histoire des idées.
En réalité, l’intégration européenne réelle se référait, dans la première moitié du siècle dernier, à la domination politique et économique du capital allemand sur un espace économique allant de Bordeaux à Odessa et, dans la deuxième moitié du siècle dernier, suite à la modification des rapports de force inter-impérialistes, à un marché intérieur analogue, toujours dirigé et intégré sous la direction de l’économie ouest-allemande, mais désormais dirigé stratégiquement par la politique américaine.
Le fait que ce thème central des sciences historiques soit peu connu, même si des historiens renommés comme Fritz Fischer ont très tôt indiqué des continuités capitales de l’Empire jusqu’à la République fédérale, montre également des explications trompeuses, par exemple de la part de la Gauche allemande (LINKEN), qui a l’habitude depuis de nombreuses années de tomber dans le piège du méta-récit eurolyrique et ahistorique avec des phrases comme « l’UE était autrefois un espoir pour les hommes ». La chercheuse parisienne a en revanche montré dans quelle mesure le véritable acte fondateur de l’intégration européenne n’était pas le fameux discours de Schuman du 9 mai 1950, mais la création des cartels de la chimie et de l’acier dans les années 1920, qui a débouché, avec la Seconde Guerre mondiale, sur une union européenne des capitaux encore plus étroite et collaborative, dominée par la grande industrie allemande.
Dans son exposé, elle a en outre démontré, à l’aide d’archives, que la défaite française étonnamment rapide au printemps 1940 était la conséquence d’une collaboration politique et capitalistique franco-allemande intensive. Elle a publié à ce sujet ses ouvrages « Le choix de la défaite » [de la bourgeoisie française] et « De Munich [1938] à Vichy ».
En outre, elle a montré, à l’aide d’innombrables documents d’archives, dans quelle mesure les élites de l’État français ont reconnu les États-Unis comme le nouvel hégémon impérialiste, non seulement après Stalingrad (février 1943), mais dès la fin de l’été 1941, en anticipant l’échec allemand contre la Russie.
L’AfD berlinoise fait actuellement campagne pour les élections européennes avec exactement les mêmes mots que les fascistes il y a quatre-vingts ans : « Pour la nouvelle Europe » ! L’oubli de l’histoire dans la capitale allemande atteint de nouveaux sommets, même le VVN-BdA ne critique pas cette cavalcade néofasciste, apparemment par manque de connaissances historiques suite à la perception très sélective de la propagande historique nazie : la révision de l’histoire imposée d’en haut depuis des années atteint des proportions inquiétantes et les forces fascistes marchent de plus en plus sûrement sur les traces du pangermanisme, dans le cadre duquel la poussée vers l’est avait déjà eu lieu à la fin du 19e siècle. Le mouvement pangermaniste de la fin du XIXe siècle et du début du XXe siècle a constitué l’axe principal de la production idéologique völkisch-académique (en plus de la projection coloniale outre-mer de 1884 à 1918).
En conséquence, la création de la CECA n’était pas seulement la conséquence de la diplomatie publique nord-américaine, comme le reconnaissent aujourd’hui les publications anglophones, mais aussi la continuation directe du concept d’une Mitteleuropa allemande, dont les contours ont été dessinés pendant la Première Guerre mondiale, puis mis en œuvre en 1938 par le juriste Walter Hallstein pour la Nouvelle Europe de Hitler/Mussolini et poursuivi plus tard sans interruption lorsqu’il devint le premier président de la « Commission Hallstein » (précurseur de la Commission européenne), mais désormais sous le suprémacisme de Washington.
Il n’est donc pas étonnant que Robert Schuman, dont le buste central à Bruxelles près de la Commission européenne fait l’éloge en tant que « père de l’Europe », ait été secrétaire d’État du régime de Vichy de Pétain à l’été 1940 et soit devenu ministre des Affaires étrangères de la France à la fin des années 1940, après que le national-populaire Charles de Gaulle ait été évincé de la présidence.
La conférencière a également mis en évidence l’orientation atlantique des autres pères de l’Europe : le Belge Paul-Henri Spaak, chef du gouvernement belge de 1946 à 1949 et premier président de l’Assemblée commune de la CECA de 1952 à 1954, ainsi que l’homme d’affaires transatlantique Jean Monnet, dont les mémoires, qui ont eu un impact sur la CE en 1976, ont été édités par la « CIA via la Fondation Ford » (citation d’Annie Lacroix-Riz). Parallèlement, la même Fondation Ford a financé la première université d’études européennes en Suisse.
Le président de la Libre Pensée de Berlin a ajouté que cette position de force nord-américaine expliquait également la destruction du Nord Stream en 2022 ; il s’agissait d’un projet authentiquement européen (germano-russo-italo-autrichien et construit également avec la participation financière de l’Etat français, comme l’a rapporté le F.A.Z. lorsqu’il s’est agi des formalités d’amortissement), qui avait déjà été condamné à l’échec dans les années 2010 par des argousins américains.
En conclusion de la manifestation, le président de la Libre Pensée de Berlin a rappelé que cette ligne de continuité, très éloignée de la souveraineté populaire, a récemment donné lieu à trois incidents antidémocratiques marquants au sein de l’UE – en gardant à l’esprit le fait historique que la souveraineté populaire fait partie intégrante de la démocratie :
2005 : violation de la souveraineté populaire des Néerlandais et des Français
Lors du référendum du 29 mai, les Français ont majoritairement voté contre le projet belliciste de Constitution européenne, tout comme les Néerlandais, qui a toutefois été réintroduit par la petite porte en 2009 sous la forme du traité de Lisbonne, avec une clause d’assistance militaire ( 42 al. 7 TUE).- 2015 : nouvelle violation du principe central de la souveraineté populaire
Référendum du 5 juillet torpillé par la BCE et le ministre allemand des finances, qui a fini à la poubelle sur ordre de l’empire germano-atlantico-européen, tout comme les référendums cités de deux peuples fondateurs de l’UE en 2005. - 2019 : violation du protocole électoral démocratique
La présidente de la Commission européenne von der Leyen, en poste depuis lors, ne s’était pas présentée aux élections européennes, mais était le résultat d’accords en coulisses, et le candidat conservateur à la tête de l’UE, Weber, évincé en 2019, a récemment pris sa revanche en révélant que Macron voulait à nouveau propulser à la fonction suprême de la Commission européenne quelqu’un qui n’avait pas été officiellement présenté aux élections européennes : cette fois-ci, l’ancien président de la BCE Mario Draghi.
Après la discussion, le président de la Libre Pensée de Berlin a remis à la chercheuse en histoire la calligraphie ci-dessous, qu’il avait lui-même réalisée au Centre culturel chinois. On y voit des dates du calendrier révolutionnaire de 1793 (par lequel les Français ont introduit la semaine de 10 jours de l’Égypte ancienne), afin de représenter, en miroir à la continuité pangermaniste-anglo-américaine, son pendant positif depuis la Révolution française : la continuité relative depuis l’émergence du concept vertueux et digne de souveraineté populaire, très présent ici aussi en 1848 et en 1918/19 – un parallèle avec le cycle révolutionnaire en cours en Chine, où le souverain, le peuple de l’État, est de jure et de facto au-dessus de la constitution.
Récemment, Emmanuel Macron et Olaf Scholz ont invoqué la gestion de la perception dictée par le haut avec la phrase « Notre Europe est mortelle », après que le président français ait déjà introduit ce nouveau vocable atlantiste à la Sorbonne en avril : une expression propagandiste de la raison purement instrumentale, « technico-rationnelle » (Albert Camus) dans le cadre des dernières campagnes de guerre au sein de 500 ans de continuité colonialiste-capitaliste.
Heureusement, des marxistes français comme le philosophe Georges Gastaud, dont le nouvel ouvrage sur la dialectique de la nature a été présenté lors de la discussion dans la salle de conférence, reconnaissent actuellement dans des articles novateurs l’importance de l’œuvre kantienne sur la paix perpétuelle ainsi que le concept de raison chez Emmanuel Kant, qui transcende le cadre moderne mentionné et définit, comme chez Einstein, l’imagination humaine comme une partie essentielle de la raison. Enfin, la nouvelle ère de la multipolarité sera réalisée de manière décisive par le bas ; également et surtout par un travail spirituel et matériel conscient et collectif.