Dans son numéro d’octobre 2019, Le Monde diplomatique avait proposé un article rédigé par Allan Popelard, intitulé « Ces Français qui militent pour le Frexit »[1]. Une double page qui résumait le Frexit à un programme de droite, porté par la seule Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau. Un article qui, peu élogieux pour l’UPR et son président, niait l’existence d’un Frexit porté par des forces de gauche, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) à travers le projet de « Frexit progressiste ». Un article qui tendait de surcroît à alimenter un dangereux confusionnisme en associant le Frexit, au-delà de l’UPR, aux seules forces nationalistes et xénophobes, si ce n’est fascisantes, des « Patriotes » du faussaire Florian Philippot[2] et de Debout la France de Nicolas Dupont-Aignan… qui n’envisage pourtant même pas la sortie de l’Union européenne (UE) !
Cet article très partial et partiel – en dépit de certaines vérités concernant l’UPR et le passé de son chef – a suscité un grand nombre de réactions, à commencer par celle du PRCF par le biais de son secrétaire national adjoint, Fadi Kassem. Or le courrier de ce dernier a été publié dans le numéro de novembre du Monde diplomatique, qui a publié un passage du texte[3]. Il est satisfaisant que le Monde diplomatique ait pris la décision de publier un extrait de ce courrier qui rappelle que le PRCF est la première force politique à avoir appelé, depuis 2004, à une sortie de l’UE, de l’euro, de l’OTAN… ET du capitalisme, ce que résume le mot d’ordre de « Frexit progressiste ». Nous publions ci-dessous la totalité du courrier envoyé pour publication.
Il reste désormais à espérer que le Monde diplomatique réalisera une enquête sur les partisans du Frexit progressiste, à commencer par le PRCF, et proposera une contre-analyse en réponse à celle d’Allan Popelard, dont l’article représente un piège mortel pour une gauche qui serait dès lors condamnée à « transformer » l’UE de l’intérieur (qui peut sincèrement croire à cette fable eurobéate ?!) sous peine d’être taxée de « nationaliste », « fasciste » ou autres « rouge-brun », faisant de fait le jeu du terrible scénario qui pourrait advenir en 2022 : un second tour Macron-Le Pen.
Mesdames, Messieurs,
Lecteur assidu et abonné au Monde diplomatique depuis 2005, je tiens à réagir pour la première fois à la suite de l’article d’Allan Popelard d’octobre 2019, intitulé « Ces Français qui militent pour le Frexit ». Cet article n’évoque que l’Union populaire républicaine (UPR) de François Asselineau, créée en 2007 et qui n’est nullement la première formation politique à militer en ce sens – ainsi, le Pôle de Renaissance communiste en France (PRCF) a été fondé en 2004 avec un objectif de sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN ET du capitalisme –, ramenant ainsi la problématique du Frexit à une question qui se situerait « au-dessus du clivage gauche-droite » comme le précise l’UPR. Et l’auteur, tout en occultant (par méconnaissance ou par malhonnêteté ?) les formations de gauche appelant au Frexit – outre le PRCF, on trouve des militants de la France insoumise, le collectif Citoyens souverains ou le Mouvement pour un socialisme du XXIe siècle (MS 21) –, de ramener le projet de sortie de l’euro, de l’UE et de l’OTAN à une formation issue de la droite nationale, voire de l’extrême droite, ce que laisse entendre l’allusion au (faux) « Patriote » Philippot et à Dupont-Aignan… qui ne souhaite même pas le Frexit !
Que les choses soient claires : il ne s’agit nullement de remettre en cause l’analyse de l’orientation politique et des racines de monsieur Asselineau (qui, en effet, a gravité autour de Pasqua et Coûteaux). Il s’agit plutôt de dénoncer une orientation très partiale et partielle, et dans le fond très dangereuse pour la gauche, d’une analyse tendant à réduire le Frexit (de surcroît non progressiste comme y invite le PRCF) à la seule UPR, et ce en refusant d’envisager que l’UE est un objet central de la lutte des classes (dont en effet François Asselineau ne se réclame pas, contrairement aux communistes du PRCF). Pire : l’article sous-entend que le Frexit n’est nullement une préoccupation de la gauche mais une simple lubie de nostalgiques gaullistes de droite, alors que les classes populaires (à commencer par les ouvriers) s’abstiennent ou rejettent massivement l’UE – près de 80% des ouvriers ont ainsi refusé le Traité établissant une constitution pour l’Europe (TECE) le 29 mai 2005 ! On est très loin des articles qui osaient clairement poser la question de la sortie de l’UE par la gauche, comme celui intitulé « Une stratégie européenne pour la gauche », rédigé par Frédéric Lordon et publié le 6 novembre 2017 sur… le blog du Monde diplomatique ; difficile pourtant de considérer Frédéric Lordon comme un tenant « complotiste » de droite…
C’est pourquoi, face à un sujet aussi central pour l’avenir de la gauche –
n’est-ce pas François Mitterrand même qui disait être confronté face à un
dilemme, « la construction européenne ou la justice sociale » ?!
–, il apparaît indispensable de donner la parole à des formations de gauche
défendant depuis très longtemps le Frexit progressiste, c’est-à-dire une sortie
de l’euro, de l’UE, de l’OTAN ET du capitalisme, en somme un Frexit « par
la porte de gauche ». Et nous espérons que le Monde diplomatique
saura accéder à cette requête.
[1] Voir le lien suivant : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/10/POPELARD/60491
[2] Pour rappel à ce sujet, voir le lien suivant : https://www.initiative-communiste.fr/articles/frexit-en-sortir-pour-sen-sortir-le-prcf-a-loffensive-depuis-2004/
[3] Voir le lien suivant : https://www.monde-diplomatique.fr/2019/11/A/60960
Le monde diplo est hélas tenue par d’anciens liquidateurs de l’Humanité.