Après l’échec de l’UE et du gouvernement de droite (avec ce qui reste du PASOK, le partis socialiste) à imposer un ancien commissaire européen à la présidence de la République grecque, le parlement (la Vouli) est dissoute et des élections législatives auront lieu le 25 janvier.
Déjà pressions, ingérences et chantages s’exercent sur le peuple grec.
Le FMI suspend son aide en attendant le résultat des législatives.
Le ministre allemand des Finances, Wolfgang Schäuble a prévenu « Si la Grèce prend un autre chemin, ce sera plus dur »,. « De nouvelles élections ne changent rien à la dette grecque. Chaque nouveau gouvernement doit respecter les accords pris par ses prédécesseurs ».«Les réformes difficiles sont en train de porter leurs fruits et il n’y a pas d’alternative» , bref les Grecs pourront voter pour qui ils veulent, la politique de la Grèce, elle, ne changera pas.
Jean-Claude Juncker, a insisté en expliquant qu’il « n’aimerait pas que des forces extrêmes arrivent au pouvoir » en Grèceet qu’il « préférerait revoir des visages familiers en janvier ».
Klaus Regling, directeur général du Mécanisme Européen de Stabilité (MES), estimait dimanche dans une interview au quotidien grec Kathimerini « normal que les marchés soient inquiets quand l’opposition a des points de vue radicalement différents sur l’avenir du pays. En Espagne, au Portugal et en Irlande, les gouvernements ont changé mais les programmes de réformes n’ont pas été interrompus. En Grèce, il semble y avoir plus d’incertitudes ».
Pierre Moscovici, le Commissaire européen aux Affaires économiques,réaffirme sa volonté de voir la Grèce »rester dans la zone euro« .
La bourse grecque perd 10 points en un jour.
Pourquoi ce vent de panique chez les eurocrates ? Parce que Syriza le parti grec équivalent à notre Front de Gauche, c’est-à-dire un parti réformiste et euro-compatible, risque de gagner les élections me 25 janvier 2015.
Rien d’affolant donc pour l’UE a priori, d’autant que Alexis Tsipras, le président de Syriza, a fait une tournée aux États-Unis et en Europe pour calmer les inquiétudes des cercles dirigeants et a promis de ne pas remettre en cause ni l’euro, ni l’UE, ni l’ OTAN mais de négocier la dette grecque et « les excès » de la politique d’austérité qui martyrise le peuple hellène.
Mais les eurocrates comme le grand capital grec voient, derrière ce courant de sympathie pour Syriza, la volonté des travailleurs et du peuple grec d’aller bien au-delà du programme de Tsipras. Déjà au sein même de Syriza, parti fort peu homogène, des voix s’élèvent pour réclamer la sortie de l’euro et de l’UE, comme la tendance Iskra ou un ancien dirigeant de Syriza qui a quitté ce parti pour fonder le Plan B favorable à la sortie de l’euro et de l’UE.
Mais c’est surtout la présence sur l’échiquier politique grec du Parti communiste de Grèce, un parti qui conserve une grand influence politique, bien au-delà de son score électoral (4,5% aux dernières législatives de juin 2012), la force et la capacité de mobilisation du PAME, syndicat de classe et de masse, qui font trembler le capital.
La dynamique, le processus qui pourrait se déployer en Grèce si Syriza gagne les législatives, voilà ce qui fait craindre le pire à la Sainte-Alliance réactionnaire de l’ UE. Elle y voit un risque d’effet domino en Europe dans le sens d’une remise en cause radicale du caractère de classe de l’UE et de sa monnaie, l’euro, qui ont plongé les travailleurs (baisse des salaires de 30%) et les retraités (baisse des pensions de 40%) dans la misère (30% des Grecs sont au chômage).
D’autant que Syriza n’est pas non plus le PS même s’il négocie déjà avec un des partis gouvernementaux (DIMAR Gauche Démocratique). C’est plutôt, si on veut faire un parallèle avec la France, le Front de Gauche, ce qui ne remet pas en cause le réformisme de ce parti mais qui doit permettre de tenir compte d’une base de masse qui peut bouger favorablement avec le KKE jouant son rôle d’avant-garde.
Il faudra aussi surveiller le score du parti nazi Chrissi Avghy (Aube Dorée) qui a réalisé 6,9% des voix en juin 2012.
Une chose est sûre : sans l’intervention des masses dans le champs politique grec, pour la sortie de l’UE et la renaissance d’une Grèce souveraine et indépendante, sans la lucidité et l’action du KKE, sans le syndicalisme de combat du PAME, la victoire de Syriza ne sera qu’une énième déception pour le peuple grec.