Sergio Mattarella, le Président démocrate-chrétien italien vient de refuser la nomination de Paolo Savona, jugé trop anti-euro, au ministère de l’économie.
Ce faisant il fait éclater en quelques minutes le gouvernement élaboré par les deux vainqueurs des législatives du 4 mars.
Le Président s’assoit ainsi sur la souveraineté du peuple italien.
Cela ne signifie pas que nous ayons la moindre confiance dans la nouvelle majorité d’extrême-droite et de démagogues qui s’est dégagée des élections.
Mais il est révélateur que la plus haute institution de la République italienne, son Président, décide de violer la volonté populaire sur la question de l’ euro et de l’UE.
On peut nommer ministre de l’intérieur un fasciste raciste comme Matteo Salvini, le patron de la Ligue ou un démagogue qui dit tout et son contraire comme Di Maio du M5S. Mais pas touche à l’euro ! Pas touche à l’UE ! On croirait entendre Pierre Laurent qui est désormais le seul chef d’un parti (se disant) communiste à croire au Père Noël de « l’UE sociale ».
En fait toute la clique de Bruxelles, au service du grand capital, s’est mise à jouer au lobby pro-euro et pro-UE en menaçant et en éructant contre le peuple italien. Comme avec la Grèce, l’UE veut une nouvelle capitulation de la souveraineté du peuple devant les diktats et le knout de la Commission.
Le laquais démocrate-chrétien Mattarella (qui devrait s’appeler Catarella pour ceux qui connaissent l’œuvre d’Andrea Camilleri ) s’est évidemment couché mais avec un zèle sans doute trop ostentatoire : il choisit comme premier ministre Carlo Cottarelli, incarnation de l’austérité, pour diriger un gouvernement jusqu’à la tenue de nouvelles élections, qui auront lieu vraisemblablement à l’automne ou « au plus tard » début 2019. Cottarelli, 64 ans, ancien haut responsable du Fonds monétaire international (FMI) surnommé « Monsieur Ciseaux » pour son rôle dans la réduction des dépenses publiques en 2013-2014 aux côtés des gouvernements ultra-libéraux du Parti Démocrate de Letta puis de Renzi, le Macron ultramontain. Cet individu est le prototype du bureaucrate dépourvu de toute humanité, un robot au service du capitalisme mondialisé.
On peut se demander quel résultat ce comportement anti-démocratique va provoquer chez les citoyens italiens. D’autant que le PD et Berlusconi ainsi que – ô surprise ! – le PS français approuvent le Président italien ! Si cela est fort logique pour les forces politiques qui ont commis une forfaiture en France en violant la décision souveraine du peuple au référendum de 2005*, on peut craindre que ce soit encore les fascistes et associés qui profitent du crime.
Par Antoine Manessis, secrétaire de la Commission internationale du PRCF. 28 mai 2018