Chacun sait que pour imposer la privatisation et la libéralisation des services publics, des entreprises publiques, de la santé, de l’école, des transports etc. la Commission Européenne ne cessent de faire valoir le principe de « concurrence libre et non faussée ». Principe fondateur de l’Union Européenne déjà présent dans le traité de Rome en 1957. Un principe qui n’a pour traduction réelle pour les travailleurs que dumping social et pour les capitaliste dumping fiscal !
A l’image de la Loi Travail ordonnées par l’UE (ou de ses déclinaisons en Belgique – Loi Peeters – et en Italie – Job Act) faisant voler en éclat le code du travail pour mieux mettre en concurrence chaque travailleurs contre tous les autres.
Par exemple c’est en application de ce principe que l’Union Européenne avec les directives sur l’énergie a obtenu la privatisation de GDF et d’EDF. Avec à la clé de solides augmentations de tarif pour les usagers (pardon les clients comme il faut les appeler maintenant). Une surprise ? pas vraiment ! on savait déjà en France avec les nombreux scandales dans le domaine de la distribution d’eau que la privatisation ce n’était pas la concurrence mais bien la main mise de monopole privé sur des services essentiels, pour en tirer le maximum de profits.
Dans la réalité l’UE protège les monopoles capitalistes.
Ces vagues de libéralisation (dites d’ouverture à la concurrence) et de privatisation n’ont en fait qu’un but : ouvrir au monopoles privés tous les secteurs de l’économie et de la production pour en retirer en y renforçant l’exploitation des travailleurs en en faisant les poches des usagers de juteux profits.
Ce que l’Union Européenne veut interdire derrière ce principe de « concurrence libre et non faussée », ce n’est pas l’émergence de monopole privé, mais bien l’existence d’entreprises et de services publics échappant à la rapacité de l’oligarchie capitaliste.
De fait, l’Union Européenne n’agit que très mollement pour empécher les mouvements de concentration renforçant les grands monopoles capitalistes. Et elle ne fait quasiment rien contre les cartels qui s’entendent sur les prix. Bien sûr des amendes sont régulièrement prononcées mais elles n’empêche en rien les cartels de se former et le contrôle total des marchés par les monopoles capitalistes. Jugez plutôt sur les dix dernières années :
- Cartel des cosmétiques et parfun : Mars 2006: treize marques de parfums de luxe (Chanel, Dior, Jean-Paul Gaultier, Kenzo, Givenchy, Guerlain, Hermès, Shiseido, etc.) et trois distributeurs (Marionnaud, Sephora et Nocibé) sont condamnés par le Conseil de la concurrence à plus de 46 millions d’euros d’amende. Ils sont accusés de s’être entendus sur les prix (entente verticale) de 1997 à 2003, chaque distributeur vendant les produits au même prix. Le groupe LVMH, propriétaire de Christian Dior, Givenchy, Guerlain, Kenzo et du distributeur Séphora, écope à lui seul de 15 millions d’amende, et fait appel6,7.
- Le , la Commission européenne a infligé des amendes d’un montant total de 750 712 500 euros à 11 groupes d’entreprises (ABB, Alstom, Areva, Fuji, Hitachi Japan AE Power Systems, Mitsubishi Electric Corporation, Schneider, Siemens, Toshiba, et VA Tech) pour avoir pris part à une entente dans le domaine des projets relatifs à des appareillages de commutation à isolation gazeuse. La Commission indique qu’« entre 1998 et 2004, les sociétés ont truqué des appels d’offres, fixé des prix, se sont attribués des projets, se sont répartis les marchés et ont échangé entre eux des informations commercialement importantes et confidentielles » 8.
- Le , la Commission européenne a infligé des amendes d’un montant total de 992 312 200 euros à quatre entreprises présentes sur le marché des ascenseurs (Kone, Otis, Schindler et ThyssenKrupp, qui est condamné à payer une amende de presque 480 millions d’euros) pour avoir pris part notamment à une entente sur ce marché et celui des escaliers mécaniques dans divers pays européens (Belgique, Allemagne, Luxembourg et Pays-Bas)9,7.
- Novembre 2007 : Condamnation pour entente illégale sur le marché du vitrage pour bâtiment. 5 groupes sont condamnés à une amende totale de 486,9 millions d’euros : le Français Saint-Gobain (133,9 millions d’euros), le Britannique Pilkington (140 millions), l’Américain Guardian (148 millions d’euros) et le Japonais Asahi (65 millions d’euros)10.
- Novembre 2008: Amende de 1,38 milliard d’euros pour quatre fournisseurs de verre à l’industrie automobile, condamnés pour une entente en cours de 1998 à 2003. Saint-Gobain écope des deux-tiers de l’amende (896 millions d’euros), majorée de 60 % pour cause de récidive. Les groupes condamnés (le Français Saint-Gobain, le Britannique Pilkington, le Japonais Asahi et le Belge Soliver) contrôlaient 90 % de ce marché. Asahi a été condamné à 113,5 millions d’euros, Pilkington à 370 millions et Soliver à 4,4 millions d’euros d’amende. Depuis le début de l’année, la Commission européenne a condamné sept cartels pour entente illégale, pour des amendes totales de 2,3 milliards d’euros 5.
- Juillet 2009: Le groupe français GDF-Suez et l’allemand E.ON sont condamnés à chacun 553 millions d’euros d’amende pour entente illégale. Les deux firmes s’étaient en effet mises d’accord pour se partager le marché pendant 30 ans, depuis la construction du gazoduc Megal construit en 1975 11.
- Décembre 2012: La Commission inflige une amende record de 1,5 milliards pour un cartel sur les tubes cathodiques. Sept entreprises s’étaient entendues sur les prix pendant plus de 10 ans. Le groupe néerlandais Philips Electronics devra s’acquitter de 313,4 millions d’euros d’amende, le Sud-Coréen LG Electronics de 295,6 millions et le Japonais Panasonic de 157,5 millions. Le Français Technicolor devra débourser 38,6 millions, le japonais Toshiba (28 millions) et le sud-coréen Samsung SDI (150,8 millions), ainsi que deux coentreprises de Panasonic. Une huitième entreprise était aussi impliquée. Il s’agit de la société taïwanaise Chunghwa Picture Tubes. Mais elle est épargnée car c’est elle qui a averti la Commission européenne de l’existence de ce cartel.
Et tous le monde se souvient de l’entente sur les prix des opérateurs de téléphonie mobile en France.Les 3 grands opérateurs mobiles privés ont été condamné à une amende d’environ 0,5M€ pour un préjudice totale pour les consommateurs estimé à plus du triple (1.6 M€)
Alors « libre et non faussée » la concurrence au sein de l’UE ?
Itinérance, Roaming, quand la Commission Européenne protège les tarifs des opérateurs !
Depuis des années, les opérateurs de téléphonies mobiles appliquent des prix prohibitifs pour les communications passées depuis et vers l’étranger, y compris au sein de l’UE. Ce qui permet de remarquer au passages que si les frontières sont abolies pour permettre les délocalisations et l’évasion fiscale ou le dumping social, c’est pas la même chose quand il s’agit de faire les poches aux travailleurs.
Normalement ces frais dit d’itinérance ou de roaming devait être supprimés en juin 2017. N’est ce pas la logique de la concurrence libre et non faussée ? Et bien si vous avez bien compris ce qu’est l’UE, vous aurez compris que non. Car le principe de « concurrence libre et non faussée » ne vaut que pour interdire les monopoles publics, interdire les nationalisations. En l’occurrence, la Commission Européenne vient de faire des propositions pour « protéger les opérateurs » (privés il va sans dire) de la concurrence qui risquerait de tirer les prix vers le bas et faire chuter les profits colossaux du secteurs. En langage bruxellois cela donne « De telles situations pourraient avoir un impact négatif sur les prix domestiques et au final sur tous les consommateurs » . Et voici donc ses propositions hypocrites
- rétablir les frais d’itinérance et de roaming pour les usagers à partir de 90 jours d’utilisation
- limiter le volume de données mobiles hors frais d’itinérance
Depuis, devant le tollé, la Commission Européenne a dit qu’elle va revoir sa copie, mais elle a confirmé dans le même temps que les opérateurs pourraient continuer d’appliquer des frais d’itinérance « à condition de prévenir leurs clients » !
La directive européenne sera adoptée au mois de décembre 2016. Pour les frontaliers qui s’imaginaient que l’UE pourrait au moins les débarrasser des problèmes d’itinérance, ils en seront pour leur frais. En revanche, le dumping social, fiscal, environnemental, les délocalisations, le chômage et la désindustrialisation provoqués par l’Union Européenne, ils continueront eux aussi comme l’ensemble des peuples européens à la subir ! A moins de sortir de l’UE.
Concurrence libre et non faussée ? non pas vraiment. Prouvant une nouvelle fois s’il le fallait que l’Union Européenne c’est la dictature des monopoles capitalistes. Et que pour s’en sortir, il faut en sortir
JBC pour www.initiative-communiste.fr
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