La haute cour britannique a décidé de soumettre le Brexit – ou plutôt pour être précis le mandat et les objectifs de la négociation à conduire par le gouvernement du Royaume Uni désormais dirigé par la Torie Teresa May (parti conservateur) – à l’approbation du parlement. Un parlement qui représente fort mal les peuples du Royaume Uni puisque contrairement à la décision indiscutable de ces derniers prise par referendum, le parlement est majoritairement anti-brexit.
Le jeu anti-démocratique du Labour : mobilisé contre le peuple pour le libre échange !
Chacun sait que – tournant le dos à la classe ouvrière – l’appareil du Labour (l’équivalent du PS au Royaume Uni) est résolument pro-UE,
Et c’est dans ce cadre que Jeremy Corbyn – le chef du parti travailliste – a déclaré qu’il voterait contre le Brexit, s’il n’y avait pas de libre échange avec l’UE.
D’après la presse britannique, il aurait ainsi posé quatre conditions :
- Accès libre des entreprises du Royaume-Uni au marché de l’UE.
- Pas de recul face à la législation européenne du droit du travail.
- Garanties pour sauvegarder les consommateurs et l’environnement.
- Exigence pour que le Royaume Uni remplace les investissements perdus par l’UE.
De fait, dans un Royaume Uni néothatchérien qui a liquidé la quasi totalité des droits des travailleurs, la sortie de l’UE conduite par les héritiers directs de Thatcher n’est à l’évidence pas sans risques pour les travailleurs.Or le dumping social, la liquidation des droits, les libéralisations ne sont pas des risques mais des réalités quotidiennes en restant sous le joug de la dictature de l’Union Européenne, c’est-à-dire la dictature de la classe capitaliste. En fait, prétendre rester dans l’UE pour défendre les droits des travailleurs, c’est comme se barricader au fond de la cale du Titanic pour éviter la noyade. Et les ouvriers et employés du Royaume Uni ne s’y sont pas trompés eux qui ont massivement voté pour le Brexit, de la même manière que leurs homologues français avaient voté pour le NON à l’UE en 2005.
Entre la classe des travailleurs et la dictature de l’UE du Capital, il faut choisir son camp !
En agissant ainsi, Jeremy Corbyn, non seulement ment sur le caractère de classe de l’UE en la prétendant protectrice, mais il trahit le choix fait par les travailleurs britanniques, à commencer par la classe ouvrière britannique qui a massivement voté pour sortir de l’UE. Quant au salaire minimum qu’il prétend défendre, il serait nécessairement poussé à la baisse par la mise en concurrence avec les salaires du reste de l’UE.
Pire, c’est ouvrir grande les vannes de la confusion et laisser le champ libre à des partis réactionnaires qui détournent le légitime rejet de la dictature capitaliste. Comme en témoignent les lourdes défaites électorales du Labour ces dernières années s’accompagnant de la montée de partis aux discours franchement xénophobes. Une leçon à méditer en France.
Pour construire une alternative populaire, démocratique et de progrès social, la solution, c’est au contraire de soutenir une sortie de l’UE par la gauche, en impulsant un large front populaire pour une sortie de l’UE par la porte progressiste. Y compris en impulsant un large mouvement social avec manifestations puis grèves autour d’un programme progressiste. Au lieu de cela, force est de constater que la prise de position de Jeremy Corbyn tourne à nouveau le dos aux électeurs travaillistes et à la classe ouvrières, tout autant qu’elle revient à mépriser dans les faits les peuples britanniques. Au point de prétendre faussement les institutions européennes plus capables de protéger les droits des travailleurs britanniques que les travailleurs britanniques eux-mêmes…
MF & JBC pour www.initiative-communiste.fr