Les travailleurs du secteurs de l’énergie, les agents des services publics d’EDF, Suez Engie sont actuellement mobilisés avec de puissantes grèves pour stopper la phase finale de la libéralisation et de la privatisation du service public de l’énergie avec les plans Hercule et Clamadieu.
Le 19 janvier lors d’une journée de grève très suivie, ils ont symboliquement déposé une montagne de compteurs électriques devant le siège de LREM.
Aux ordres de l’UE, applicant les directives européennes du paquet énergie, #Macron veut exploser #EDF pour finir l’euro privatisations de l’énergie. Tous ensemble pour le retrait du plan #Hercule. Pour le service public vite #Frexit progressiste https://t.co/hCnwCM7tzs
— PRCF (@PRCF_) January 19, 2021
Ne nous y trompons pas, au moment où est annoncée une nouvelle hausse des prix de l’électricité et du gaz, l’explosion d’EDF pour en privatiser les parties les plus rentables va coûter très cher aux usagers. Au-delà du prix – et de la dégradation massive des conditions de travail et de rémunération des travailleurs de l’énergie – c’est la sécurité énergétique de la France qui est menacée. Alors que la nationalisation de l’énergie a permis de construire un outil de production et un réseau permettant d’offrir l’une des toutes meilleures sécurités de distribution de l’électricité pour le prix le plus bas d’Europe, après 20 ans de libéralisation et de privatisation, la France est au bord du black out. Le 8 janvier, notre pays est passé au bord de la coupure générale de courant. Chacun peut imaginer les conséquences dramatiques que cela aurait eu, en pleine vague de froid, et alors que les hôpitaux débordent de malades… C’est que les capacités de production d’électricité, tout particulièrement de production rapide, ont été considérablement diminuées en raison de la privatisation et de la libéralisation. Il en est ainsi de la fermeture des centrales thermiques, qui va qui plus est se poursuivre puisque LREM accélère la fermeture de la centrale de Gardanne. Une situation qui s’aggrave avec le sous- investissement dans les centrales hydroélectrique, et qui va devenir catastrophique avec leur désoptimisation qui va résulter de la mise en concurrence des concessions, imposées par Bruxelles.
La secteur énergie de la commission Lutte du PRCF dans une fiche publiée ci-dessous fait le point sur la situation, les enjeux, et les solutions.
Un black-out a été évité de justesse en Europe le 8 janvier
Une baisse brutale de tension sur le réseau électrique européen interconnecté, aujourd’hui encore inexpliquée, a nécessité vendredi 8 janvier en début d’après-midi des mesures d’urgence pour éviter un black-out (une coupure de courant généralisée). Cet incident illustre la fragilité grandissante des réseaux électriques. Ils sont aujourd’hui inadaptés à des productions renouvelables toujours plus importantes qui sont intermittentes et aléatoires.
C’est un incident majeur passé relativement inaperçu. Le réseau électrique interconnecté européen a failli sauter et priver soudain plusieurs pays d’électricité. Cela met en lumière les faiblesses de réseaux électriques inadaptés à l’augmentation de la part de productions renouvelables intermittentes qu’il est par définition impossible de mobiliser en cas d’urgence. Cela est particulièrement sensible en hiver quand la demande d’électricité est en général plus forte et l’ensoleillement réduit. L’incident est notamment relaté par Sylvestre Huet, journaliste reconnu dans le domaine scientifique, sur son blog publié par Le Monde.
Il s’est produit vendredi 8 janvier dernier entre 14 heures et 15 heures. Il a été marqué par une chute brutale de tension, encore aujourd’hui inexpliquée, au sud-est du réseau interconnecté européen (Entso-E). Entso-E en fait état dans un communiqué laconique. L’incident a pourtant mis en péril l’ensemble du réseau électrique européen et mériterait une meilleure information des opinions publiques.
Coupures d’alimentations de sites industriels et activation dans l’urgence de centrales thermiques et hydrauliques
Pour éviter un black-out total (une coupure de courant généralisée), les systèmes automatisés et les responsables de la gestion des réseaux ont isolé le sud-ouest de l’Europe du reste du réseau, coupé l’alimentation de certains sites industriels gros consommateurs et activé les réserves de production disponibles. RTE, le Réseau de transport d’électricité en France, a ainsi coupé l’alimentation de 16 grands sites industriels sur le territoire national ce qui a permis de réduire la consommation de 1.300 MW. Et cela n’a rien à voir, c’est une coïncidence, avec la demande formulée la veille par RTE aux Français de réduire leur consommation le 8 janvier dans la matinée. RTE précise par ailleurs dans un communiqué que le gestionnaire du réseau de transport d’électricité italien, Terna, a lui aussi le 8 janvier à partir de 14 heures «activé son mécanisme d’interruptibilité, permettant de diminuer la consommation d’environ 400 MW en Italie. L’ensemble de ces actions a permis de rééquilibrer la fréquence électrique européenne».
Réduire la consommation industrielle et activer dans l’urgence des sources de production d’électricité pilotables (fossiles, hydroélectrique voire nucléaire…) a permis d’éviter un black-out dont les conséquences économiques, sociales et en terme de sécurité auraient été lourdes. On imagine les conséquences de l’arrêt des trains et des métros, des ascenseurs, des éclairages, des systèmes de communication, des systèmes de chauffage, des feux aux carrefours… Dans ces conditions, ni l’éolien, ni le solaire ne sont capables de soutenir le réseau. Ils sont même dans une certaine mesure à l’origine du problème quand ils remplacent des moyens de production dits pilotables. «Ils ne disposent ni de réserves de puissance ni de régulation de fréquence. Seuls des moyens de production pilotables et rapidement mobilisables peuvent éviter la catastrophe: hydraulique de barrage et gaz pour l’essentiel».
L’AIE met en garde depuis des mois sur l’intermittence des énergies renouvelables qui fragilise les réseaux
Cet incident illustre parfaitement les craintes exprimées depuis plusieurs mois par l’Agence Internationale de l’Energie (AIE) sur la fragilité grandissante des réseaux électriques dont les économies et les populations sont pourtant de plus en plus dépendantes. L’AIE résume cette problématique de la façon suivante: la transition énergétique passe par une augmentation rapide de la consommation et de la production d’électricité et le développement des renouvelables. S’ils sont indispensables, leur production intermittente et aléatoire pas nature représente aujourd’hui un danger pour les réseaux électriques. Ces derniers doivent absolument se moderniser et devenir plus robustes en additionnant les sources de production, en étant plus flexibles et en se renforçant face aux cyber-attaques et aux catastrophes naturelles.
Toujours selon l’AIE, la part de l’électricité dans la consommation finale d’énergie dans le monde est appelée à augmenter de façon continue. Elle est passée de 15% en 2000 à 20% aujourd’hui et devrait représenter au moins 24% d’ici 2040. Dans son rapport publié à la fin de l’année dernière et intitulé «Power Systems in Transition, Challenges and opportunities ahead for electricity security», l’Agence souligne l’incapacité des réseaux électriques tels qu’ils existent aujourd’hui à accompagner ces changements.