C’est à Dijon que s’ouvre du 13 au 17 mai le 52e congrès de la CGT, la première confédération syndicale de France.
Un congrès qui doit voir le renouvellement de la commission exécutive confédérale – la direction nationale de la CGT – par les près de 1000 délégués présents, mandatés par leurs syndicats (Union départementales et fédérations). 93 candidats se présentent pour les 47 sièges, les élus désigneront les 10 membres du bureau confédéral, dont le secrétaire général. Philippe Martinez est cependant l’unique candidat à sa succession.
Un mauvais bilan qui ne plaide pas pour le syndicalisme rassemblé et la CES
Avec 653 194 adhérents en 2017, la CGT demeure la première confédération syndicale en France, avec 30 000 adhérents de plus que les 621 000 adhérents revendiqués par la CFDT. Cependant, la CGT est toujours loin des deux millions d’adhérents qu’elle comptait lorsqu’elle était sur une ligne de lutte des classe dans les années 1970. Surtout la CGT a encore perdu 23 500 adhérents entre 2014 et 2017. Et sur le plan de la satisfaction des revendications des travailleurs, le bilan n’est pas très bon. Si on met de coté la victoire contre le CPE avec la très forte mobilisation de la jeunesse et les gains enregistrés par le mouvement des gilets jaunes, le mouvement social, pourtant très puissant en 2003, en 2010 ou en 2016 avec des millions de travailleurs mobilisés n’a enregistré que des défaites. Alors que la stratégie dite du syndicalisme rassemblé qui avait vu la CGT se rallié à la CFDT et abandonné la FSM pour se fondre dans la CES et y embrasser les campagnes pro construction européenne devait mettre la CGT à l’offensive, c’est le réformisme qui a prospéré ouvrant les portes des contres reformes anti sociales, isolant la CGT. Et ce qui était prévisible s’est produit, loin de tirer la CES vers des bases revendicatives, c’est la CGT qui s’est rapproché du syndicalisme s’accompagne d’une CES largement financée… par l’Union Européenne.
Le bilan de la stratégie réformiste et de syndicalisme rassemblé n’est pas bon. C’est ce que souligne nombre de syndicalistes, et notamment la puissante fédération de la Chimie : « La CGT a été dans l’incapacité d’opposer un rapport de forces à la déferlante de lois et mesures antitravail, de la loi El Khomri aux ordonnances Macron » qui s’indigne également de la stratégie adoptée refusant le tous ensemble avec le mouvement des gilets jaunes : la cgt est « étrangère au mouvement social le plus marquant de ces dix dernières années ».
Un air révolutionnaire souffle sur le 52e congrès
C’est dans ce contexte que s’ouvre le 52e congrès de la CGT, un contexte qui voit se renforcer le débat entre la ligne de lutte des classes – qui a permis toutes les victoires gagnés par la CGT – et cette ligne réformiste en application depuis maintenant près de deux décennies.
Fait suffisamment rare pour être souligné, c’est une vingtaine de syndicats CGT qui dès le mois de décembre sont montés au créneau pour dénoncer « la tentation d’un virage réformiste de la CGT » prônant « le dialogue social comme un fin en soit ». Proposant un document de résolution alternatif. Puis c’est la FNIC et la Fédération du Commerce, avec les UD CGT du Nord, du Val de Marne, des Bouches du Rhône qui ont lancé un mouvement national de convergence avec les Gilets Jaunes avec un appel à un front populaire, réunissant également des associations et des organisations politiques pour une manifestation nationale à Paris le 27 avril. Une manifestation plutôt réussie d’ailleurs et faisant l’écho à des initiatives organisées par ailleurs de façon régionale dans nombre de métropole.
De fait, si les réformistes, qui ont obtenu par le passé le rapprochement avec la CFDT et la rentrée dans le giron de la CSI/CES de la CGT, ont toujours les clés de la CGT, ils apparraissent de plus en plus contestés. En témoigne à la fois le retrait de la scandaleuse fiche n°17 visant l’historienne Annie Lacroix-Riz et entretenant un confusionisme nauséabond et la mise au panier du texte élaboré conjointement avec la CFDT à l’issue d’une rencontre avec le gouvernement pour s’opposer au mouvement des gilets jaunes en proclamant le dialogue sociale avec le gouvernement comme méthode unique d’action le 6 décembre.
La question européenne, de la CES et de la FSM au coeur des débats
La cristalisation du débat se fait, et c’est logique, sur la problématique de l’Union Européenne et donc de l’appartenance à la CES. Les représentants de la CES iterviendront d’ailleurs mardi à midi, tandis que ce point fera l’objet du débat du thème 5 durant une heure trente mercredi matin à partir de 10h30.
On se souvient qu’en 2005 la direction confédérale qui venait de faire quitter la FSM à la CGT pour rejoindre la très réformiste Confédération Européenne des Syndicats avait tenté par tous les moyens de faire adopter à la CGT une position en faveur du oui au TCE. Mais cela n’avait pas pris, et après un net désaveu, c’est la campagne pour le non au TCE qui l’avait emporté. Le clivage est toujours patent, entre les bases ouvrières très eurocritiques, eux qui subissent les ravages des directives européennes et du dumping anti social qui est l’un des objectif principaux de la construction européenne, et une partie des dirigeants désormais très attachés à cette confédération européenne des syndicats largement subventionné par la Commission Européenne. Des subventions qui ne sont pas ‘gratuites » puisqu’elles sont, de part les traités, conditionnées au fait que la CES promeuvent la construction toujours plus resserrée de l’Union Européenne…
Si depuis de nombreuses années, des voix (par exemple celles du Front Syndical de Classe regroupant des syndicalistes de la CGT et de la FSU) alertent sur cette question fondamentale en constatant d’ailleurs que toutes les luttes syndicales d’ampleur nationale en France de ces dernières années se font en réalité contre l’application ou les conséquences des directives européennes de libéralisation ou de privatisations (retraite, CPE et loi travail, SNCF, privatisation d’EDF GDF ou de La Poste…), les yeux commencent à s’ouvrir largement dans la CGT.
Le secrétaire général de l’UD CGT 94 dénonce ainsi la CES comme « engluée dans l’accompagnement du capitalisme mondialisé, dans le lobbying, dans le syndicalisme professionnel et institutionnel, dans la compromission et l’impuissance ». Tandis que des puissantes fédérations comme celles de la chimie ou du commerce ont elles déjà fait le choix de se réaffilier à la Fédération Syndicale Mondiale. De fait, sur le terrain, dans les entreprises, les syndicalistes constatent l’absence de la CES du terrain des luttes. Ils se souviennent que celle-ci a soutenu les restrictions du droits de grève en Grèce, et qu’elle a pointé au coté du pouvoir lorsque travailleurs belges et français luttaient simultanément contre les lois Peeters et El Komri résultant des mêmes diktats du semestre européens.
Alors que le régime Macron mène une offensive des plus violente à tous les sens du termes contre les travailleurs, ce 52e congrès comment à ouvrir le débat. Le souhait de la plupart des syndicalistes, sur le terrains est que cela permette aux travailleurs de disposer d’une CGT combative et efficace pour porter les luttes des travailleurs vers la victoire.
JBC pour www.initiative-communiste.fr
Le document d’orientation de la direction de la CGT
Un document alternatif pour le 52e congrès de la CG
Proposition de réflexions pour l’orientation du 52ème Congrès CGT