par M. Lariflette – L’École de guerre économique1 a publié en mai 2021(https://gcp-pro.ege.fr/sites/ege.fr/files/media_files/jattaque_mai2021_v4.pdf) un très bon article qui met en évidence l’instrumentation de l’Union Européenne par l’Allemagne pour imposer ses choix énergétiques « foireux » et ses intérêts industriels aux dépens du reste de l’Europe et surtout de la France. Il s’agit essentiellement dans le domaine de la production d’énergie de s’opposer premièrement au nucléaire et deuxièmement d’imposer des énergies renouvelables intermittentes (EnRI) ainsi que l’utilisation du gaz.
L’Europe allemande fait prévaloir les intérêts de Berlin
L’Allemagne fait prévaloir ses intérêts aux dépens de l’UE en instrumentalisant des acteurs de la société civile (associations « vertes ») investis dans le débat sur l’environnement, et en manipulant les esprits derrière un discours hypocritement moral sous couvert de transition écologique. L’Allemagne impose ses a priori énergétiques en noyautant la Commission et le Parlement et les institutions de l’UE. Elle en a verrouillé les 4 présidences pivots : la Commission, le Parlement, le Conseil et la Banque centrale par l’intermédiaire d’un discret mais puissant réseau constitué de personnalités influentes.
Sans l’utilisation du nucléaire l’Allemagne ne peut tenir ses engagements de réduction de ses émissions de CO2, donc elle a choisi de détériorer systématiquement la compétitivité énergétique et industrielle de ses voisins et notamment celle de la France. L’usage allemand massif des EnRI (solaire et éolien, méthanisation), peu réactives et intermittentes, compensé partiellement par l’importation du gaz et par la combustion de charbon (lignite) met en péril son économie industrielle. Par ailleurs la politique agricole allemande fait la part belle à la méthanisation afin de supplanter le déficit énergétique.2
Pour sauver l’industrie allemande dans sa dimension énergétique en 2000, la loi sur les énergies renouvelables (EEG) a permis de garantir un prix de vente élevé afin de favoriser les EnRI au détriment des particuliers allemands dont la facture d’électricité explose, tout en limitant l’augmentation pour l’industrie allemande afin qu’elle reste compétitive. Pour assurer le succès de l’Allemagne, les États voisins constituent donc une soupape de sécurité de son Energiewende en absorbant ses brusques variations afin de réguler l’instabilité de la production d’électricité allemande de plus en plus issue de ses EnRI. Cette politique égoïste fonctionne grâce à ce déséquilibre en faveur de l’Allemagne mais elle pourrait aboutir à une pénurie, voire à une panne généralisée3.
Le reste de l’UE est condamné à subir cette politique énergétique allemande.
Pour asseoir son pouvoir européen, l’Allemagne utilise 3 autres leviers :
-le soutien au développement des interconnexions électriques entre États européens afin de pallier ses manques.
– La libéralisation du marché européen de l’énergie pour favoriser sa suprématie. Le principal argument avancé en faveur de cette libéralisation (baisse des prix de l’électricité), s’est bien entendu révélé faux : le prix de l’électricité a connu une augmentation importante pour le consommateur européen qui subventionne les éoliennes et les panneaux photovoltaïques par milliards d’euros.
– L’Allemagne vampirise les fonds européens en étant et de très loin le premier bénéficiaire des subventions de la Banque Européenne d’Investissement (BEI) sur les énergies labelisées vertes par Bruxelles. L’énergie nucléaire n’émettant que peu de CO2, elle permettrait à l’UE, d’atteindre son objectif de neutralité carbone à l’horizon 2050, mais le Reich a tué dans l’œuf cet objectif en favorisant son modèle de production électrique fondé sur l’éolien et le solaire en excluant des subventions ses « partenaires » européens ayant choisi le nucléaire. Machiavéliquement l’Allemagne parvient ainsi à financer sa recherche et développement (R&D) en matière d’énergies en recevant des aides de l’UE et en empruntant à bon compte pour son industrie auprès de la BEI. Les ténors français de l’énergie comme EDF et Total ont reçu à eux deux en 2019 moins de la moitié de la somme reçue par la seule entreprise allemande SIEMENS.
Cette omniprésence allemande menace les intérêts français et ceux des autres pays producteurs d’énergie nucléaire de l’UE : Hongrie, Pologne, République tchèque, Roumanie, Slovaquie et Slovénie. Ces pays ont écrit une lettre commune à la Commission européenne en mars 2021 afin de défendre le nucléaire comme énergie éligible à la taxonomie verte. Mais la doxa actuellement est allemande et est considéré comme vert uniquement ce qui arrange l’Allemagne. Les pays cultivant une vision divergente sur le nucléaire, et donc susceptible de concurrencer sa puissance, sont systématiquement visés par l’Allemagne et ses leviers européens. Il est urgent pour la France de construire une contre-attaque en dénonçant l’Europe allemande et en reprenant l’initiative pour une politique énergétique qui sorte des énergies fossiles et qui soit fondée sur l’énergie nucléaire décarbonée bon marché et pilotable. Cette contre-attaque ne peut prendre son sens qu’en dehors de l’UE : carcan des peuples européens et garante de l’Allemagne impériale.
1 L’École de guerre économique est un établissement d’enseignement supérieur français, fondé en 1997, spécialisé dans l’intelligence économique qui s’intéresse au renseignement économique, défensif ou offensif, pratiqué dans un contexte de guerre économique et de mondialisation économique (wikipedia).
2 Les fermes usines allemandes méthanisent (production d’électricité et de gaz avec les déjections animales notamment) à tout va et corrélativement avec leurs travailleurs esclaves (détachés) plombent la charcuterie française et les bonnets rouges bretons.
3 Dominique Finon CNRS