Le 31 octobre 2019 au plus tard, le Royaume-Uni ne devrait plus faire partie de l’Union Européenne. C’est ce qu’ont décidé à une solide majorité et par référendum les électeurs britanniques qui ont voté à pour le LEAVE à 52%. Ce qui n’empêche pas l’Union Européenne et une partie des députés à la chambre des communes de tout faire pour empêcher ou retarder le Brexit. Il est vrai que le respect des élections est contraire aux valeurs totalitaires de l’Union Européenne et de ses gouvernements pro UE. Ils se sont assis sur la totalité des référendums qui allaient à l’encontre de l’UE. Les français se souviennent notamment ce qu’ils ont fait du non de 2005, bafoué puisque le traité refusé dans les urnes a été adopté quand même.
Alors que le gouvernement de droite de Boris Johnson présentait samedi 19 octobre 2019 le texte d’un accord UE/Royaume-Uni, la chambre de communes a voté un amendement obligeant à l’examen de l’ensemble des articles du texte, ce qui ne peut intervenir d’ici le 31 octobre. La possibilité d’une demande d’un nouveau report était évoqué, et ce alors que normalement nos voisins d’outre-manche auraient dû être libérés de l’UE le 29 mars 2010.
Les hésitations de la classe capitaliste qui ne veut pas sortir du libre échange
Le vote du Brexit le 24 juin 2016 avait engendré la démission du premier ministre conservateur David Cameron, remplacé par Theresa May, sa ministre de l’intérieur. Celle-ci, quoique n’ayant pas pris parti pour le BREXIT ,est censée négocier la sortie de l’UE en application du traité de fonctionnement de l’Union Européenne. Sous la pression de l’UE, un accord est proposé en novembre 2018. Il est rejeté à trois reprises par la chambre des commune, dont le 29 mars 2019, jour où aurait dû se produire au plus tard le Brexit. Un report au 12 avril est négocié, puis devant le blocage par les parlementaires britanniques, au 30 juin. Le 24 juillet, Boris Johnson, leader de la campagne du Brexit pour le parti conservateur, remplace May. Il demeure cependant confronté aux mêmes contradictions. En effet, le vote achoppe notamment sur les mesures de libre échange, le but de l’accord étant d’empêcher la relation Royaume-Uni / UE de revenir aux règles de l’OMC. Mais les accords de libre échange impliquent des limitations à la souveraineté et notamment au contrôle des frontières. En particulier, l’Union Européenne instrumentalise l’explosive question de l’Irlande du Nord pour déstabiliser Londres…
Le fait est qu’il apparait que le respect du vote du peuple britannique, la défense de l’intérêt des travailleurs et de la souveraineté du pays ne sont pas la priorité de la droite au pouvoir en Grande Bretagne. Sa priorité, c’est de défendre le Capital et ses accords de libre échange, avec un tropisme prononcé pour le vieux continent pour les partisans du remain, un tropisme plus atlantique et priorisant les échanges avec l’ex empire britannique pour les partisans du leave. Le résultat c’est que le Brexit patine.
La preuve s’il en fallait une que pour une vraie sortie de l’Union Européenne, mieux vaut s’appuyer sur ceux qui ont naturellement intérêt à en sortir pour s’en sortir, les travailleurs. Et non de demander au patron d’ouvrir la porte de la prison du peuple qu’ils ont eux même construite.
La preuve également que les travailleurs ont tout intérêt pour envisager une sortie sécurisée de l’Union Européenne à être aux commandes pour la réaliser : l’autre leçon du Brexit, c’est la crainte dans un pays sous la coupe ultra libérale depuis des décennies que le Brexit soit l’occasion pour le patronat britannique d’accélérer les attaques contre ce qui reste du droit du travail et des protections sociales. D’où l’exigence par une partie des parlementaires britanniques d’avoir des garanties à ce sujet.
le flou dangereux de l’article 50
Les lecteurs d’IC le savent puisque le PRCF en a fait la démonstration de longue date, l’article 50 peut être un piège dangereux pour qui voudrait en faire l’alpha et l’omega conditionnant toute sortie de l’Union Européenne. Ces trois années depuis le vote du Brexit le prouvent, l’article 50 joue à plein pour empêcher un pays de sortir de l’Union Européenne dans de bonne conditions.
En effet, l’article 50 impose jusqu’à deux ans de négociation. Deux années durant lesquelles le peuple qui veut se libérer est sous la pression de l’Union Européenne, demeurant tenu de contribuer à son budget, contraint d’appliquer le droit communautaire et ses directives. Bref a les mains liées. Observons d’ailleurs que ce serait encore pire pour un pays qui serait également prisonnier de l’Euro. Ce qui n’est pas le cas de la Grande Bretagne qui a pu se protéger des attaques spéculatives en contrôlant sa monnaie, la livre sterling.
Comme la majorité des économistes en faveur de la sortie de l’Union Européenne, l’analyse du PRCF, confirmée en tout point par l’expérience du Brexit, c’est que la sortie de l’Union Européenne et de l’euro, le FREXIT doit être inconditionnel et rapide, sans s’empêtrer dans des années de négociation potentiellement imposées par l’article 50. Ne pas saisir l’article 50 au demeurant ce n’est pas violer la légalité internationale, puisque les articles 61 et 62 de la convention de Vienne codifient également la possibilité de se retirer unilatéralement d’un traité.
Observons au demeurant que, matériellement, si la France annonçait sortir de l’Union Européenne et de l’Euro, au moment même où l’annonce en serait faite, l’Union Européenne et l’Euro perdraient probablement leur existence du fait du poids politique et économique de la France dans cette superstructure de domination construite par et pour le Capital.
JBC pour www.initiative-communiste.fr