« on ne peut servir à la fois le peuple grec et accepter dans son principe la funeste « construction européenne ». C’est ce que rappelle le KKE à Pierre Laurent, le président de la Gauche Européenne (PGE) qui est aussi secrétaire national du PCF. A méditer par tous les partisans du Front de gauche en général et du PCF qui veulent réellement mettre en place une politique progressiste en France».
« Les larmes de crocodile sur la Grèce, cela suffit ! »
Lettre de la section des Relations internationales du KKE publiée dans le Morning Star, quotidien du PC Britannique
Traduction AC pour http://solidarite-internationale-pcf.over-blog.net/
Chers camarades,
il est vrai que le déroulement de la crise capitaliste en Grèce qui s’est accompagné d’une offensive sans précédent contre les droits de la classe ouvrière et des couches populaires, ainsi que d’une intensification en conséquence de la lutte de classe, a retenu l’attention des travailleurs d’autres pays. Dans ce contexte, même des forces politiques bourgeoises, qui portent une énorme responsabilité dans cette offensive anti-populaire, affirment qu’ils « sympathisent » avec la cause du peuple Grec tout en prenant bien soin de dissimuler les véritables causes des problèmes que connaît le peuple grec: la crise capitaliste, le piège qui se renferme sur notre pays, celui des unions impérialistes telles que l’OTAN et l’UE, enfin l’exploitation capitaliste.
Les représentants de la « Nouvelle gauche » font des déclarations qui s’inscrivent dans ce contexte, comme la lettre du président du Parti de la gauche européenne (PGE) et secrétaire-général du PCF, Pierre Laurent, au sujet de la Grèce, que vous avez publié dans votre section courrier (Ici l’original en français).
En réalité, le problème que rencontrent la classe ouvrière et les couches populaires en Grèce n’est pas un problème de « démocratie », de l’imposition de mesures de l’extérieur, par « les dirigeants européens et le FMI », comme l’écrit Pierre Laurent. La coalition gouvernementale du parti social-démocrate PASOK et du parti libéral Nouvelle démocratie (ND) ne sont pas non plus des « victimes » de ces « leaders européens et du FMI », telle que la situation est présentée à travers les verres déformants du président du PGE.
La vérité, c’est que ces mesures, qui sont prises sous prétexte de l’ampleur de la dette publique, ont comme but de renforcer la profitabilité du capital en Grèce, au moyen d’une réduction drastique du prix de la force de travail. Nous ne devons pas oublier qu’en ce moment même 600 milliards d’euros (près du double de la dette publique grecque) appartenant aux capitalistes Grecs se trouvent dans les caisses des seules banques Suisses !
Il s’agit ainsi de mesures qui correspondent pleinement aux intérêts des capitalistes en vue de faire payer la crise au peuple, afin que la Grèce puisse connaître une reprise capitaliste et que le capital accumulé dans la période précédente puisse trouver un débouché rentable. Il s’agit de mesures qui ont été décidées d’un commun accord, dans le cadre de l’UE, par le gouvernement Grec et la classe bourgeoise dont les intérêts sont défendus par les deux partis au pouvoir et qui n’ont pas été imposées par les « dirigeants européens et le FMI ». Toutes ces mesures se trouvaient plus ou moins dans les programmes du PASOK et de la Nouvelle démocratie, et avaient par ailleurs été prévues par les traités européens, en commençant par le traité de Maastricht. C’est la raison pour laquelle les classes ouvrières Grecques et Britanniques – et bien sûr toutes les autres – ont une si mauvaise opinion de l’UE et de son rôle anti-populaire. Dans le même temps, les représentants du PGE en Grèce, Synapsismos, après avoir voté le Traité de Maastricht, ont nourri et continue systématiquement de nourrir des illusions sur l’UE, en présentant la participation de la Grèce à l’UE comme la seule voie possible et imaginable, s’opposant en cela au KKE qui lutte pour le retrait du pays de l’UE avec pouvoir populaire.
Le président du PGE parle d’une « mise sous tutelle » de la Grèce par la Troïka. Est-il au courant que la classe bourgeoise grecque accepte consciemment depuis des décennies de participer aux unions impérialistes de l’OTAN et de l’UE, et que sa participation dans le cadre de relations inter-dépendantes, prévoyait la concession de droits souverains à l’UE et à l’OTAN ? Sait-il que, par exemple, la Politique agricole commune (PAC) ne laisse aucune place à un développement dans le secteur de l’économie agricole qui aille dans les intérêts du peuple ? Il faudrait lui rappeler que la Grèce avait, avant de rejoindre la CEE-UE, un excédent commercial agricole, alors qu’aujourd’hui, à cause de la PAC, elle importe même certains produits agricoles qui sont cultivés en Grèce, tandis que des centaines de milliers de petits et moyens agriculteurs ont rejoint l’ « armée » des chômeurs.
L’entrée de la Grèce dans l’UE, que le président du PGE évite de mentionner – il préfère plutôt dénoncer les « dirigeants européens » de façon abstraite – tout comme les dépenses militaires exorbitantes de l’OTAN, la politique d’exonérations fiscales pour le capital au nom de la « compétitivité » de l’économie, qui a été suivie dans le passé par les gouvernements du PASOK et de la ND, constituent l’origine de l’inflation de la dette publique et des déficits pour lesquels le peuple Grec ne porte aucune responsabilité.
Bien sûr, ces « omissions » réalisées par le président du PGE ne nous inquiètent pas, car nous savons très bien que le PGE a prêté un serment d’allégeance à l’UE, et est généreusement financé en tant que « parti européen », c’est-à-dire en tant que parti qui accepte les « principes » de l’exploitation capitaliste qui caractérisent l’UE – cette alliance prédatrice des monopoles. Le PGE a même pris des engagements en ce sens dans ses statuts et ses documents fondateurs !
Les propositions du PGE sur le « développement », un soi-disant « fonds de développement social », ne remettent pas du tout en cause le pouvoir du capital. Au contraire, le PGE et les forces opportunistes à l’échelle internationale jouent un rôle fondamental en semant des illusions, ce qui passe l’enjolivement des organisations impérialistes telles que l’UE et la BCE, c’est-à-dire en disant qu’elles peuvent être transformées dans les intérêts du peuple, au moment même où de plus en plus de travailleurs, et pas seulement en Grèce, comprennent que le capitalisme ne peut pas résoudre les problèmes fondamentaux de la population.
Le PGE, en soutenant l’UE et son système d’exploitation, a choisi son camp. Pour cette raison, il constitue un instrument dans la mutation des Partis communistes et dans la liquidation de leurs caractéristiques communistes. Il ne pose aucun problème aux adversaires de la classe ouvrière et des couches populaires en Grèce, peu importe le nombre d’appels qu’il puisse publier.
Néanmoins, l’expérience accumulée et le déroulement des luttes de la classe ouvrière en Grèce, avec en première ligne les communistes et le mouvement syndical de classe, le PAME, montrent bien que de plus en plus de travailleurs ont tendance à se radicaliser lorsqu’ils n’écoutent pas les « sermons » des opportunistes et des bourgeois pour la « collaboration de classe » et la « cohésion sociale », lorsqu’ils ignorent leurs « larmes de crocodile » sur les fardeaux qu’aurait à porter le peuple grec.
C’est en suivant cette voie que la classe ouvrière peut atteindre le but ultime de sa lutte, l’abolition du pouvoir capitaliste et la construction du socialisme.