Le parti fasciste à la flamme italien, héritier direct et revendiqué du fascisme italien et de Mussolini a donc été placé en tête par le bloc bourgeois de droite, dans une alliance qui illustre combien à nouveau, le fascisme est toujours le choix de la classe capitaliste, la continuation de sa politique.
Certains voudraient présenter Meloni et Fratelli d’Italia, resucés du MSI, la parti ouvertement fasciste à la flamme tricolore dont le FN de le Pen avait recyclé le logo, comme des « nationalistes ». Xénophobes et fascistes ? assurément. Nationaliste, il est plus que permis d’en douter. Comme son homologue de Saint Cloud, la continuité idéologique et politique de l’extrême droite c’est qu’elle est au service non pas de la nation et encore moins d’un pays, mais d’une classe capitaliste dont elle défend violemment les intérêts pour écraser la classe des travailleurs. Cette classe capitaliste ayant fait le choix de se vassaliser sous les ordres de l’impérialisme dominant, et de se soumettre à Washington ? et bien c’est à ces ordres que ces si peu nationalistes répondent. Pas de surprise, ces mêmes fascistes sous d’autres temps s’étaient mis au ordres de Hitler, de Paris à Rome. Et les déclarations de la présidente de la commission européenne, personnellement stygmatisé par Meloni, n’y change rien. Au demeurant Meloni comme Salvini… comme Le Pen ou Orban et l’ensemble des partis d’extrême droite européenne est contre la sortie de l’UE et de l’Euro pour son pays, prêtant donc allégeance de fait à Von Der Leyen qui validera sa politique.
On se souviendra également que Méloni a démarré sa campagne en février dernier sous les ors de la CEPAC, la convention de l’extrême droite américaine pour y prêter serment d’allégeance à l’impérialisme américain.
Dans un article récent, le journaliste italien progressiste Manlio Dinucci revient sur ce parti américain qui a vassalisé l’Italie jusqu’à mettre le pays en réalité sous occupation militaire de Washington, à une échelle complète conduisant à violer les engagements internationaux signés par Rome.
Le « Parti Américain » en Italie
Par Manlio Dinucci – Les partis institutionnels mènent la campagne électorale non seulement en Italie mais aux États-Unis. Le secrétaire du PD (Parti Démocrate) Enrico Letta, dans une interview à un journal étasunien déclare : “Avec la droite l’Italie [est] proche de la Russie, avec nous des USA”. Sur le même journal le président du Copasir (Comité Parlementaire pour la Sécurité de la République) Adolfo Urso, en visite à Washington, assure par contre que “pour les USA Giorgia Meloni (candidate du parti Fratelli d’Italia) est pleinement fiable”. Les partis de tout l’arc parlementaire rivalisent ainsi pour obtenir le consensus de Washington, indispensable à tout gouvernement qui sera issu des élections. Mais au même moment ils agissent d’un commun accord quand il s’agit de mettre en oeuvre les directives de Washington. Par exemple, celle de boycotter le Traité ONU sur la prohibition des armes nucléaires, ratifié par 66 États et signé par 20, mais boycotté par USA et OTAN. À la réunion de juin des adhérents au Traité, l’Italie, pourtant invitée, n’était pas présente, pas même en tant qu’observateur.
Toujours en juin le 6ème Escadron de l’Aéronautique italienne à Ghedi (Province de Brescia) a reçu le premier chasseur USA F-35A d’attaque nucléaire qui sera rapidement armé avec les nouvelles bombes nucléaires USA B61-12, prêtes à être employées par l’Aéronautique italienne sous commandement USA. L’Italie viole ainsi le Traité de non-prolifération ratifié en 1975, qui stipule : “Tout État non doté d’armes nucléaires qui est Partie au Traité s’engage à n’accepter de qui que ce soit, ni directement ni indirectement, le transfert d’armes nucléaires ou autres dispositifs explosifs nucléaires ou du contrôle de telles armes ou de tels dispositifs explosifs”.
Preuve supplémentaire de la sujétion de l’Italie aux USA, le 15 septembre dernier la Commission parlementaire d’enquête sur les causes du “désastre” du navire Moby Prince a conclu -ses travaux en cachant une fois de plus les véritables causes de la tragédie survenue dans la rade de Livourne il y a plus de 31 ans pour couvrir un trafic d’armes effectué dans la base étasunienne limitrophe de Camp Darby. Le rapport conclusif mystificateur, présenté par Andrea Romano du PD, a été approuvé à l’unanimité par les représentants de tous les autres partis. Par contre ce qu’a été la dynamique réelle de ce massacre est présenté dans cet épisode de Grandangolo par une enquête-vidéo d’une actualité brûlante, transmise en 2016 par Pandora TV du regretté Giulietto Chiesa.
Bref résumé de la revue de presse internationale Grandangolo Pangea du vendredi 23 septembre 2022 à 20h30, sur la chaîne italienne Byoblu,
https://www.byoblu.com/2022/09/23/il-partito-americano-in-italia-grandangolo-pangea/
Traduit de l’italien par M-A P
Apostille pour la version française :
“La navette maritime Moby Prince, le soir du 10 avril 1991, entre en collision dans la rade du port de Livourne avec le pétrolier Agip Abruzzo, et prend feu. Le SOS lancé à plusieurs reprises ne reçoit aucune réponse. 140 personnes meurent dans le navire en flammes, après avoir attendu les secours en vain pendant des heures.
Pendant des décennies, malgré trois enquêtes et deux procès, les familles demandent en vain la vérité. Elle émerge pourtant impérieusement des faits. Ce soir là dans la rade de Livourne a lieu un trafic intense de navires militaires et militarisés des États-Unis, qui ramènent à la base USA de Camp Darby (limitrophe au port) une partie des armes utilisées dans la guerre du Golfe. D’autres mystérieux navires s’y trouvent aussi. Le Gallant II (nom de code Theresa), navire militarisé USA qui, immédiatement après l’accident, quitte précipitamment la rade de Livourne. Le 21 Oktoobar II de la société Shifco, dont la flotte, donnée par la Coopération italienne à la Somalie officiellement pour la pêche, est employée pour transporter des armes USA et des déchets toxiques y compris radioactifs en Somalie ; ainsi que pour approvisionner en armes la Croatie en guerre contre la Yougoslavie. Pour avoir trouvé les preuves de ce trafic, la journaliste Ilaria Alpi et son opérateur Miran Hrovatin sont assassinés en 1994 à Mogadiscio dans un guet-apens organisé par la CIA avec l’aide du réseau Gladio et des services secrets italiens.
Selon toute probabilité, le soir du 10 avril est en cours dans la rade de Livourne le transbordement d’armes étasuniennes qui, au lieu de rentrer à Camp Darby, sont secrètement envoyées en Somalie, Croatie et autres zones, sans exclure des dépôts de Gladio en Italie. Quand survient la collision, ceux qui dirigent l’opération -certainement le commandement USA de Camp Darby- essaient immédiatement d’effacer toute preuve. Cela explique une série de “points obscurs” : le signal du Moby Prince, à seulement 2 miles du port, qui arrive fortement perturbé ; le silence de Livorno Radio, le gestionnaire public des télécommunications, qui n’appelle pas le Moby Prince ; le commandant du port, “pris par d’autres communications radio”, qui ne guide pas les secours et se trouve immédiatement après promu amiral pour ses mérites ; le manque (ou mieux la disparition) de traces radar et images satellites en particulier sur la position de l’Agip Abruzzo ; les falsifications sur la navette sous séquestre, où disparaissent des instruments essentiels aux enquêtes. On ignorera qu’au centre de la tragédie du Moby Prince se trouve Camp Darby, cette même base USA où ont enquêté les juges Casson et Mastelloni dans l’investigation sur l’organisation putschiste Gladio. Une des bases USA/Otan qui -écrit Ferdinando Imposimato, Président honoraire de la Cour Suprême de Cassation- fournirent les explosifs pour les massacres de Piazza Fontana, Capaci et Via d’Amelio. Bases dans lesquelles “se réunissaient terroristes noirs, officiers de l’Otan, mafieux, hommes politiques italiens et francs-maçons, à la veille d’attentats” (Ferdinando IMPOSIMATO, La Repubblica delle Stragi impunite -La République des massacres impunis-, Newton Compton, 2012. Disponible en italien sur Internet).
Extrait de Guerre nucléaire. Le jour d’avant. D’Hiroshima à nos jours, qui nous mène à la catastrophe et comment, Manlio Dinucci, traduit de l’italien par Marie-Ange Patrizio, Editions Delga, Paris, 2021. p. 170-171