La direction du PCF, qui coïncide désormais avec celle du Parti de la Gauche Européenne (présidé par Pierre Laurent en personne) affiche son inquiétude ; et pour y parer, elle fait donner tout ce que le parti compte d’ « économistes distingués » dans un article de la revue « Economie et politique ».
Cette fébrilité est-elle motivée par le déclassement de millions d’ouvriers plongés dans le chômage et la précarité par la désindustrialisation euro-programmée de notre pays ? Nullement !
Nos brillants économistes réagissent-ils ensemble à l’euro-austérité qui strangule les salaires, les pensions, la protection sociale et les services publics au nom du « sauvetage de la monnaie unique » ? Vous n’y êtes pas !
Les économistes du PCF-PGE entendent-ils condamner l’humiliante mise sous tutelle de la République française par les euro-diktateurs de Bruxelles et de Berlin, relayés par les nouveaux Kollabos du grand patronat « français » ? Apparemment, ce déni arrogant de la souveraineté des peuples n’empêche pas de dormir les prestigieux rédacteurs d’Economie et politique !
L’article d’Eco-Po entend-il alors riposter à la montée du FN aux législatives partielles, le parti d’extrême droite usurpant et dévoyant à son profit le sentiment national du peuple français abandonné aux euro-casseurs par la « gauche » établie ? Mais il y a belle lurette que la haute direction du PCF-PGE a abandonné les mots « patriotisme » et « souveraineté nationale » aux usurpateurs de l’appellation « Front national » (le mouvement unitaire de résistance créé par le PCF clandestin sous l’occupation).
Ce n’est pas non plus l’effacement électoral et politique croissant du PCF qui alarme nos grands économistes « communistes ». Que leur importe qu’en 92, sous la direction de G. Marchais, le PCF ait pris la tête du rassemblement presque majoritaire (49% des voix !) qui a refusé le Traité de Maastricht, dont le texte portait création de la monnaie unique. Qu’importe que ce refus de l’Europe supranationale soit monté à 55% le 29 mai 2005 et que les sondages indiquent désormais que, si les Français pouvaient revoter sur Maastricht, ils refuseraient ce traité – donc également l’euro – à 67% des votants ! Car depuis le début des années 90, « mutation » anti-léniniste oblige, le PCF est officiellement devenu « euroconstructif » sous l’égide de MM. Wurtz, Herzog et R. Hue. Et le parti n’a cessé depuis lors de s’affaiblir en menant la classe ouvrière de défaites et défaites… pendant que le FN raflait la mise dans les milieux populaires écrasés par la ruineuse « construction » européenne !
En réalité, la haute direction du PC-PGE et ses « économistes » s’effraient de voir la contestation radicale de l’euro et de l’UE gagner chaque jour dans la gauche de la gauche, au PG, et aussi à la base du PCF et chez certains cadres du parti. C’en est au point qu’au PCF, l’ex-maire de Calais – initialement partisan acharné de la « mutation » et de l’inconsistante « Europe sociale » – M. Jacky Hénin, a exprimé plus que du scepticisme sur l’euro lors du dernier Comité national du PCF ; de même l’ex-sénateur PCF Jean-Claude Danglot vient-il officiellement de rallier le M’pep (qui, contrairement au PCF, appelle la France à quitter l’UE) pendant que le secrétaire fédéral du Pas-de-Calais, le camarade Hervé Poly signe dans l’Huma une tribune ouvertement eurosceptique. Ne parlons pas de la « base » du PCF où un nombre croissant de militants et d’électeurs écoutent de plus en plus les arguments du PRCF dont le président, Léon Landini (ancien officier des FTP-MOI), n’a cessé d’expliquer que « les acquis du CNR sont antinomiques de l’euro et de l’UE ». Désormais d’ailleurs, à partir de sa propre expérience et de sa propre réflexion, presque toute l’opposition de gauche au sein du PCF se réunit sur l’idée des « quatre sorties » prônées depuis toujours par le PRCF : sortie de l’euro, de l’UE, de l’OTAN et du capitalisme !
Devant un tel « danger » de remise en cause de l’euro PAR LA GAUCHE, la direction du PCF-PGE ordonne le branle-bas de combat. Elle fait donner dans l’Huma l’ensemble des « économistes distingués » du PCF, les Boccara, Dimicoli, Durand, Mills. Ceux qui, hier, nous expliquaient doctement qu’il ne faut plus parler de socialisation des moyens de production mais de « nouveaux critères de gestion » du capital, non plus de nationalisations, mais de « mixité public-privé » ; ceux-là même qui, sous le gouvernement Jospin-Buffet-Gayssot, affublaient d’un habillage « marxiste » les euro-privatisations Jospin qui ont tant « profité » aux salariés de France-Télécom…
Au fait, qu’est devenu l’ancien chef de ce « think tank » pseudo-marxiste, le brillantissime Philippe Herzog, qui conduisit son parti à un énorme bide électoral à la tête de la liste « bouge l’Europe » ? Après avoir entraîné le PCF dans le bourbier de la prétendue « renégociation de Maastricht », de la « réorientation de la construction européenne », après avoir pantouflé aux côtés du grand patron Gallois dans le cénacle « Confrontations », ce parangon de la collaboration des classes et de l’abandon national a tout bonnement… quitté le PCF ! Herzog est devenu aujourd’hui le conseiller spécial… du commissaire européen Michel Barnier, eurocrate néo-libéral et homme de droite pur et dur s’il en est ! Alors, « L’Europe autrement », ou des euros pleins les poches pour les « économistes » qui cassent les « critères de la révolution » dans la tête des travailleurs ?
En réalité, n’en déplaise aux pseudo-« économistes marxistes » qui pervertissent les concepts de Marx pour justifier l’euro, la monnaie unique est une bombe atomique contre la souveraineté des peuples, leurs acquis sociaux, les salaires, les services publics et le « produire en France ». Pilotée par Berlin et par ses zélateurs « français » du CAC-40, l’UE, n’a jamais été, n’est et ne sera jamais qu’une prison des peuples tournée contre le monde du travail, contre l’indépendance des peuples, contre la coopération internationale et contre le communisme (une chasse aux sorcières géante se poursuit à l’est contre ceux qui, en Tchéquie, en Pologne, en Roumanie, en Hongrie, etc. demeurent fidèles à la faucille et au marteau de Lénine).
En voulant faire croire qu’on peut amender cette « construction » qui humilie notre pays avec la complicité du Parti Maastrichtien Unique (constitué du PS, du « Centre », d’Europe-Ecologie et de l’UMP), en racontant qu’on peut « refonder » l’euro et l’UE sur des bases sociales (et pourquoi pas l’OTAN, le FMI, l’OMC ?!!), la direction du PCF trahit le grand passé patriotique et résistant du PCF. En défendant la revendication creuse de refondation de l’UE, cette même direction enchaîne la gauche de la gauche au PS dont l’« Europe sociale » est le slogan mensonger. Elle coupe la gauche populaire du courant patriotique républicain et antifasciste. Elle freine la solidarité internationaliste en Europe, dont l’objectif ne doit ni ne peut être de « réorienter l’euro » mais de promouvoir de nouveaux traités internationaux progressistes analogues dans leur principe à l’ALBA qui unit Cuba, le Venezuela, la Bolivie, etc.
En réalité, les défenseurs de « gauche » de l’euro ouvrent à leur corps défendant un boulevard à M. Le Pen qui, profitant de l’absence d’un vrai PC défenseur à la fois du produire en France ET de la solidarité de classe Français/immigrés, s’implante dangereusement en milieu populaire.
Alors qu’un nombre croissant de progressistes rallient, sur la base de leur expérience, les analyses radicalement euro-critiques du PRCF – l’appel des économistes du PCF n’est qu’un contrefeu idéologique au service de la social-eurocratie.
Plus que jamais, le PRCF invite les organisations et les militants franchement communistes, y compris ceux qui continuent d’adhérer au PCF – à cogner ensemble et très durement sur l’euro-dictature européenne, dont la crise s’approfondit et dont le rejet populaire monte de Lisbonne à Sofia en passant par Athènes, Lisbonne, Rome et Madrid.
L’euro, l’UE, sont devenus le maillon faible du système capitaliste mondial ; le rôle des vrais révolutionnaires n’est pas de les farder de rose ou de rouge pâle, mais de disloquer ce maillon faible pour rendre aux peuples l’initiative politique en leur permettant de lier étroitement indépendance nationale, coopération internationale et lutte pour le socialisme.
Plus que jamais, le PRCF invite les syndicalistes à s’émanciper de la C.E.S., cette courroie de transmission du patronat européen, en combattant de front le mortifère « sauvetage de l’euro » et le « remboursement de la dette », synonymes de régression à perpétuité.
Le PRCF appelle les progressistes à s’emparer de l’appel commun lancé par le PRCF, le M’pep, « penser la France » et par une série de personnalités progressistes pour revivifier les orientations du Conseil National de la Résistance. Pour cela, il faut sortir la France de l’UE et de son destructif euro.
N’en déplaise aux « économistes » naufrageurs du PC-PGE, ce n’est pas si elle sort de l’euro que la France vivra une catastrophe. C’est si elle y reste qu’elle « y restera » ; c’est au contraire si elle en sort au moyen d’un large Front populaire, patriotique et internationaliste, qu’elle s’en sortira pour le plus grand bien du monde du travail, de l’Europe des luttes et du combat révolutionnaire pour le socialisme !
Les camarades qui ont rédigé cette bonne tribune sont en deçà de la réalité en évoquant à Eco et Po des pseudo-« économistes marxistes ». La mode n’est plus à la « vulgate marxiste », (ainsi qu’écrit Paul Boccara dans un article-conférence délivré à Lille en 2010) elle est au « néo-marxisme », dont le flambeau est tenu par le pontife lui-même, qui se « prend pour le successeur de Marx », selon un de ses anciens collègues d’Eco&Po.
On n’est plus économiste marxiste chez ces gens là, on est « économiste hétérodoxe », on ne se réfère pas au matérialisme historique mais à sa partie directement économique en s’y référant aussi bien à Marx qu’à Keynes ou Stiglitz, économistes bourgeois absolument incontournables par ailleurs.
Ainsi Boccara reste membre de la tribu des économistes purs, ceux qui ne se compromettent pas avec l’histoire, la sociologie, la philosophie et qui finiront sans doute par postuler au Nobel.
La mode « néo » ne s’arrête pas là: l’Humanité du 1er juillet (page 23) nous annonce la naissance du Néocapitalisme, en pensant mieux l’aliénation, dont ont ne savait rien jusqu’à Stéphane Haber, auteur commenté dans l’Huma (philosophe lui).
Dans sa conférence évoquée ci-dessus, Boccara appuie lourdement sur l’intérêt qu’il y a, non pas comme le raconte les tenants de la vulgate marxiste à imprudemment tenter de passer à un ordre économique nouveau (une révolution en d’autres termes), mais à « dépasser le capitalisme » en conservant le bon sans laisser faire les forces mauvaises (c’est le miracle de la « régulation » puisque dans la foulée Boccara a fondé une école de la régulation [à lui seul, ça va sans dire])
« Il s’agit ainsi d’arriver à avancer au-delà des libertés, des décentralisations et des souplesses des marchés développés dans le capitalisme, donc de maîtriser et de commencer à dépasser les marchés et non de régresser par rapport à eux, en s’y opposant de façon étatiste, autoritaire et voire totalitaire, comme jadis en Union Soviétique ».
Eh bien l’auteur enthousiaste de la note de lecture de Stéphane Haber, termine tout pareil que Boccara:
» L’ouvrage [d’Haber] se termine par l’évocation d’un dépassement du capitalisme, c’est à dire du contrôle de la dynamique expansive du capital au profit d’une « interprétation différente de l’idée selon laquelle la vie tend à l’enrichissement ».
Le développement personnel et la version idéaliste des théories décroissantes, celle des « colibris » et de leur frugalité volontaire, vas sauver notre pensée révolutionnaire mal partie dans la négation de la bonté intrinsèque de l’humain.