Au lendemain des élections générales en Irlande, c’est le Sinn Féin qui apparait comme le grand gagnant dans les urnes.
» Le Sinn Féin a gagné l’élection. Nous avons gagné le vote populaire » a souligné Mary Lou McDonald, après que la formation de gauche a remporté plus de 24% des suffrages doublant ses résultats de 2016.
Les deux partis de centre droit qui se partagent le pouvoir, le Fine Gael et le Fianna Fàil perdent eux respectivement 4.6 points et 2.1 points et sont désormais minoritaires dans le pays. En conséquence, il n’y aura pas de majorité au sien du Dàil Eireann, le parlement irlandais.
Le très bon résultat du Sinn Féin est le résultat d’une campagne ayant pour slogan « du pain avec du beurre », alors que les travailleurs du pays du trèfle n’ont absolument pas profité de la croissance économique, une croissance économique qui marque au demeurant le pas depuis la crise financière. Avec des propositions claires pour le logement (baisse et gel des loyers, construction de 100 000 logements par lÉtat), pour la Santé ( réouverture de lits d’hôpital public et recrutement de personnel de santé), pour la retraite (garantir le droit à le retraite à 65 ans alors que sous l’impulsion de l’UE il a été reculé à … 68 ans) et la protection sociale (augmentation du congé maternité à 52 semaine, réforme fiscale avec la taxation des plus riches.
De fait, l’Irlande a été très violemment frappée par la crise financière et surtout par les très dures politiques d’euro austérité.
Une campagne qui s’est par ailleurs conjuguée avec les mots d’ordres de la souveraineté nationale, le Sinn Fein ne reniant rien d’un chemin pour la réunification de l’Irlande. Avec cependant un positionnement ambivalent vis à vis de l’Union Européenne. Et ce bien que les Irlandais se soient prononcés à maintes reprises par référendum contre les traités européens.
Pour autant, les camarades du parti communiste irlandais, qui ont salué le Brexit le 30 janvier dernier, soulignaient à quelques jours du scrutin, le 2 février 2020, que les seules élections générales ne peuvent être un raccourcis pour que les travailleurs fassent valoir leurs droits :
« Les travailleurs, en nombre toujours plus grand, reconnaissent que les solutions ne se trouvent pas dans des institutions qui contrôlent et gouvernent leur vie. Peu importe pour qui vous votez, les mêmes politiques économiques et sociale seront menées par n’importe quelles combinaisons de partis formant un gouvernement.
C’est le même processus qui se développent pour chaque État membre de l’Union Européenne. S’il y a plusieurs partis politiques il n’y a qu’un seul modèle économique imposé à la classe ouvrière, de Dublin à Athènes – d’infimes variations sur un seul et unique thème : la primauté du marché, des forces du marché, et la sécurisation des intérêts des grandes entreprises, les intérêts du Capital, c’est-à-dire de l’argent et de ceux qui le détiennent et le contrôlent. Toutes les autres questions sont secondaires à cette sécurisation de leurs intérêts.
Fine Gael, Fianna Fail, le parti vert et le parti travailliste, partagent cette même ligne. (…)
Si la classe ouvrière veut un vrai changement, digne de ce nom, l’électoralisme est une impasse. Dans les circonstances actuelles de la lutte pour un changement radical, la classe ouvrière doit réaliser que ses mobilisations ne feront que rassembler de la poussière dans les corridors du Dail Eireann si elle ne conduit pas ses propres luttes politiques au sein de chaque quartier, dans chaque lieu de travail. Nous avons besoin de construire et développer notre propre force et organisation échappant à ces mécanismes de contrôle. (…)
Le futur nous appartient, mais seulement si on s’organise pour le faire naître. Il ne nous sera pas apporté sur un plateau. »
JBC pour www.initiative-communiste.fr