Un grand nombre de familles est en précarité énergétique, avec des artisans et PME menacés, des collectivités étranglées et un outil productif industriel fragilisé. Notre économie est en berne à cause d’une inflation galopante par des prix de l’énergie qui ne cesse de grimper.
Les agents des Industries Electriques et Gazières (IEG) se sont majoritairement battus pour reconquérir le Service Public depuis 2004 contre la funeste ouverture du capital de l’entreprise transformée alors en société anonyme. Le fruit des diktats de l’Union Européenne imposée à travers les directives européennes de libéralisation dites du « paquet énergie ». Ces directives ont abouti au morcellement du service public en séparant EDF et GDF puis en privatisant GDF et ensuite EDF. Avec à la clé, augmentation de tarifs massives pour les usagers avec la fin des tarifs réglementés de l’énergie. Mais également le renforcement continu de l’exploitation des électriciens gaziers. Sans oublier le sous investissement dans les outils de productions et le réseau. La France qui bénéficiait après des décennies de service public national d’EDF GDF d’une plein indépendance énergétique, de solide réserves de production et d’un réseau robuste est désormais au bord du black out. Le secteur productif est maintenant frappé par choc des prix de l’énergie composante importante de la crise inflationniste. Rappelons cependant que l’augmentation massive des tarifs n’a pas commencé avec la guerre en Ukraine, mais dès le lancement de la libéralisation. Une augmentation dopé par la spéculation induite par cette libéralisation : pour ne citer que cet exemple, les acteurs privés de l’énergie achète à bas prix l’electricité produite par les centrales nucléaires d’EDF pour les revendre avec des marges considérables sur le marché. Le tout sans investir dans aucune centrale ou autres capacité de production…
La crise énergétique et la perte de souveraineté énergétique actuelle révèle la justesse de leur revendication.
Que ce soit d’un point de vue technique, économique environnemental ou social, la renationalisation totale du secteur de l’énergie en un monopole public de l’énergie et en un Etablissement Public Industriel et Commercial, est une nécessité pour notre pays. Une nécessité permettant qui plus est de doter la nation des outils nécessaire pour une réindustrialisation du pays, pour réduire le chômage et pour faire face démocratiquement à la transition énergétique tout en impulsant une dynamique de progrès social. Cette proposition suppose évidemment de sortir de l’Union Européenne, de briser les chaînes de cette prison des peuples et de cette arme d’exploitation des travailleurs, une proposition qui figure en bonne place du programme du PRCF.
on lira avec intéret la tribune d’une voix patronale mais néanmoins connaisseuses de l’industrie et en particulier du secteur de l’énergie qui dénonce dans une tribune publié par le Figaro le « marché européen de l’électricité ». Observons que ce « marché » est en quelque sorte « commun » avec celui des transports, des communications et postes, des services et désormais de la santé ou de l’éducation, celui de la libéralisation et de la privatisation qui sont la raison d’être de l’Union européenne. De cette arme d’exploitation massive construite par et pour les capitaliste pour mener la guerre de classe contre les travailleurs. En matière d’énergie comme du reste, pour s’en sortir, l’UE, il faut en sortir !
Prix de l’énergie: tout savoir sur les conséquences de la guerre en Ukraine
«Face à l’augmentation des prix de l’électricité, le retrait du marché européen s’impose»
Par Loïk Le Floch-Prigent
Le Figaro le 03/08/2023 à 14:41, mis à jour le 03/08/2023 à 14:55
«Rentrer dans ce “marché de l’électricité” il y a une quinzaine d’années était un choix “technocratique” volontaire contesté par les énergéticiens français.»
FIGAROVOX/TRIBUNE – Le 1er août, les prix de l’électricité ont augmenté de 10%. Pour l’ingénieur et ancien président de Gaz de France Loïk Le Floch-Prigent, notre pays ne retrouvera sa prospérité qu’avec une énergie abondante, bon marché et souveraine.
Loïk Le Floch-Prigent est ingénieur. Il a notamment été le président de Gaz de France et de la SNCF. Dernier ouvrage paru : Pour une France industrielle (éd. Elytel, 2020).
À la lecture des commentaires qui s’indignaient de l’augmentation estivale de l’électricité, on a eu la surprise que gouvernement comme observateurs semblaient ignorer que depuis des mois les entreprises et surtout les industriels et les artisans se battaient avec des factures non pas de relèvement de 10 ou 25% comme les particuliers mais de 300 à 600%… et que ces entreprises sont également françaises! Le «bouclier» dont les ministres se glorifient en disant qu’il a «protégé» les Français n’a été généralisé que pour les particuliers (et quelques autres) soit la moitié de la consommation électrique nationale, mais les autres souffrent, ont souffert, continuent à souffrir et demandent grâce depuis plus d’un an déjà! Le nombre de faillites s’accélère, des artisans ont déjà fermé, d’autres s’y préparent, et des productions déménagent ou s’y préparent pour les mois à venir.
Cela, c’est la réalité de l’augmentation rapide et immodérée du prix de l’électricité. La position de la plupart des acteurs du secteur énergétique c’est que le «marché de l’électricité» créé pour nous Français dans les années 2000 dans un cadre européen nous a mis dès le départ avec la loi Nome en 2010 dans une situation difficile mais que désormais c’est la compétitivité de l’ensemble de l’industrie française qui est en cause car nous payons l’électricité la plus chère d’Europe alors que nous la produisons au coût le plus faible grâce à notre outil de production nucléaire et hydraulique.
Rentrer dans ce «marché de l’électricité» il y a une quinzaine d’années était un choix «technocratique» volontaire contesté par les énergéticiens français, mais aucun traité n’existe qui nous y oblige et surtout nous pouvons nous en retirer lorsque nous le voulons sans contrevenir à nos signatures contraignantes. Ce choix a été préjudiciable à notre pays pendant quinze ans, et nous avons survécu, mais le contexte actuel conduit désormais au désastre. Nous avons protégé pendant un temps court les particuliers, mais ils viennent de connaître deux augmentations: 15% en février et 10% au mois d’août; ils savent que ce n’est pas fini alors que le coût de cette mesure se compte en milliards et qu’ils sont aussi des contribuables, tandis que les industriels et artisans ne voient pas le bout du tunnel avec des contrats qu’on leur propose sur deux ou trois ans qui mangent leurs marges sans qu’ils puissent répercuter les augmentations chez leurs clients.
Se retirer du marché de l’électricité est donc une nécessité et les réticences du gouvernement à le faire sont inexpliquées et inexplicables rationnellement.
Se retirer du marché de l’électricité est donc une nécessité et les réticences du gouvernement à le faire sont inexpliquées et inexplicables rationnellement. D’autres pays, l’Espagne et le Portugal l’ont fait, sans heurts, comme il était prévu, et nous pouvons le faire dans l’instant mettant simplement en difficultés les «fournisseurs» inventés par les technocrates qui ne fournissent rien, ne produisent pas, ne transportent rien, ne distribuent rien, qui ne font que spéculer. Immédiatement, comme le demandent le ministre de l’Économie et le président du réseau de transport (RTE), on pourrait rapprocher le prix à payer du coût effectif et donc retrouver notre compétitivité industrielle et rassurer tous nos compatriotes contribuables et consommateurs d’électricité. Nous sommes de plus en plus nombreux à ne pas comprendre pourquoi cette opération n’est pas réalisée rapidement!
Notre pays ne retrouvera sa prospérité qu’avec une énergie abondante, bon marché et souveraine. Commençons par le «bon marché» puisque nos coûts sont les plus bas. Ensuite puisque certains pensent que nous risquons la pénurie, mettons-nous en ordre de marche pour utiliser tous nos moyens pour satisfaire les demandes futures, c’est loin d’être le cas car nous insistons actuellement sur les énergies dites renouvelables «à la mode» éoliennes et solaires alors qu’elles sont intermittentes et pour les éoliennes aléatoires au détriment de toutes les autres solutions comme, par exemple, la méthanisation agricole, l’hydraulique… qui sont pilotables. Nous devons passer les pics de consommation, et cela doit être notre priorité.
Enfin, dans la mesure où nous souhaitons demeurer souverains, n’exagérons pas la rapidité du changement vers l’électrique, véhicules comme pompes à chaleur, restons le temps qu’il faut en cohabitation avec les automobiles thermiques et le chauffage au gaz! Des décisions évidentes et un peu de cohérence dans les orientations ne nuiraient pas à une bonne préparation de l’avenir. Et surtout gardons notre tissu industriel nous en avons besoin, nous en aurons besoin.